Notes sur Saigon, mercredi 28 février 2018

C’est déjà notre dernière journée complète à Saigon… Ces quelques journées, si remplies furent-elles, sont passées vite!

Ce matin, nous avons commencé par visiter le musée des vestiges de la guerre. J’étais intéressé par les avions, évidemment… mais j’ai fait le tour des expositions…  Bon; il n’y a aucune mention d’atrocité ni d’injustice commise par le côté communiste; lels camps de prisonniers du Nord semblent ne jamais avoir existé (pourtant, je voyage avec une de leurs anciennes pensionnaires…)… Malgré ce défaut, je doute que qui que ce soit puisse sortir intact de ce musée. Non, je n’ai pas pris de photo.

Puis nous avons dîné, visité le bureau de poste (qui, effectivement, vaut le détour!) et un parc rempli de sculptires modernes (style socialiste, je crois…, puis là nous attendons Duy, pour notre dernier souper à Saigon.

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Avant de partir, quelques notes bien subjectives et un peu pêle-mêle sur Saigon…

D’abord, une petite mention à l’effet que je n’oublie pas que notre séjour est facile, certainement beaucoup plus facile que ne le serait celui de quelqu’un qui viendrait comme coopérant international, si telle activité se déroule ici. Il n’y a pratiquement pas de misère dans les quartiers centraux où nous sommes passés (j’ai vu des bidonvilles, de loin, en allant vers le delta du Mekong), aucun mendiant, c’en est même étonnant.

Pourtant, le coût de la vie semble bien inférieur ici qu’à Montréal; des restaurants chic coûtent peut-être le tiers de ce qu’ils nous coûteraient chez nous. Mais c’est difficile d’évaluer ce que coûtent les restos pas chers: hier, nous avont vraisemblablement été floués, là où nous avons soupé, mais comme les prix n’étaient pas affichés, impossible de savoir ce que ça aurait coûté à des gens « ordinaires » (ce n’était pas chic du tout!).

Cela dit, parlant de pauvreté et de richesse… Il y a des tas d’entreprises américaines installées au Vietnam, maintenant, des tas d’hôtels de luxe, un concessionnaire Maserati tout près du jardin botanique-zoologique… Des tours géantes poussent un peu partout, rapidement. Ça donne l’impression que, même si le régime ami des États-Unis a officiellement perdu la guerre en 1975, en réalité, le capitalisme comme système a gagné à plus long terme. Au fond, avoir un régime communiste ou socialiste autoritaire, qui contrôle fermement sa population et enferme les opposants trop actifs tout en permettant une manière de propriété privée et de profits, quitte à user savamment de corruption (Duy nous parlait des compagnies d’autobus qui ont des arrangements avec la police pour éviter les contraventions de vitesse sur l’autoroute!), c’est bien pratique, non?

Ici, c’est socialiste, l’éducation et le système de santé sont gratuits. Par contre, pour un petit supplément, votre enfant ira en cours dans une classe climatisée… ou vous verrez plus rapidement un meilleur médecin (témoignage de Duy).

… Parlant de socialisme… Je dirais que le scooter est à Saigon ce que la bicyclette est à Amsterdam, en pire. Quynh constate d’ailleurs les « progrès » de la pollution, par rapport à son adolescence; pas étonnant: dans le temps, plus de monde allait à vélo. Maintenant, le scooter est endémique (aidé par le prix élevé des voitures privées) et foncièrement individualiste. Les gens conduisent, en moyenne, comme des cochons, brûlent les quelques feux de circulation, roulent à contresens, roulent sur les trottoirs…

Et ça ne sert à rien de s’énerver… Alors, conséquence imprévue, je comprends mieux le zen, maintenant. Pour être franc, mon premier réflexe était de me choquer, comme un bon nord-américain que je suis, devant tous ces excès… Puis je me suis avisé que les gens contre qui je me serais choqué s’en seraient contrefiché royalement… et auraient eu raison de le faire. Alors… ben alors on prend ça cool, on laisse aller, on va doucement, comme les conducteurs de scooter qui suivent le flot…

D’ailleurs, ça me fait modifier une de mes premières impressions, celle où je parlais de l’agressivité de la ville…

Je n’ai vu qu’une personne fâchée en six jours: un papa dont la fille s’était fait mal sur une tôle abandonnée sur un trottoir près d’un chantier. Pour le reste, je découvre, à l’usage, une douceur de vivre étonnante, une « vibe » agréable et plutôt chaleureuse. Je comprends de mieux en mieux l’attraction, la fascination que cette ville peut exercer sur les gens.

