De Reliegos à León (18e étape, lundi 5 juin 2017)

Après avoir découvert mon oubli, j’ai eu un moment bougon… puis…

Puis comment rester de mauvaise humeur en voyant tout ça?

Mais il y a autre chose… Hier, lorsque Gabrielle me disait que ses motivations étaient moins élevées que les miennes, je lui ai répondu que d’une part il n’y a pas de bonne ou de mauvaise raison de faire le Camino et que d’autre part ce qu’elle faisait était la réalisation d’un rêve de longue date… ce qui est toujours très honorable.

Après tout, je connais plein de gens qui ont décidé, un jour, de suivre leurs rêves, que ce soit pour faire plus de musique (oui, je pense à toi et aussi à toi), pour passer de la musique à la médecine (au moins cinq personnes en tête), d’autre chose de très bien à la médecine (oui, toi, et aussi toi même si tu ne connais peut-être pas ce blogue) ou encore, tout lâché pour finalement être toi-même (ben oui, toi, évidemment… je me demande si tu me lis…). Enfin…

Je me suis quand même dit que j’allais laisser traîner quelques hameçons, parmi les gens qui me suivent, au cas où… Courriel à Andrea, message à Roberto…

Puis j’ai vu un homme penché vers une femme assise… et en m’approchant, ai finalement vu les chiens. Un des deux était sur le flanc et le couple s’affairait à lui mettre un genre de mitaines. J’ai été vraiment ému.

Peut-être 45 minutes ou 1h plus tard, mon pied gauche a protesté; bon, ok, on fait la pause près de la fontaine, là. Le couple aux chiens me suit, les chiens sautent dans l’eau, heureux.

Je me demande ce que veut me dire le Camino, avec ça… Devrais-je finalement devenir un adulte responsable, moi aussi? Et, bon, ok, Dogo est adorable, mais… le chien est-il vraiment essentiel?

Pendant que se jouait ce questionnement existentiel, j’approchais lentement de León. Je reprends ici l’essentiel de ma conversation avec mon pied gauche…

-Quoi? Tu veux vraiment nous laisser tomber ici, sur un tas de cailloux en bordure d’une autoroute? Je refuse, tu m’entends? Je refuse de dormir dans ce siège social de banque, ni dans cet atelier de céramique, ni dans ce magasin de robinetterie, ni chez ce débosseleur, ni chez ce concessionnaire automobile. Regarde, là-bas, c’est la cathédrale, nous allons jusque là, pas plus loin, promis, même si nous y sommes autour de midi [c’était le plan depuis Burgos, eh, enfoiré!]. Allez, on y va, merci!…

Des agents de la Guardia Civil accueillent les voyageurs et me réfèrent à une auberge, pas trop loin.

En chemin, le couple aux chiens me dépasse encore…

Arrivée à l’albergue San Francesco di Assisi. Je monte à ma chambre, pour être accueilli par deux Italiens secs. Un Portoricain me suit de peu, et nous nous faisons tous deux dire de prendre nos douches tout de suite pendant que les deux frères (je les surnomme mentalement les Fratelli Dispiacente!) vont dîner.

Puis, message d’Adriana: ils ont récupéré mon clavier!

Roberto m’avait demandé de réserver une chambre pour eux, il n’y en avait plus à l’albergue mais l’hospitalero me donne une référence sur une rue voisine. J’arrive à un resto qui fait aussi hostel, je réserve pour Roberto et Adriana et décide de dîner sur place, même si le patron semble abrupt. Je tombe sur… les Fratelli Dispiacente! Deux anciens militaires!!! Qui rient de savoir le surnom que je leur ai donnés! L’un est luthier, l’autre poète! Conversation courte (ils ont fini de dîner) mais très plaisante.

Angelo (le poète) me fait même cadeau d’un micro poème:

Il viandante ascolta il respiro della Terra

(Le voyageur écoute la respiration de la Terre)

Camino, tu es vraiment étonnant!

English digest: Camino will surprise you every day.

p.s. Mon cellulaire est saturé, faut que je fasse de la place pour pouvoir prendre d’autres photos…

 

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