Notes sur Saigon, mercredi 28 février 2018

C’est déjà notre dernière journée complète à Saigon… Ces quelques journées, si remplies furent-elles, sont passées vite!

Ce matin, nous avons commencé par visiter le musée des vestiges de la guerre. J’étais intéressé par les avions, évidemment… mais j’ai fait le tour des expositions…  Bon; il n’y a aucune mention d’atrocité ni d’injustice commise par le côté communiste; lels camps de prisonniers du Nord semblent ne jamais avoir existé (pourtant, je voyage avec une de leurs anciennes pensionnaires…)… Malgré ce défaut, je doute que qui que ce soit puisse sortir intact de ce musée. Non, je n’ai pas pris de photo.

Puis nous avons dîné, visité le bureau de poste (qui, effectivement, vaut le détour!) et un parc rempli de sculptires modernes (style socialiste, je crois…, puis là nous attendons Duy, pour notre dernier souper à Saigon.

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Avant de partir, quelques notes bien subjectives et un peu pêle-mêle sur Saigon…

D’abord, une petite mention à l’effet que je n’oublie pas que notre séjour est facile, certainement beaucoup plus facile que ne le serait celui de quelqu’un qui viendrait comme coopérant international, si telle activité se déroule ici. Il n’y a pratiquement pas de misère dans les quartiers centraux où nous sommes passés (j’ai vu des bidonvilles, de loin, en allant vers le delta du Mekong), aucun mendiant, c’en est même étonnant.

Pourtant, le coût de la vie semble bien inférieur ici qu’à Montréal; des restaurants chic coûtent peut-être le tiers de ce qu’ils nous coûteraient chez nous. Mais c’est difficile d’évaluer ce que coûtent les restos pas chers: hier, nous avont vraisemblablement été floués, là où nous avons soupé, mais comme les prix n’étaient pas affichés, impossible de savoir ce que ça aurait coûté à des gens « ordinaires » (ce n’était pas chic du tout!).

Cela dit, parlant de pauvreté et de richesse… Il y a des tas d’entreprises américaines installées au Vietnam, maintenant, des tas d’hôtels de luxe, un concessionnaire Maserati tout près du jardin botanique-zoologique… Des tours géantes poussent un peu partout, rapidement. Ça donne l’impression que, même si le régime ami des États-Unis a officiellement perdu la guerre en 1975, en réalité, le capitalisme comme système a gagné à plus long terme. Au fond, avoir un régime communiste ou socialiste autoritaire, qui contrôle fermement sa population et enferme les opposants trop actifs tout en permettant une manière de propriété privée et de profits, quitte à user savamment de corruption (Duy nous parlait des compagnies d’autobus qui ont des arrangements avec la police pour éviter les contraventions de vitesse sur l’autoroute!), c’est bien pratique, non?

Ici, c’est socialiste, l’éducation et le système de santé sont gratuits. Par contre, pour un petit supplément, votre enfant ira en cours dans une classe climatisée… ou vous verrez plus rapidement un meilleur médecin (témoignage de Duy).

… Parlant de socialisme… Je dirais que le scooter est à Saigon ce que la bicyclette est à Amsterdam, en pire. Quynh constate d’ailleurs les « progrès » de la pollution, par rapport à son adolescence; pas étonnant: dans le temps, plus de monde allait à vélo. Maintenant, le scooter est endémique (aidé par le prix élevé des voitures privées) et foncièrement individualiste. Les gens conduisent, en moyenne, comme des cochons, brûlent les quelques feux de circulation, roulent à contresens, roulent sur les trottoirs…

Et ça ne sert à rien de s’énerver… Alors, conséquence imprévue, je comprends mieux le zen, maintenant. Pour être franc, mon premier réflexe était de me choquer, comme un bon nord-américain que je suis, devant tous ces excès… Puis je me suis avisé que les gens contre qui je me serais choqué s’en seraient contrefiché royalement… et auraient eu raison de le faire. Alors… ben alors on prend ça cool, on laisse aller, on va doucement, comme les conducteurs de scooter qui suivent le flot…

D’ailleurs, ça me fait modifier une de mes premières impressions, celle où je parlais de l’agressivité de la ville…

Je n’ai vu qu’une personne fâchée en six jours: un papa dont la fille s’était fait mal sur une tôle abandonnée sur un trottoir près d’un chantier. Pour le reste, je découvre, à l’usage, une douceur de vivre étonnante, une « vibe » agréable et plutôt chaleureuse. Je comprends de mieux en mieux l’attraction, la fascination que cette ville peut exercer sur les gens.

Parmi les charmes, il y a l’aspect tropical, bien entendu. Apprendre à quoi ça ressemble dans les cours de géo, c’est bien; le vivre, c’est autre chose. Les jours courts, en hiver, font peut-être 11h30, les jours longs en été, 12h30. Autrement dit, la durée du jour est un peu comme en mars ou en septembre à Montréal, alors que la température serait plus comme en juillet, hors canicule (nous sommes en février, évidemment; il semble qu’en été, ça monte tout de même dans les notes caniculaires). La température baisse vite, lorsque le soleil se couche. Du moins en cette saison. Ça rend les soirées très agréables; j’y reviendrai.

La convivialité de la ville se manifeste aussi par une intense vie de trottoirs. On y trouve de tout: des gens qui cuisinent, des gens qui mangent, des gens qui montent la garde sur on ne sait quoi (mais toujours dans des uniformes non équivoques), des barbiers, des réparateurs de scooters,

des marchands de linge, de souvenirs, de fruits et légumes, de cossins en tous genres, des gens qui font la sieste sur des chaises, dans des cyclos, dans des hamacs tendus entre les arbres et les murs (ou dans des soutes à bagages d’autocars!), des gens qui jouent aux cartes, aux échecs chinois, sur leurs cellulaires, des hôtesses pour restaurants chics ou pour salons de massage, des gens qui regardent passer le temps, des gens qui jasent, des gens qui se taisent… Les plus jolis (je n’ai pas osé les prendre en photo…): cette petite famille, le père qui caresse le chien, la mère, les trois enfants, la grand-mère qui sourit, à la fin du souper pris sur le trottoir devant chez eux, comme si c’était l’extension de leur appartement.

Je n’ai même pas encore parlé de la nourriture! Différente à chaque jour, goûteuse, plaisante, variée par les textures, les saveurs et les ingrédients, avec des fruits et légumes mûrs à souhait (la peste soit des légumes blets montréalais!)…

J’espère revenir ici un jour!…

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