Parmi les charmes, il y a l’aspect tropical, bien entendu. Apprendre à quoi ça ressemble dans les cours de géo, c’est bien; le vivre, c’est autre chose. Les jours courts, en hiver, font peut-être 11h30, les jours longs en été, 12h30. Autrement dit, la durée du jour est un peu comme en mars ou en septembre à Montréal, alors que la température serait plus comme en juillet, hors canicule (nous sommes en février, évidemment; il semble qu’en été, ça monte tout de même dans les notes caniculaires). La température baisse vite, lorsque le soleil se couche. Du moins en cette saison. Ça rend les soirées très agréables; j’y reviendrai.

La convivialité de la ville se manifeste aussi par une intense vie de trottoirs. On y trouve de tout: des gens qui cuisinent, des gens qui mangent, des gens qui montent la garde sur on ne sait quoi (mais toujours dans des uniformes non équivoques), des barbiers, des réparateurs de scooters,

des marchands de linge, de souvenirs, de fruits et légumes, de cossins en tous genres, des gens qui font la sieste sur des chaises, dans des cyclos, dans des hamacs tendus entre les arbres et les murs (ou dans des soutes à bagages d’autocars!), des gens qui jouent aux cartes, aux échecs chinois, sur leurs cellulaires, des hôtesses pour restaurants chics ou pour salons de massage, des gens qui regardent passer le temps, des gens qui jasent, des gens qui se taisent… Les plus jolis (je n’ai pas osé les prendre en photo…): cette petite famille, le père qui caresse le chien, la mère, les trois enfants, la grand-mère qui sourit, à la fin du souper pris sur le trottoir devant chez eux, comme si c’était l’extension de leur appartement.

Je n’ai même pas encore parlé de la nourriture! Différente à chaque jour, goûteuse, plaisante, variée par les textures, les saveurs et les ingrédients, avec des fruits et légumes mûrs à souhait (la peste soit des légumes blets montréalais!)…

J’espère revenir ici un jour!…

Delta du Mekong, mardi 27 février 2018

Aujourd’hui, Duy, un ami de Quynh (ils se connaissent depuis que leurs enfants étudiaient en même temps à l’École des Jeunes mais est revenu vivre à Saigon), nous a accompagnés lors d’une excursion dans le delta du Mekong. En fait, nous nous sommes presque rendus là d’où il vient.

Nous sommes allés à My Tho, port fluvial sur le bras le plus nordique du Mekong. Juste ledit bras est déjà très vaste, là où nous étions, large de plusieurs km. Pas très profond, apparemment, juste une dizaine de mètres. Le fleuve, qui prend sa source au Tibet, parcourt les derniers même pas 300 km de son lit au Vietnam, après avoir traversé toute l’ancienne Indochine et plus encore.

Après une rapide collation, nous avons pris un petit bateau pour une excursion sur une île proche, à la végétation luxuriante (désolé pour le cliché, mais c’est tellement vrai! Il. A, en particulier, des tas d’arbres fruitiers, dont une quantité saisissante de cocotiers.). L’île, comme la région en général, était très pauvre lorsque l’activité économique principale était la pêche. Or, depuis l’ouverture des frontières, en 1989, un apiculteur a décidé de miser sur le tourisme pour relancer la région. Je crois que ça a marché. L’île en question est devenue un genre de gros piège à touristes, sympathique  tout de même, avec dégustation de produits locaus (dont le miel, évidemment), échoppes de machins faits sur place, collation de fruits locaux avec petit concert (les chanteuses font la gueule, c’en est remarquable!), excursion sur un petit canal (les rameuses, au contraire, ont la mine réjouie) et visite d’un atelier de transformation de la noix de coco (en bonbons, pour être précis).

Duy nous explique, pendant l’excursion sur le petit canal, que les combattants Viet Cong nageaient dans ce canal, de nuit, pour venir combattre les Américains et leurs alliés du Viet-Nam Sud, pendant la guerre civile.

