Carnet de voyage, aéroport CDG terminal 3, mardi 25 juin 2019

Il y a des banques de dépôt de bagages. Pour y accéder, il faut être passé par les bornes d’enregistrement libre-service. Est-ce un bénéfice pour les passagers? Non; ça ne permet vraiment pas de sauver du temps. D’ailleurs, il y a plein d’agents disponibles pour aider les passagers perdus entre les écrans et les fonctions. Le vrai but, c’est d’avoir, au total, moins d’agents et de les payer moins cher. Parce qu’en fait, le libre-service, c’est de sous-traiter l’ouvrage aux amateurs que nous sommes.

Je ne sais pas trop pourquoi, mais ça me fait penser que j’ai entendu dire que les ventes d’instruments de musique sont tellement en baisse que plusieurs fabricants ne feront tout simplement plus de modèles intermédiaires, par exemple pour les guitares. Il va encore y avoir des instruments de base et des haut de gammes, mais au milieu, le vide. Par contre, les ventes dans la musique électronique sont en hausse…

Retour au Bourget, samedi 22 juin 2019

Mon premier voyage en solo avait pour objectif le Salon aéronautique de Paris, dit salon du Bourget, qui est organisé toutes les années impaires. C’était en 1987. J’avais été un peu chaperonné par Daniel Friederich, le cousin par alliance de mon père, luthier de guitares. J’avais aussi visité Philippe Müller et d’autres amis de la famille, pendant la dizaine de jours qu’avait duré ce voyage. Je me souviens avoir pris un terrible coup de soleil dans le cou, le premier dimanche du salon, puis avoir passé la semaine en visites en ville, pendant les journées où le salon n’est ouvert qu’aux visiteurs professionnels. Il avait fait très mauvais et froid; Daniel m’avait dépanné en me prêtant un veston de son fils. Reste que j’avais compté quatre averses le matin du mercredi, puis une longue pluie de plusieurs heures pendant l’après-midi. J’étais découragé, en fait; je voulais rentrer tout de suite…

Le lendemain, mon moral était un peu revenu. Puis les jours suivants aussi. Puis le dimanche, j’étais retourné au salon, En revenant, je m’étais arrêté devant les Invalides, dont le dôme avait récemment été restauré. L’esplanade, un magnifique parc à la française, était couverte de voitures! Il y avait des haut-parleurs qui jouaient du Mozart! Oui, les divertissements K. 136, 7 et 8, qui se retrouvaient entrecoupés d’appels pour « Les voitures de la délégation du Qatar! »

Je me suis approché et ai demandé à un gardien de quoi il s’agissait (une réception pour la clôture du Salon aéronautique, en fait!) et si je pouvais m’asseoir sur un banc, là, et écouter la musique? Oui, je vous en prie. Alors, j’écoutais Mozart, le ciel s’est dégagé et la soirée est devenue magnifique! J’ai décidé, à ce moment-là, que je reviendrais à Paris, finalement.

J’y suis revenu plusieurs fois, incluant trois autres passages au Bourget, en 1989, 1991 et 1993. Puis finalement, cette année, j’ai mis les pieds à mon cinquième salon.

Pour se donner une référence montréalaise, comparons le salon du Bourget avec le salon des métiers d’arts, place Bonaventure. Je dirais, à vue de nez, que la superficie d’exposition intérieure au Bourget est à peu près dix ou douze fois celle du hall d’exposition de la place Bonaventure. Oui, c’est immense. Et ça ne compte pas les chalets corporatifs ni l’exposition statique des avions en plein air. On peut aussi visiter le Musée de l’air et de l’espace, qui est dans l’ancienne aérogare du Bourget, qui est l’ancien aéroport international de Paris; Lindbergh est arrivé ici en 1927, lors de sa traversée sans escale depuis New York.

Dans cette immense série d’allées et de stands d’exposition, il y a des tas de repères suspendus au plafond, pour indiquer les allées, et sur plusieurs de ces repères, des invitations à aller visiter le stand du Québec, hall 3, stand 80 C. Ok, allons-y.

… Pas un chat. Le stand est désert, fermé, comme la plupart des autres, en ce jour ouvert au grand public. Il y a une vidéo qui tourne en boucle sur grand écran, pour vanter le parc industriel à l’aéroport de Mirabel, et la vie en banlieue dans la couronne nord… Garf…

Donc… Plein de stands déserts, mais quand même la plupart n’ont pas été démontés. Reste donc beaucoup de matériel, gardé par des cordons, quelques hôtesse désœuvrées ici et là (dont une qui boit du mousseux et déguste un magnifique plateau de petits fours), quelques stands encore actifs, donc Dassault aviation…

Les démonstrations en vol ont commencé. Je sors et marche à travers l’exposition statique, où il y a, évidemment, beaucoup d’avions modernes (même si plusieurs sont déjà repartis) et, surprise, beaucoup de vétérans de 1944, anniversaire du Débarquement oblige.

