De Santo Domingo la Calzada à Villambista (9e étape, dimanche 28 mai 2017)

Alors, j’ai raconté le réveil, j’ai raconté la conversation avec K S, j’ai raconté les bobos et le yoga de marche… Que me reste-t-il? La conversation avec Denise, pour commencer…

Hier, j’avais échangé quelques mots avec elle, pour demander une traduction vers l’allemand. Très sympa, riante, mi vingtaine, vive… J’avais ensuite rejoint Bernie et Jürgen… Mais ceux-ci ont continué plus loin, je ne sais même pas jusqu’où, alors que Denise s’est arrêtée au même refuge que moi, la nuit dernière.

Nous nous sommes retrouvés à la sortie, ce matin. Je lui ai proposé de faire quelques pas ensemble, elle a refusé en s’excusant. J’ai répondu que pas de problème, même pas besoin de s’excuser, chacun son chemin, c’est très important. Elle est partie quelques minutes avant moi.

Je l’ai rejointe avant Granon, saluée en passant; elle m’a dépassé pendant que je buvais mon café instantané (dans un donativo qui s’appelait la Casa del Sonriso, vraiment genre youth hostel cheap, si j’ose m’exprimer ainsi) au son d’un mouvement lent de Concerto pour violon de Mozart (ça ne s’invente pas!).

Donc, à la sortie du village, je la dépasse de nouveau, pendant qu’elle se prend une banane en admirant les environs. Nouvelles salutations.

Puis je m’arrête pour un vrai déjeuner et un vrai café à Redecilla del Camino. Elle me dépasse de nouveau. Lorsqu’elle m’entend la rattraper, le long de la grand route (il y avait des policiers en embuscade, je marchais relativement vite, j’avais envie de leur demander un test de vitesse!), elle se retourne et engage la conversation.

D’abord, par des excuses… qui ne sont pas nécessaire, je la rassure sur ce point. La réassurance lui fait du bien: je n’ai senti aucune hostilité ni méchanceté ni rejet de sa part, ce matin. Elle m’explique qu’elle est partie de Saint-Jean-Pied-de-Port en pensant qu’elle devait faire cette marche toute seule, dans ses pensées, et que finalement, les premiers jours, elle avait été prise dans des tas de conversations… Elle avait dû apprendre à accepter les jasettes, d’une part, et à accepter de dire non lorsqu’elle avait besoin d’être seule, d’autre part (mon interprétation).

Nous parlons de vitesse, de lenteur, du temps disponible, de nos bobos (ben quoi…), je lui raconte l’issue surprenante de ma conversation avec K S…

Elle me dit qu’elle cherche à savoir qui elle est… sans entrer dans les détails. Ne veut pas parler de sa famille, mais parle des traumatismes passés… Je lui parle un petit peu de Boris Cyrulnik et de ses travaux sur les traumatismes portés (et transmis) par les enfants des traumatisés, même s’ils n’ont pas été traumatisés eux-même. Elle réagit vivement et me remercie chaleureusement. Je reprends ma route.

Je la revois brièvement à Belorado, où elle s’arrête pour la soirée; moi, juste pour dîner… dans un resto qui n’est pas encore totalement ouvert (service à partir d’une heure; à midi, tapas seulement), mais ça fait rien, c’est bon! La décoration du resto me fascine: il y a des horloges partout! Mon père aurait presque adoré ça; « presque », parce qu’elles ne sont pas toutes à l’heure!

Puis, mon pied reposé et le reste de mon être restauré, je suis reparti, en me demandant jusqu’où j’irais… et, avant le village suivant (Tosantos), c’est mon sac vert qui a abandonné le voyage. C’était un cadeau de mon père, ou de mes parents, je ne sais plus, qui m’avait accompagné dans tous mes voyages depuis, ahem, peut-être la fin des années 80…

Le long du Camino, il y a des bornes qui portent des cadavres de chaussures, en manière d’hommage… Enfin, il y avait, en Navarre et en Rioja; depuis la Castille-et-Leon, je n’en vois plus. J’aurais aimé y laisser mon sac…

Mais, au lieu de laisser mon sac, je suis tombé sur… La Casa de los Deseos… Chambre individuelle pas très chère (25 euros), douche et toilette dans la chambre, wifi (un peu lent, mais quand même…), souper à prix raisonnable et déjeuner sur place, machine à laver (youppi, je vais pouvoir remettre mes bas noirs dès demain!)… Je demande s’il y a une albergue « normale » au patron; oui, il y en a une, un peu plus loin… Je lui demande un autre verre d’eau… puis décide de rester. Le nom de l’endroit est vraiment trop joli. Et mon pied me dit que ça suffit comme ça pour aujourd’hui.

Douche magnifique, la meilleure depuis le début de mon voyage! Yoga restaurateur, le meilleur aussi! Demain matin, certainement pratique complète!

Mais, bref: si vous voulez m’écrire à la Maison des Désirs… il vous reste une douzaine d’heures 🙂

English digest: had interesting discussions with KS,  with Denise and with my left foot; had bad and good coffee, walked a lot (more than 30 kms) and am presently at the House of Desires… Can’t invent that!

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