Avant notre départ, pendant la collation que nous avons prise dans un hôtel le long du fleuve, Quynh nous a raconté que ce rivage avait beaucoup changé depuis trente ans, et que c’est de là qu’elle avait tenté de partir comme boat people, gamine, plus d’une fois, et de là aussi que son père avait finalement réussi à partir… Ellel a des bribes de récit, parfois; je me dis que je devrais tenter de l’interviewer…

Cependant, ce qui m’a le plus frappé de la journée, c’est la vue de quelques tombes, en fait beaucoup de tombes, dispersées ou rapprochées, dans les champs entre Saigon et My Tho. Duy nous a expliqué que le gouvernement avait décidé de supprimer les cimetières de Saigon, afin de récupérer l’espace… Quynh nous a confirmé que sa mère et sa tante avaient eu à s’occuper de l’incinération de leur père, il y a quelques années, lorsque le cimetière où il était enterré avait été supprimé…

Peut-être que j’imagine trop loin, peut-être qu’à chaque jour suffit sa peine, mais j’avoue qu’en pensant à l’expasion que le cimetière du Mont-Royal a pris dans les 30 dernières années, j’ai vu le moment où les champs autour de Saigon seraient devenus un immense cimetière… Et me suis demandé d’où proviendrait la nourriture des gens qui vivront à ce moment-là… en ayant lel sentiment que j’imaginais peut-être la fin de l’humanité…

Enfin…

Le jardin zoologique et botanique de Saigon, lundi 26 février 2018

  1. Ce matin, nous avons pris notre dernier déjeuner à l’hôtel, avant d’aller visiter le Jardin botanique, puis dîné à l’hôtel avant de prendre le taxi pour rejoindre l’appartement que ma mère a réservé.

Ma mère se fait une fête de visiter un jardin botanique. En arrivant devant celui de Saigon, Quynh a eu une réminiscence heureuse de visites avec sa mère et son frère, lorsqu’elle était petite. En entrant, nous avons réalisé, en particulier en voyant le plan, que le jardin zoologique et botanique de Saigon est surtout orienté sur le côté zoologique.

…D’ailleurs, mon entrée a été un peu particulière: à deux pas de la guérite d’admission, j’ai été  attaqué par plusieurs fourmis rouges. J’en ai eu quelques-unes qui ont tenté de coloniser mes sandales et mes poils de jambes! Et voilà Quynh qui se marre en disant qu’elles en ont marre de bouffer de l’asiatique, qu’elles sont bien contentes de pouvoir déguster du blanc! Gnarf Reste que j’ai été paranoïaque pendant plusieurs minutes, par après.

Il y a des bonsaïs à ne plus savoir quoi en faire, des orchidées magnifiques, des plantes ornementales présentées d’une manière qui fait un peu intermédiaire entre le magasin de fleurs et le jardin botanique, et des animaux.

Cette espèce de cigogne a tenté de bouffer la grenouille sur la margelle, en vain, puis est partie se promener dans un massif de fleurs en cherchant sa pitance. Quelques minutes plus tard, nous sommes arrivés devant une vaste cage où il y avait plusieurs cigognes du même genre, et alors celle du début de la visite m’a fait penser au crabe enfui de la veille. J’ai aussi repensé, en voyant les bébés cigognes au nid, à toutes les cigognes vues le printemps dernier, sur la route de Compostelle…

Tout le brin de visite du zoo que nous avons eu le temps de faire (pas grand-chose, en fait, mais nous avons vu des tigres, des ours, des dromadaires, des crocodiles et des rennes japonais, en particulier) a suscité en moi des sentiments contradictoires. Un peu de gratitude de voir de près ces animaux que je ne verrais pas dans la nature, mais aussi beaucoup de peine de les voir s’emmerder solidement dans leurs cages. Je me suis demandé si on pouvait parler de dignité pour les animaux… Ça m’a également fait penser au livre de Grand Corps Malade, où il raconte son passage en centre de rééducation, après son accident, en le comparant à une prison; ma mère m’a passé ce bouqin, je viens de le terminer ce matin, justement!

Je n’ai pas voulu photographier les animaux captifs, sauf ces petits singes, dont la pitance était chapardée par des rats, qu’on devine au fond de l’image!

