Donc, ce matin, parti relativement tôt, ou relativement tard, rattrapé puis dépassé par Ana…
Déjeuné à Rabès de las Calzadas, il me semble, monté une pente qui semble infinie, marché sur un plateau, descendu à pic, ramassé une veste perdue en chemin, proposé la veste à trois personnes rencontrées avant Hornillos, la troisième (Michel) était la bonne, dîné à Hornillos del Camino. Revu, au dîner, les deux Argentins, Nora et Ricardo, qui doivent prendre une journée de repos à Hornillos: Ricardo a une tendinite au tendon d’Achille droit… Revu Michel en sortant, qui me cherchait pour me remercier et m’offrir un verre… Il va à Hontanos, je lui dis qu’il aura une autre chance.
Ricardo m’a raconté son histoire: son père, un Basque, a quitté l’Espagne en 1925 pour ne pas partir à la guerre, en Afrique du Nord. Il n’est retourné qu’une fois en Espagne, dans les années 40 ou 50, mais il a eu des problèmes parce qu’il avait évité le service militaire. Il est mort en Argentine.
RIcardo et Nora ont, en fait, quitté l’Argentine il y a 25 ans; vécu en Bolivie, au Chili, au Vénézuéla… Leur fille vit maintenant à Madrid et leur fils à Barcelone.
Il y a quelques années, RIcardo a fait un bout de Camino, de Leon à Santiago, en vélo, en groupe. Il s’est promis, à l’époque, de le faire à pied à sa retraite. Il est maintenant retraité de Nestlé et sa femme, qui travaille dans une église (je ne suis tellement pas surpris!) est ravie de faire le Camino elle aussi!
Mais… Ils ont commencé par une vaste réunion familiale, dans le pays Basque, avec les 15 cousins et leurs familles!
Puis, je suis reparti. Après Hornillos, il y a une autre montée infinie, un autre plateau… Puis je me suis retrouvé tout seul sur le Camino, tout en haut du plateau; personne en vue, à tour d’horizon.
Daniel, Tina, Jürgen, Bernhard, Stefano, Denise, Kep Soo, Gerhard, Sigrid, Heike, Andreas, Ana, Illuminada, Michel, Nora, Ricardo, où êtes-vous?
Continue…
Continue…
Respire, sens le soleil, la chaleur, le parfum des fleurs, le bruit de tes pas, le son des insectes, des oiseaux, le vent…
Continue…
Silence, les voix dans ma tête… enfin…
Une personne, sur la côte en face, très loin…
Une voix dans ma tête: « C’est pour ça que je suis là! »
Le pas se calme, les odeurs, les sensations sont plus fortes, j’accélère… oups, mon pied gauche n’aime pas…
Plus tard, je rejoins la personne qui me précédait, sui s’est arrêtée à l’unique point d’ombre du plateau: Andrea, une (autre) Allemande, qui se demandait à quel point elle était seule sur ce chemin!
Après une petite pause, nous repartons ensembles, vers Hontanos, qui n’est plus qu’à deux kilomètres. Elle a réservé, pas moi. Il y a un hôtel sur la place qui semble très bien… mais c’est un peu plus cher que mon budget. Le propriétaire me suggère de réserver une place pour la paëlla de 19h, puis d’aller m’inscrire à l’albergue juste un peu plus haut (Juan de Yepes). Je remonte, m’inscris, et…
Bernie est derrière moi qui me salue! Jûrgen est dehors!
Ils ont passé deux jours à Burgos. Sinon, je ne les aurais jamais rattrapés.
En sortant de la douche, je vais me prendre une bière; Michel est en train de s’incrire à l’albergue! Je commande ma bière et dis au patron de la lui facturer! Michel me remercie encore.
Et voilà où j’en suis. Il est 18h05 heure locale, et je crois que ça a été ma journée la plus chargée, en un sens, depuis le début du Camino. Il fait splendidement beau, encore, l’albergue Juan de Yepes est une autre de mes recommandations, en vérité, et…
Et ce billet-ci est assez touffu comme ça.
English digest: being alone on the Camino can be… good, finally; clouds in the sky can be… good, finally and meeting friends is… good!
p.s. J’entends parler avec l’accent québécois…