Je n’avais pas la même urgence d’écrire pendant ce voyage-ci, avec ma mère, que pendant ma marche de l’été dernier. Les enjeux ne sont pas les mêmes, loin de là: cette fois-ci, j’étais nettement en vacances, et c’était plus « normal » comme voyage, avec plusieurs jours passés aux même endroits, soit un appartement à Malaga et un autre à Amsterdam.
Sauf que là…
Après la visite du mémorial de la déportation à Amsterdam, qui est dans un ancien théâtre qui servait de lieu de rassemblement des futurs déportés, déjà, j’ai eu envie d’écrire…
Mais là…
Avec ma mère, nous avons fait le tour en bateau-mouche des expositions de lumières d’Amsterdam… Oui, ça ressemble à quelque chose qui existe aussi à Montréal… Mais il y avait une thématique existentialiste à l’exposition, avec quelques œuvres très fortes. Par exemple, ce fil rouge lumineux, d’Aï Wei Wei, qui fait le tour du quartier central d’Amsterdam, marquant une limite qu’on peut voir, ou pas, ou respecter, ou dépasser, et se poser la question: qui décide des limites et à quoi servent-elles? Il y avait cet immense panneau couvert de néons positionnés pour faire penser à des cristaux liquides, qui formaient différents motifs dans lesquels on pouvait, on tentait toujours de lire quelque chose, alors qu’il n’y avait rien à lire… Et pourquoi essaie-t-on de trouver du sens à tout? Il y avait ces deux lignes bleues, projetées juste au-dessus du niveau de l’eau d’un canal, mais liées à un microphone sous l’eau; lorsque le capitaine du navire faisait « jouer » le moteur, les lignes s’affolaient. Et pourquoi ne réalise-t-on pas notre effet sur le monde qui nous entoure? À toutes les échelles possibles… Il y avait ces maisons lumineuses, esquissées en quelques lignes, avec leurs coins, leurs murs, leurs toits… et en s’approchant on réalisait qu’en fait, elles étaient seulement à deux dimensions! Et pourquoi ne réalisons-nous pas que nous projetons de nous-mêmes et de nos désirs dans nos lectures des situations? Toutes les œuvres posaient des questions; j’avoue ne pas les avoir toutes retenues, mais il y avait une sorte de crescendo, pour arriver à une « mise en lumière » de la fameuse phrase de Gandhi, « Be the change you want to see in this world »…
C’était la deuxième fois que je me la faisais servir en fin de voyage, sur deux voyages successifs.
Touché, les deux fois.