En sortant, un autre animal en liberté a bien voulu que je m’approche un tout petit peu pour le photographier…

Ajout: Quynh a pris cette photo magnifique et tragique à la fois…

Deuxième journée à Saigon, dimanche 25 février 2018

Ce matin, nous changeons de manière de faire: hier, nous avons dormi un peu tard et déjeuné à la toute fin du service, puis souffert de la chaleur en marchant. Là, mes apprentissages du Camino me sont revenus, et nous nous levons bien plus tôt, pour déjeuner tôt et partir avant le pic de température.

Le petit café où est servi le déjeuner est au 11e et dernier étage de notre hôtel. La vue est intéressante, sur la rivière et sur les chantiers autour (il y a partout en ville des palissades autour de terrains vagues ou de ruines…).

(Qui voit la femme étendant son linge?)

Nous partons, ce matin, sur les traces de l’enfance de Quynh. Première étape, au bout de la rue de notre hôtel: l’hôpital pédiatrique où a travaillé sa mère, après la chute, euh, la libération de Saigon.

Nous continuons vers le nord pour un bon moment. En passant sur les trottoirs qui me semblent français, Quynh me confirme que ce sont bien les trottoirs de son enfance. Donc, mon intuition était la bonne. Plus tard, je verrai un avertissement en français sur un pylône; cette intuition-là aussi était dans le mille.

Nous arrivons à un autre parc, encore vaste et beau, tout près de là où vivait la famille de Quynh pendant son enfance. Une remarque: il y a plusieurs fontaines et jeux d’eaux, mais toujours sur des terrains privés! Je n’en ai pas encore vu dans un parc.

Puis c’est le quartier de l’enfance, avec, pour commencer, l’église voisine de son école, puis l’école primaire et secondaire, puis le marché où sa grand-mère allait faire les courses chaque jour.

  

Ce marché est plus petit que celui d’hier, mais au moins aussi dense. Possiblement plus riche d’enseignements, aussi; d’autant que ma mère et moi sommes, cette fois-ci, les seuls occidentaux.

Il y a des sacs avec des phôtes de phrap…

Mais aussi de la viande non réfrigérée…

(À ce sujet, Quynh nous raconte une histoire d’horreur, disant qu’elle a entendu dire que cette viande est parfois conservée au formol! Elle ajoute que les conditions sanitaires ne sont pas idéales, ce qui est certainement l’euphémisme de la saison, et termine en disant qu’après un moment, « l’intestin s’habitue »!)

Un peu plus loin, hum… Estomac et cœurs sensibles, passez directement au paragraphe suivant, je vous prie… Un peu plus loin, dans de grands bacs, il y a des poissons vivants, dont l’eau est renouvelée constamment, puis, en-dessous ou juste à côté, des crabes, tout aussi vivants (Quynh en a rattrapé un qui s’enfuyait)  et aussi des grenouilles, attachées ensembles par des élastiques. Mais, deux ou trois étals plus loin, quelqu’un prenait les grenouilles et leur coupait la tête, puis les bouts de pattes et leur ouvrait le ventre… Chez nous, tout le processus d’abattage et de découpe des animaux servant à la nourriture humaine est caché, mais ici, il est mis en évidence. Certaines personnes qui se souviennent de Maïté et de son émission auront une petite pensée en souvenir…

Cette scène me fait repenser à une impression que j’avais eue la veille, en voulant traverser une rue parcourue par une horde incessante de scooters et de voitures, mais aussi en voyant les zones de saletés et d’immondices amoncelés: il y a une violence dans cette ville, une dureté, je ne sais pas comment mieux définir… Ça viendra peut-être…

Mais après tout, Saigon est la capitale vaincue… Euh, je veux dire la grande ville libérée, pardon…

Reste que… pour laisser là la grande Histoire et revenir à notre petit récit… Et parlant de violence: près du marché et de l’école et de l’église, la circulation est tellement intense que même la traversée de la ruelle est dangereuse! Pour prendre la direction de l’ancienne maison de la grand-mère de Quynh, je convertis Quynh et ma mère à la traversée à la romaine. Je dois dire toutefois que ça (me) prend une dose de résolution pas mal plus élevée que nulle part ailleurs! Et aussi un sens du « timing » assez particulier: un taxi va couper la voie pour tourner à gauche? Go go go, tout de suite! Et on avance sans changer de pas.

