J’ai oublié, hier soir, de noter notre aventure du jour: nous sommes descendus du dernier col vers Roncevaux par le chemin dans la forêt… Ça peut sembler anodin, dit comme ça… mais hey, c’est hyper pentu et, hier, presque intégralement boueux. Limite casse-gueule, quoi.
Ce matin, nouvelle aventure: dans la salle wifi, j’attendais Tina, qui était partie prendre sa douche à l’étage où, en principe, nous n’avions pas le droit d’aller prendre notre douche. Comme je disais, ça lui a pris beaucoup de temps… Tellement de temps, en fait, que les bénévoles sont passés et… m’ont proprement éjecté de la salle wifi et même de l’immeuble en entier!
-Oui, mais j’attends quelqu’un! (Elle m’avait confié la garde de tout son matériel: sac, cellulaire, bottes, bâtons, coupe-vent…).
-Il est ici!
-C’est pas un homme, c’est une femme!
-Elle est sortie!
-Non, elle est dans la douche au premier étage!
-Nous sommes passés trois fois partout, il n’y a plus personne! Allez voir aux deux cafés, dehors, vous allez certainement la retrouver!
-Mais, j’ai ses bottes et son coupe-vent (et aussi tout son linge, hormis le pyjama, mais je n’avais pas noté ce détail, à ce moment-là).
-Eh, tout le monde est sorti, et nous, à 8 heures, on ferme et on fait le ménage pour les suivants!
Je paraphrase largement, mais c’était le sens général. Elle a fini par tellement me convaincre que je suis allé sous le porche, passé l’autre bout de la cour, pour… attendre, mettre mon poncho (il pleuviotait), voir si quelqu’un arrivait… en me demandant combien de temps je devrais attendre, si par hasard elle était vraiment au café, ce qui me semblait invraisemblable, mais la dragonne à la porte était tellement convaincante!…
Finalement, comme j’allais partir, avec mon sac, mon poncho, mes bâtons, plus le sac, les bottes, le coupe-vent, les bâtons de Tina, voilà qu’elle apparaît sous le porche à son tour… Elle venait d’être mise à la porte, elle aussi, aprés avoir vachement surpris une femme de ménage qui ne s’attendait plus à voir personne, et s’être fait chicaner par la dragonne.
Nous étions mutuellement vraiment contents de nous revoir!
Après, ben nous avons pris le déjeuner au village suivant, puis marché dans un temps qui s’améliorait sans cesse, jusqu’à une fin d’après-midi, ma foi, très agréable, voire limite trop chaude, en passant par des coins de pays qui auraient tous mérité d’être photographiés, avec des petits ruisseaux et des petits ponts ou des passages à gué, des animaux de ferme, des vallons, des villages… C’était magnifique!
Le pays basque français est très beau, l’espagnol aussi. Je lis « Navarra » partout et je pense à André…
Rendus à Larrasoaña, petit luxe: nous nous sommes offert une chambre triple dans une pension plus chic… Pas de réveil en fanfare à six heures demain matin!
… Il se pourrait tout de même qu’un des enseignements du Camino soit d’accepter et de prendre ce qui passe…
Je repense à ce conseil d’un autre de mes professeurs, Julius Berger, qui m’avait dit, après ma seconde académie à Salzbourg: « Enjoy life, Nicolas! »
English digest: Tina went missing until expelled from the refuge, ten minutes later. Then, we walked a lot.