La surprise de Magali (en passant à Pareje, 10 juin 2017)

Salué, puis fait quelques pas avec Magali, une Provençale un peu Italienne et un peu Corse, qui a réagi avec joie à mon « Bonjour! »

Quelques pas seulement, car nous sommes presque rendus au village suivant, où elle prend une pause, mais pas moi.

Elle a tout de même le temps de me conter qu’elle a triché sur son parcours et pris le bus… pour pouvoir arriver trois jours plus tôt à Santiago et faire une surprise à son mari en arrivant plus tôt que prévu à la maison.

Elle a un problème: « Je ne mens jamais, mais là je n’ai pas le choix: il me suit sur une carte, alors je dois faire attention à ce que je lui dis; je suis le plan, sinon il va deviner que je serai à Santiago plus tôt que prévu! »

Je lui demande la permission de conter ceci puis lui souhaite bon chemin et bon succès!

English digest: getting closer to Santiago…

Coup de gueule (déjeuner à Villafranca, suite, 10 juin 2017)

Le patron est charmant, il nous a offert un churros à tous les présents, le café est excellent, mais…

La musique!!!

Quelle indigence!

Pièce après pièce, des basses obstinées de quatre notes (hey! Pachelbel en a utilisé huit il y a presque trois cents ans! Forcez-vous!), des mélodies répétitives sur des registres restreints… Zut!

Voilà Gagnam Style qui passe, et après le reste, j’ai le sentiment d’un sommet de créativité!!!

Gnarf

Le voyage tire à sa fin… (Cacabelos, vendredi 9 juin 2017)

Si cet écriteau, dans le bistro où j’ai soupé, dit la vérité (pourquoi je doute? Parce qu’une maison à Santo Domingo de la Calzada proclamait que nous étions à 550 km de l’arrivée, alors que le premier panneau en sortant du village disait 565 et qu’un autre, plus loin encore, affichait 575km! Zut! Que l’euro fluctue par rapport au dollar, je veux bien, mais le kilomètre par rapport au Camino?!??!?! Eh! Oh!), donc, bref, si cet écriteau dit vrai, j’ai déjà fait plus de 580 km et il m’en reste moins de 200 à faire… Ça achève…

Ce matin, je commençais ma quatrième semaine de marche…

English digest: « All things must pass » (George Harrison)

Cadeau du… (9 juin 2017)

Hier soir, je parlais avec Michaël et lui racontais comment j’essaie d’amener mes élèves à être moins critiques envers eux-mêmes…

Ce matin, Éliane m’a demandé si j’avais reçu ce commentaire qu’elle m’a envoyé après son concert… Je ne sais pas si je puis le qualifier comme un cadeau « du Camino », mais c’est certainement un cadeau émouvant. Merci beaucoup!

Je ne l’avais pas publié parce que je n’avais pas bien saisi son intention, mais puisqu’elle m’y autorise, le voici:

Ma première année de violoncelle m’a appris beaucoup de chose.

D’arrêter de me juger ou de me taper sur la tête lorsque je fais une fausse note.
De continuer de jouer malgré mes erreurs.
D’accepter les compliments au même poids que la critique, ni un ni l’autre n’est dit à la légère.
D’écouter notre instinct et nous faire confiance sur la justesse de nos notes.
De ne jamais arrêter quoi qu’il arrive, la musique continue à jouer.
De se relever les manches et suivre le tempo.
De regarder les prochaines notes à jouer et non les dernières.
De suivre le rythme, malgré que nous n’ayons pas de contrôle sur le choix des notes.
Le violoncelle peut se jouer en solo, mais il est toujours plus agréable en duo.
Parfois, nous n’avons pas le contrôle sur notre partenaire, mais il faut tendre la main, le soutenir et avancer ensemble.
Lorsque la base est apprise, nous rajoutons de la complexité. Soit à apprendre à jouer plus d’une note sur un seul coup d’archet ou à jouer sur plus d’une corde à la fois.
Ensuite, viens le temps d’apprendre à jouer en accord et en harmonie.
Par contre, il ne faut jamais oublier la base, là où les notes sonnent juste et claire.
Malgré tout, nous avons le dernier mot sur une seule chose, le choix des pièces. Si l’une est plus agréable à jouer, rien ne nous empêche de la choisir plutôt qu’une autre.
Viens le temps d’apprendre à jouer en extension, soit à sortir de notre zone de confort momentanément pour aller chercher un son nouveau et peu commun.
Et finalement, lorsque le plaisir arrive, nous rajoutons des couleurs et des nuances à la mélodie pour rajouter notre touche personnelle dans chaque chose pour que lorsqu’on se fait écouter, les gens croient que c’est une toute nouvelle pièce sorti de nos tripes !

