Aujourd’hui, Duy, un ami de Quynh (ils se connaissent depuis que leurs enfants étudiaient en même temps à l’École des Jeunes mais est revenu vivre à Saigon), nous a accompagnés lors d’une excursion dans le delta du Mekong. En fait, nous nous sommes presque rendus là d’où il vient.
Nous sommes allés à My Tho, port fluvial sur le bras le plus nordique du Mekong. Juste ledit bras est déjà très vaste, là où nous étions, large de plusieurs km. Pas très profond, apparemment, juste une dizaine de mètres. Le fleuve, qui prend sa source au Tibet, parcourt les derniers même pas 300 km de son lit au Vietnam, après avoir traversé toute l’ancienne Indochine et plus encore.
Après une rapide collation, nous avons pris un petit bateau pour une excursion sur une île proche, à la végétation luxuriante (désolé pour le cliché, mais c’est tellement vrai! Il. A, en particulier, des tas d’arbres fruitiers, dont une quantité saisissante de cocotiers.). L’île, comme la région en général, était très pauvre lorsque l’activité économique principale était la pêche. Or, depuis l’ouverture des frontières, en 1989, un apiculteur a décidé de miser sur le tourisme pour relancer la région. Je crois que ça a marché. L’île en question est devenue un genre de gros piège à touristes, sympathique tout de même, avec dégustation de produits locaus (dont le miel, évidemment), échoppes de machins faits sur place, collation de fruits locaux avec petit concert (les chanteuses font la gueule, c’en est remarquable!), excursion sur un petit canal (les rameuses, au contraire, ont la mine réjouie) et visite d’un atelier de transformation de la noix de coco (en bonbons, pour être précis).
Duy nous explique, pendant l’excursion sur le petit canal, que les combattants Viet Cong nageaient dans ce canal, de nuit, pour venir combattre les Américains et leurs alliés du Viet-Nam Sud, pendant la guerre civile.
Avant notre départ, pendant la collation que nous avons prise dans un hôtel le long du fleuve, Quynh nous a raconté que ce rivage avait beaucoup changé depuis trente ans, et que c’est de là qu’elle avait tenté de partir comme boat people, gamine, plus d’une fois, et de là aussi que son père avait finalement réussi à partir… Ellel a des bribes de récit, parfois; je me dis que je devrais tenter de l’interviewer…
Cependant, ce qui m’a le plus frappé de la journée, c’est la vue de quelques tombes, en fait beaucoup de tombes, dispersées ou rapprochées, dans les champs entre Saigon et My Tho. Duy nous a expliqué que le gouvernement avait décidé de supprimer les cimetières de Saigon, afin de récupérer l’espace… Quynh nous a confirmé que sa mère et sa tante avaient eu à s’occuper de l’incinération de leur père, il y a quelques années, lorsque le cimetière où il était enterré avait été supprimé…
Peut-être que j’imagine trop loin, peut-être qu’à chaque jour suffit sa peine, mais j’avoue qu’en pensant à l’expasion que le cimetière du Mont-Royal a pris dans les 30 dernières années, j’ai vu le moment où les champs autour de Saigon seraient devenus un immense cimetière… Et me suis demandé d’où proviendrait la nourriture des gens qui vivront à ce moment-là… en ayant lel sentiment que j’imaginais peut-être la fin de l’humanité…
Enfin…