Il vide méthodiquement son sac de vidange plein de canettes et de bouteilles dans la machine qui les écrapoutit… Barbe blanche, mais pas du tout le style Père Noël, non; plutôt le vieux coriace, casquette verte pas neuve du tout, peau tannée par le soleil et probablement les intempéries…
La machine ronronne, écrase, recrache parfois… Il débosselle les canettes refusées et réessaie de les faire passer, deux, trois, quatre fois. Certaines sont très exotiques, d’autre non, mais il essaie de faire passer des canettes d’eau Perrier, alors que l’eau minérale ne comporte pas de consigne. Il essaie plusieurs fois avant de jeter la canette.
Quelques instants plus tard, autre canette de Perrier; même manège.
Il regarde mon minuscule sac de canettes et de bouteilles, puis retourne à sa machine. Il a deux autres sacs aux genoux…
Quand le premier sac est terminé… Il va prendre encore un autre sac dans un chariot à provisions, qui est rempli de boîtes et de sacs de canettes vides! Il n’a même pas touché à ceux qui sont à ses pieds! Et il continue. L’écran de la machine affiche déjà plusieurs douzaines de canettes écrasées, mais il continue, imperturbable.
Bon, ça suffit, je vais faire mes courses, qui ne prennent pas beaucoup de temps. Lorsque j’arrive à la caisse express qui fait aussi comptoir de courtoisie, je le vois encore qui continue d’écraser ses canettes. La même dame qui était arrivée après moi attend encore son tour, la pauvre.
Je pose mes bouteilles sur le comptoir et demande à la caissière si elle veut bien prendre mes canettes, étant donné le monsieur qui accapare encore la machine. Elle me répond que oui, pas de problème, et que le monsieur est bien connu à l’épicerie: « Des fois y passe deux, trois heures sur la machine! »
Voilà un endroit où il ne cède pas sa place!