Bref, ma première année de violoncelle m’a appris à respirer, rester calme et écouter ma petite voix intérieure. À arrêter de stresser sur les choses qu’on ne contrôle pas, le soleil va se lever demain quoi qu’il arrive.
Lors de mon premier cours, Nicolas m’a demandé si je voulais jouer de la musique ou si je voulais devenir une violoncelliste. Dans le temps, je ne voyais pas la différence. Il essayait de me faire comprendre que je peux jouer et lire la musique sans plus, ou être une musicienne dans mon quotidien. J’ai eu énormément de plaisir dans la dernière année et de la fierté d’avoir été son élève. Merci à mon professeur, Nicolas Cousineau, pour toutes les leçons qu’il m’a apprises. Je suis changé à jamais et je n’ai que hâte à l’année prochaine !
Merci mille fois.

De Riego de Ambros à Cacabelos (22e étape, vendredi 9 juin 2017)

Bon; ce matin, j’ai essayé de filmer le paysage avec les magnifiques chants d’oiseaux depuis le balcon de Pilar, mon hôtesse de la nuit dernière, mais on me dit que le son n’est pas passé… Désolé… J’ai filmé directement dans WordPress, je ne sais même pas comment récupérer le film pour le mettre dans Youtube…

… Toujours est-il que je n’étais pas totalement content de partir si tard… Sauf que Pilar m’a très aimablement offert non pas un mais deux cafés, et raconté plusieurs histoires depuis qu’elle tient pension. J’ai appris beaucoup de choses… Comme l’histoire de ce pèlerin allemand, qui lui dit quelque chose qu’elle ne comprend pas, puis dessinne… et elle se souvient alors que c’était lui qui frappait aux portes, il y a cinq ans, plié en deux au beau milieu de la nuit, et pour qui elle a appelé l’ambulance… Et gardé ses effets dans la chambre, pendant les jours de son hospitalisation. Elle m’a aussi raconté cette patiente qui était tombée et marchait croche, qu’elle a emmenée à l’hôpital où on lui a diagnistiqué une fracture. Ou encore cette voyageuse qui prend une chambre pour une personne mais se trouve mal de voir qu’il y a deux lits dans la chambre… Descend et montre à Pilar un écran sur son cellulaire où il est traduit qu’elle ne veut pas partager sa chambre avec un homme! Et Pilar de lui expliquer que la chambre est à elle seule…

L’histoire la plus émouvante était celle de cette voyageuse, il y a peu de temps, qui passait pour la septième fois, oui, son septième Camino… Elle l’a fait avec son mari, avec ses enfants, de plusieurs manières… Et le faisait seule, cette fois-ci, et pour la dernière fois, en mémoire de son mari décédé…

Ensuite, nous avons cueilli plusieurs cerises et je suis parti. Et grâce à l’influence de Michaël et de Pilar, j’ai descendu la première pente, assez raide merci, sans bâtons, et même en mangeant des cerises! Mes pieds étaient à la fête.

J’ai assez rapidement rejoint François, un Charentais, qui descendait moins vite, nous avons jasé quelques instants…

Puis j’ai rejoint Breida, une charmante Irlandaise qui descendait pas mal moins vite, et nous avons passé un bon bout de la journée ensemble: déjeuner à Molinaseca

(en compagnie d’un bassiste brésilien qui avait joué ici la veille: Anton)…

… café à Ponferrado (magnifique ville!)

et dîner à… zut, j’ai oublié. Tellement de villes et villages en si peu de temps! Et j’ai oublié mon guide à l’hostal…

Nous nous sommes laissés à la ville avant celle où je suis maintenant, qui s’appelle Cacabelos. En arrivant à l’albergue, surprise: Michaël est là, qui m’attendait presque.

Quelques paysages:

English digest: Lovely day walking, for most of the time, with a charming Irish lady, Breida. Enjoy your Camino!