Nous arrivons à l’impasse, puis directement à la maison en question. C’est maintenant un restaurant chic! Le garçon est tout désolé de nous dire que tout est réservé pour une fête privée, mais qu’il espère nous revoir dans les prochains jours.

Je sens Quynh heureuse de ce retour, comme une réconciliation que je m’explique mal. Elle prend beaucoup de photos.

Au bout de l’impasse, une vieille dame fait mine de lui donner une tape sur le bras… J’ai l’impression qu’elle a reconnu Quynh, trente-quelques années plus tard! Ma mère me trouve énervant…

En face de l’ancienne maison, il y a des terrains fermés par des clôtures couvertes de barbelés… J’ai le sentiment que tout ça est en place depuis la guerre…

Retour par la rue Pasteur…

Puis, après un excellent dîner en ville (va falloir que je rédige un billet sur la nourriture!), ma mère fait la sieste, Quynh lit et moi j’écris. Au moins, je viens de rattraper mon retard.

Le voyage vers l’Asie, Saigon, samedi 24 février 2018, suite

Bon. Donc, bref, entre l’atterrissage et la fin de l’enregistrement pour le vol suivant, il nous a fallu tout près de trois heures, à Shanghai Pudong. C’est long.

Nous avons collationné dans un petit restaurant du terminal 1. Non, la nourriture chinoise ne goûte pas totalement la même chose qu’à Montréal: c’était un peu plus âpre et épicé. Bon, oui.

Second vol, de nuit, vers Saigon. Très beau moment où la lune brillait au-dessus d’une mer de nuages… J’ai tenté une photo, mais ce n’est pas sorti. Autre moments de fatigue comateuse, avec sommeil instantané, puis après quand même un autre quatre heures de vol, ben, première révélation agréable, oui, j’aime encore prendre l’avion.

Descente vers Saigon. Il y a des champs couverts de lanternes; c’est très beau. Quynh ne sait pas à quelle fête ça peut se rattacher.

Puis on voit Saigon.

Nous nous posons autour de deux heures du matin, et il y a encore trois ou quatre autres avions en file pour atterrir après nous! L’aéroport est pas mal en pleine ville (dans un quartier périphérique, d’accord, mais quand même).

Bouffée de chaleur à la jonction entre l’avion et la passerelle. Nous sommes sous les tropiques. Il fait 27 degrés.

Les formalités d’immigration sont passablement plus rapides et moins pénibles qu’à Shanghai. L’agent ne me regarde même pas.

Ma mère prenant une première photo de Quynh au Vietnam.

Ça, c’est la zone des taxis de l’aéroport de Saigon, vers trois heures du matin, un samedi de février. Il fait chaud. Il y a des tas de gens qui proposent des taxis à prix d’or aux touristes. Nous finissons par dénicher la file des taxis « officiels ». Même là, personne ne veut nous prendre au tarif « officiel ». Bon.

La sortie de l’aéroport est une expérience renversante. À Saigon, il y a beaucoup de trafic, même à trois heures et quelques, mais très peu de feux de circulation. Sur les grands axes, ça joue du coude!

Arrivée à l’hôtel en pleine nuit. À la sortie du taxi, ben oui, il fait encore chaud. Va falloir s’y faire.

Première journée à Saigon, samedi 24 février 2018

… Bon, ça commence bien, j’ai déjà une journée de retard dans mes notes… Faut dire que, comme je l’écrivais hier, ou ce matin, douze heures de décalage, ça cogne. Disons que j’avais une certaine habitude des six heures et de la nuit supprimée en allant vers la France, mais là… Le voyage a consisté en une nuit existante mais très courte, arrivée très vite, puis une journée raccourcie également, renversée par rapport à notre point de départ, et une arrivée bien tardive, environ 24 heures après notre départ, mais correspondant à 36 heures plus tard sur le calendrier officiel. Quand la fatigue frappe, c’est brutal. Je n’ai juste pas pu écrire hier soir, encore moins en arrivant.

Alors, bon; je reprends.

