Petra (Café à Foncebadon, jeudi 8 juin 2017)

Tantôt, au milieu de nulle part, je salue une dame un peu âgée, assise sur un banc à ma droite, sous les arbres. Elle m’invite à partager la pomme qu’elle découpe. J’accepte. La pomme est excellente, ma meilleure depuis des mois. Je la remercie et me présente.

Petra est Hollandaise, sexagénaire. Je lui demande si c’est son premier Camino. Elle me dit que c’est son premier « vrai »! Quoi? Il y en a eu un faux?

L’an dernier, elle a fait le chemin avec sa sœur aînée, qui avait 66 ans et marchait difficilement. Alors, elles ont sauté les trop longues étapes, pris des bus, pris des taxis… Elles ont marché en totalité les 100 derniers km. Ce fut difficile.

En arrivant chez elle, Petra s’est promis de faire un « vrai » camino dès cette année. Elle me montre une photo de son fils, sa bru et ses petits-enfants. Elle avait promis à son petit-fils d’être là pour son anniversaire, le 10 mai, et de partir le lendemain; elle a tenu parole. Et cette année, en plus, elle prend son temps et voyage sans sac à dos; elle l’envoie d’étape en étape.

… Cette année, Wilma, sa sœur, ne peut plus marcher…

Donc, finalement, Wilma a vraiment fait son vrai Camino, Petra en est contente, et elle est aussi contente de faire son propre vrai Camino maintenant.

Nous nous extasions sur le paysage…

En chemin, je dépasse de nouveau Lily, qui est tellement harnachée que, vue de dos, elle me fait penser à un astronaute…

Je ne l’ai pas dit hier, mais elle a été gravement brûlée par le soleil et par son sac. L’albergue à Leon l’a gardée quatre jours, le temps que ses blessures guérissent assez pour lui permettre de repartir. Ça me semble tellement plus humain que ce que je contais l’autre fois… J’ai aussi oublié, d’ailleurs, lorsque j’ai parlé de Gabrielle, de raconter qu’elle a probablement été victime de la même bibitte que l’autre personne dont je parlais il y a quelques jours, et a été prise de vomissements pendant toute une nuit. À son réveil, l’hospitalero lui a dit toi, tu ne bouges pas d’ici. C’est pour ça qu’elle avait perdu son compagnon de voyage temporaire, un Italien qui l’a tout de même très bien accompagnée lorsqu’elle s’est pratiquement évanouie dans la rue…

Tout ça pour dire que je me suis arrêté pour un café à Foncebadon, le dernier village avant la Cruz de Ferro, l’endroit où je vais laisser tous mes cailloux (j’en ai ramassé d’autres!). Je crois que ça marque vraiment quelque chose dans mon voyage; c’est presque le début de la fin.

Lily m’a rejoint et m’offre du jambon.

Voici le paysage:

Je raconte en quelques mots à Lily comment je l’ai inscrite dans mon blogue. Elle sourit, puis me dit qu’elle veut, dans ce voyage, aider les tens qui ont besoin d’aide. … Et c’est elle qui en a eu besoin. Le Camino est vraiment, euh, y a-t-il un qualificatif que je n’ai pas encore utilisé?

English digest: today my third week is ending…

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