Comme j’ai quand même des temps libres, je me suis porté volontaire pour donner des coups de main, à B. évidemment, mais aussi à B. G., un peintre et sculpteur que nous avions visité l’an dernier.
Alors, hier matin (j’écris ceci samedi matin, le 15), j’ai pratiqué en partie pendant qu’A.R. P. et ses amies installaient les toiles d’A.R. chez B., j’ai un peu aidé à l’installation, puis j’ai aidé l’homme qui venait porter des chaises à les sortir de sa remorque, puis les ai montées, puis…
Puis il était trois heures, l’heure d’aller aider B. G. à installer ses toiles à l’église au bout de la rue. Nous arrivons, B. et moi, pour trouver B. G. et M., son épouse, dépités car l’aide promise par la ville n’est pas en place. Il y a de grandes barres de suspension d’œuvres d’art, à peut-être huit ou neuf pieds du sol, mais les filins qui devraient permettre de suspendre les cadres depuis les barres ne sont pas en place.
Dans l’église, il y a un homme plutôt ventripotent en t-shirt vert, entre deux âges, qui commente sans arrêt la situation en me prenant à témoin, sans comprendre que je ne pige pas un traître mot de ce qu’il débite à grande vitesse. Mon allemand archi limité ne me permet que de saisir quelques morceaux ça et là… B. retourne chez elle chercher ses propres filins de suspension (elle a le même système chez elle!), prend aussi les fils de la maison de la culture et revient. Toujours pas de nouvelles de la ville. Tout semblait pourtant réglé…
Bon; l’homme en vert a une échelle, il peut bien aider à suspendre les tableaux… Ça ne semble pas lui tenter trop trop, mais bon… Il commence par expliquer comment faire… B. lui rétorque que B. G. sait ce qu’il faut faire, qu’il est professionnel de la chose depuis plus de cinquante ans… Même en allemand, je comprends tout. Elle repart s’occuper d’autres affaires, en me demandant de rester. Je crois qu’elle anticipe quelque chose…
L’homme en vert installe les fils pour un premier tableau, fils auxquels sont fixés des crochets tenus par des vis qui doivent être bien serrées. Nous suspendons un premier tableau; ça semble aller. Puis c’est la préparation de la suspension du second… Lorsque nous l’avons en main, l’homme en vert, qui tient le côté droit, constate que le crochet n’est pas assez serré (c’est B. G. qui l’avait resserré) et il en fait tout un plat, avec le geste même d’arracher le crochet du fil. B. G. n’en peut plus et prétextant des candélabres assez moches qui séparent les deux tableaux, décide de tout ranger et de repartir. Je vois M » les yeux pleins d’eau. B. G., qui n’est vraiment pus jeune du tout, est accablé.
Je cours chez B., nous revenons à l’église, les deux tableaux et les fils sont déjà retirés. Tout le monde parle en même temps. Il y a certainement quelque chose à faire…
J’enlève la chaîne qui ferme l’escalier d’accès au balcon et monte. C’est un grand balcon en U qui fait presque le tour de la salle. Il y a de grand bancs sur les côtés. B. et M. me suivent, avec des cadres. Les grands bancs ne font pas l’affaire: les cadres glissent. Mais M. et B. G. discutent en regardant vers les côtés du chœur de l’église.
Il y a des bancs là aussi, des deux côtés de l’autel. Sur les bancs, des grands coussins qui ne dérapent pas. B. G. pose un tableau, puis deux, puis… Finalement, toute l’exposition se fait des deux côtés du chœur.
L’homme en vert, qui était parti ranger son échelle, revient et constate l’installation. B. (elle me le dira plus tard) lui dit de serrer la main de B. G., mais il fige… C’est M. qui ira lui serrer la main en premier.
B. G. et M. me remercient avec chaleur. Ils sont contents et soulagés.
Plus tard, après la distribution des laissez-passer et deux visites de maisons qui seront ouvertes le lendemain (une est dans un état incroyable!), B. et moi prenons une bière en attendant ses amis à leur hôtel. Elle est contente que je sois resté avec B. G. et M., et que je sois resté calme. Moi, je suis content qu’elle ait eu l’intuition de me dire de rester même si je me sentais inutile, à un moment donné.
Puis elle me dit que M. avait eu l’idée de mettre les tableaux sur les bancs près du chœur, dès leur arrivée sur place! Elle ajoute que c’est souvent ce qui arrive avec les idées des femmes: elles ne sont pas adoptées tout de suite, ni même toujours prises en compte…
… Soupir… Ça me rappelle des conversations avec Gaël, ma prof de yoga…