B., qui commence à me connaître, me parle d’un parc rempli de sculptures de grandes tailles, à Wuppertal, une ville voisine. C’est autour d’une villa de l’après-guerre, restaurée mais pas visitable, dans un bois à flanc de colline, Très beau parc, avec une hôtesse parlant très bien français, ce qui est rare dans l’Allemagne contemporaine… Il y a beaucoup d’œuvres de Tony Cragg, qui est l’idéateur du domaine, mais aussi de plusieurs sculpteurs modernes, Allemands ou de l’Europe proche, et deux superbes Henry Moore. Un homme en béquilles a tenté de m’expliquer l’histoire d’une des deux sculptures de Moore, dans un anglais fortement mâtiné d’allemand. J’en ai retenu que la statue s’est promenée pas mal, et dans des conditions pas toujours glorieuses, avant de se retrouver ici, et qu’il est très fier qu’elle soit enfin à sa place, dans ce splendide parc à Wuppertal.
Il y avait une exposition temporaire d’un sculpteur Suisse dont le nom m’échappe, un ancien infirmier, si j’ai bien compris l’explication, qui s’est mis à faire des danseurs et acrobates ambigus, ça faisait penser aux corps de Pompeii… Troublant! Pas de photo possible, vu la lumière et ma technique et mon appareil…
Cela dit, pour me rendre, il m’a fallu prendre l’auto. B. me fait confiance et me prête sa petite Kia manuelle. Bon; y’a des côtes partout, y compris juste en partant, en marche arrière!… Il y a un GPS qui me parle allemand et m’indique les limites de vitesses, qui changent tout le temps, mais alors, vraiment tout le temps! Et il y a des tonnes de radars photos! J’avoue avoir été stressé un petit moment… Jusqu’à ce que je remarque que les conducteurs allemands ne manifestent apparemment jamais d’impatience. C’est très agréable.
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Dans le parc-musée, petit moment cocasse: il y avait un couple de Français dans la fin soixantaine et deux Allemandes du même âge qui visitaient ensemble. À un moment, j’en vois trois qui se placent devant une sculpture pendant que la quatrième se prépare à prendre la photo. Je me propose pour les photographier ensemble. La dame me passe son appareil avec un grand sourire puis va vers le groupe. Échange de signes avec l’homme, qui finit par se retrouver entre deux femmes dans le groupe. Il fait une remarque sur son « harem », je lui dis que c’est dommage que j’aie juste pris la photo et pas filmé, qu’on aie pu entendre son commentaire Badinerie sur le sujet de faire sourire ou de faire chanter… Puis, comme je m’éloigne, j’entends une des Allemandes dire avec un gros accent: « Mon mari aurait dit: ‘Un chien et trois os!’ »