Première image de Saigon, première ouverture de rideau de la chambre d’hôtel:

Notre première sortie nous a conduits vers le marché Ben Thanh, principal marché de Saigon, puis vers le parc du 23-septembre. Quand Quynh a parlé de ce parc et en disant que c’est une date facile à retenir, ma mère a réagi en disant que oui, puisque c’est la date anniversaire de ma sœur Yukari… J’avoue que j’ai fait une tête! Ensuite, nous devions voir un tailleur qui fait des vêtements sur mesure en 24 heures…

Cette promenade se tient dans le sud du District 1 de Saigon, autrement dit pas mal au cœur de l’ancienne cité coloniale française. On en voit des traces partout, en fait. Beaucoup d’édifices officiels sont de facture française. Il y a aussi des tas d’anciens immeubles à appartements et d’anciennes villas, plus ou moins en bon état, voire franchement délabrés, qui portent encore un cachet qui fait penser aux quartiers des villes françaises d’entre, disons, 1880 et 1939, en gros. Il y a aussi des trottoirs, très abîmés par endroit,  et certains pylônes électiques qui font penser à la même époque… À suivre.

Pas mal d’affiches de propagande, aussi. Et un glissement du vocabulaire, tiens: quand j’étais petit, j’ai entendu parler de la « chute » de Saigon, ici, je vois évoquée sa « libération ». A priori, c’est plus positif, mettons…

Autrement, il y a des tas de petites ruelles fascinantes, des tas de scooters et, comme je disais, très peu de feux de circulation.

Le marché Ben Thanh couvre une superficie légèrement supérieure à celle du marché Jean-Talon. Sauf que… La densité est tellement plus  élevée! (Pardon à ma mère de l’avoir coupée, mais c’est ma seule photo du marché! J’étais tellement impressionné que j’ai plus pensé à vivre et ressentir qu’à photographier!)

… Je n’ai pas encore visité de souk, mais j’imagine que ça doit ressembler à ceci…

Ma mère avait chaud! Merci à Phu-Si, mon compagnon de marche des derniers jours au printemps dernier, pour son truc du foulard mouillé dans le cou!

Le tailleur annoncé avait disparu. Ne restait qu’une jolie ruelle…

(Parc du 23-Septembre)

Petit dîner tardif dans un resto chic près du marché, dîner pendant lequel je cogne des clous, retour, petite pause, puis sortie nocture (faut dire que le soir tombe très vite sous les tropiques!) le long de la rivière.

Un petit mot sur le trafic en ville: les scooters sont surabondants et pas très respectueux des feux de circulation, ni de quelle réglementation routière que ce soit. Je recommence à appliquer la méthode apprise à Rome pour traverser les rues: tu pars, sans regarder, et surtout tu ne t’arrêtes pas et ne changes pas de rythme. Constat: les Romains étaient tout de même plus courtois.

Petit souper dans un petit resto où je suis le seul occidental (ma mère s’est endormie pour de bon en fin pm!), ce qui est assez frappant, étant donné qu’inversement nous avions été frappés par le nombre d’occidentaux dans ce quartier, dont plusieurs Français et quelques Québécois.

Visite éclair à une assez grande librairie, qui annonce qu’elle a des livres de langues étrangères. Il y a de l’anglais partout, une importante section allemande, une section japonaise non négligeable et, euh, disons trois tablettes de trucs en français, dont une seule de littérature (le reste: des livres scolaires)… Puis retour et sommeil rapide!

 

 

 

Esquissé passé, Saigon, samedi 24 février 2018

-C’est toutte des communistes qui travaillent là-d’dans, as-tu vu? Y’a des Mercedes, des Rolls-Royce, des Lexus! Sont rendus tellement riches!

(devant une villa coloniale de Saigon transformée en musée historique de la ville)

post-scriptum (à la lecture du billet, le lendemain):

-Je pourrais aller en prison pour un commentaire comme ça!

Le voyage vers l’Asie, Saigon, samedi 24 février 2018

Il faut des visas. Nous avons commandé les nôtres d’avance, à l’ambassade. Nous ne savions pas qu’il nous en faudrait un autre, ailleurs… J’y reviendrai.

Il faut aussi prendre l’avion sur de longues distances, A priori, ça m’inquiétait un peu, moi qui aime tant l’avion: me lasserais-je après tant d’heures?

Le premier vol, AC17, nous a conduits au-dessus du Groenland puis du Spitzberg avant de redescendre vers la Sibérie. La nuit est tombée remarquablement vite, pendant ce vol polaire. Puis, au petit matin, nous survolons la Sibérie. La première de toute une série de premières, dans mon cas.

Il y a eu le lac Baïkal…

Puis ça c’est en Chine…

(Ajout) Quelque part au-dessus de la Chine, je perçois une agitation et me réveille. Devant moi, une femme d’un certain âge est assise sur le siège normalement réservé aux hôtesses et elle ne semble pas bien du tout, teint gris, son compagnon et une jeune femme s’empressent auprès d’elle. Coup de coude à Quynh, qui dormait dur et qui hésite… « Vas-y… » Elle y va. Elle fait étendre la dame, prend son pouls et sa pression lorsque l’hôtesse a apporté la trousse médicale de l’avion. Choc vagal. La dame se calme, reprend des couleurs. J’admire, apprécie et aime l’autorité toute en délicatesse que manifeste Quynh dans ces situations-là. Elle est vraiment douée.

(Ça me fait repenser à une intervention que m’a raconté la mère d’un de mes élèves, il y a quelques jours, intervention plus dramatique! Fin de l’ajout.)

Puis Shanghai et sa pollution…

L’aéroport de Shanghai est énorme. J’ai lu quelque part que c’est le premier aéroport international pour la Chine continentale. Vu le nombre d’avions qui passent, je ne serais pas surpris. Vu le nombre d’avions stationnés, de passagers dans les couloirs et dans le hall d’immigration, pas surpris non plus. Vu le nombre de guichets d’immigration, toujours pas surpris. Par contre, vu le nombre d’agents d’immigration dans les guichets, c’est nettement moins favorable.

Les ressortissants de quelques pays, dont le Canada, sont dispensés de visas s’ils restent moins de 144h (six jours, quoi) sur le territoire. Ça semble bien, à première vue. Sauf qu’il faut quand même remplir un formulaire de demande d’exemption de visa, en deux parties (ben oui, une pour l’entrée et une pour la sortie, quoi…), avec prise de photos sur place… quand on a finalement reçu un exemplaire du formulaire (il en manquait, évidemment), puis voir une paire d’agents d’immigration… car c’est tellement de boulot, gérer ces exemptions de visas, qu’ils sont deux par guichet, pour chaque personne qui passe. Ça prend un temps fou. Tout ça pour récupérer les bagages, marcher jusqu’à l’autre terminal, se réenregistrer, repasser deux fois les contrôles de sécurité et aussi le contrôle de passeports pour la sortie (avec reprise de photo et comparaison avec la précédente… Quoi, le transfert de bagages? Non, ça ne se fait pas à Shanghai Pudong. Et vous devez ressortir de la zone sous douane pour transférer, même entre deux vols internationaux.

Bref, vous voulez faire un transfert à Shanghai Pudong? Ma suggestion: non.

-///- cela dit, je continuerai demain. 12h de décalage, c’est brutal.

Musique de restaurant vietnamien, Saigon, samedi 24 février 2018

Bon; avant de parler du voyage, des images, des odeurs, de la langue…

Oui, la musique dans le restaurant vietnamien (enfin, le petit café sur le toit de l’hôtel, où est servi le petit déjeuner) est de la musique de restaurant vietnamien… Comme à Montréal. Musique pop vietnamienne, petit « beat » de cloche à vache, synthétiseur… Probablement une seule personne qui fait tout…

Mais!? Minute… Guantanamera??!? Tequila???!??!? Oye come va???? Ben mautadine!

…Pour une fois, je suis presque content que ce soit du drum synthétique… Autrement, le malheureux joueur de cloche à vache se serait tellement royalement fait ch…! Nous avons fini de déjeuner et la même musique continue, avec des titres que nous reconnaissons sans les replacer. Et la cloche à vache joue le même tack-tack-tack depuis le début, impreturbable…

Comme ma mère et moi appelons l’ascenseur pour descendre (du 11e étage), la chanson qui joue est… « Life goes on » .  Oui, je le jure!