Au début, démonstrations de voltige avec de petits avions. Je marche entre les stands de bouffe, aux files d’attentes longues comme ça et aux prix exorbitants… Je me demande si je vais céder à la tentation, lorsque je vois une gamine s’approcher d’une poubelle et y envoyer d’un coup un hot-dog géant et sa meute de frites, même pas vraiment entamés!… Bon, je crois que je vais laisser faire…

Passage au point d’informations pour savoir où sont les stands de Boeing et d’Airbus. Airbus a son stand dans son chalet, fermé aux visiteurs, et Boeing n’a même pas de stand cette année! Décevant.

Démonstration d’une opération de l’ALAT (Aviation Légère de l’Armée de Terre), avec un hélicoptère tireur et un autre transporteur de troupes. Le commentateur insiste quelques fois sur le professionnalisme des troupes et celui des pilotes, et leur engagement pour notre sécurité contre les terroristes… mouain.

Je visite le grand hangar où il y a deux Concordes! On peut les visiter, mais il faut ressortir acheter un autre billet. Laissez faire.

Tonnerre à l’extérieur. C’est la démonstration du F-16 qui vient de commencer. Le taux d’hormones vient de monter pas mal. Il y aura quelques autres présentations d’avions de combat modernes, quelques chasseurs de la deuxième guerre, quelques avions de ligne (seulement Airbus, et pas l’ex CSeries) et la Patrouille de France.

Les commentateurs, un homme et une femme, insistent régulièrement sur le professionnalisme des pilotes, hommes et femmes, qui s’exécutent devant nous… Mais subitement, je me dis qu’ils et elles ne peuvent pas ne pas se faire plaisir, en même temps… Un peu comme nous, les musiciens. D’ailleurs, j’entends des applaudissements après certains atterrissages. Moi qui pensais ne plus revenir, je suis captivé de nouveau!

Je pars tôt, dans l’espoir (vain!) d’éviter la cohue à la station RER Le Bourget. Sur le chemin du retour, je peux encore voir évoluer un cargo militaire d’Airbus, un chasseur pakistanais (si je ne me trompe pas), et, délicieuse surprise, un Spitfire et un Corsair de la deuxième guerre.

Je rentre par chez Saison, où Mariette m’offre un magnifique plateau de fromages, et j’attrape, juste avant la fermeture, le cordonnier de la station Ablon, qui remplace mon rivet sans frais. Merci beaucoup!

Privilège et coup de chance, Fête de la Musique, Paris, vendredi 21 juin 2019

J’ai raconté, il y a deux ans, par quel espèce de prodige j’avais trouvé un violoncelle à Paris, en quelques heures, pour jouer avec ma cousine pour la Fête de la Musique. Cette année, comme je savais que j’allais être en Europe avec mon violoncelle, j’ai écrit à Frédéric Deville, le violoncelliste aux fromages qui m’avait si aimablement prêté son instrument de secours.

Mon message lui a donné l’idée d’organiser une réunion de violoncellistes pour la Fête de la Musique. Faut dire, d’une part, que chez Saisons fromagerie, il y a une fête, donc un concert, à chaque changement de saison, et bon, la Fête de la Musique a le bon goût d’avoir lieu au solstice d’été, et d’autre part qu’il semble y avoir une concentration de violoncellistes dans l’entourage de la rue du Grenier-Saint-Lazare, encore plus impressionnante que celle autour du métro Beaubien!…

Frédéric a tout organisé, côté musique, cartables, pupitres, répertoire, ordre, et Mariette et lui ont concocté une superbe soirée gastronomique et musicale. Le public ne s’y est pas trompé: il y avait de plus en plus de monde, sur scène, enfin, je veux dire en train de jouer devant la boutique, et dans le public. Ça a commencé exactement comme mon premier set de samedi dernier, par le Prélude de la première Suite de Bach, suivi par une impro avec violoniste, puis un duo de violoncellistes, puis un trio , puis un quatuor, puis un quintette (Après un rêve, avec altiste invitée), puis un ragtime en sextuor, puis la pause, pour vendre de la bière ou autre chose, puis retour aux affaires, avec de plus en plus de violoncellistes, d’autres rags, du Handel, puis le 2e mouvement de la Bachianas Brasileiras No. 1, avec alto solo pour le premier solo.

Et le tout, sans répétition! Nous nous sommes lancés, comme ça, allez, hop, go! Frédéric présente le nouveau ou la nouvelle, puis on joue. Des fois, on cherche le cartable avec la bonne musique, un rag en a un peu souffert mais c’est le seul incident de la soirée. Pour le reste, l’autre point commun avec Kulturräume a été les tonnes de bonheur pour tout le monde, participants et spectateurs. Faut dire que Frédéric avait mis le paquet sur les plateaux de fromages et de charcuteries et sur ce qu’il nous a servi. Pur régal!

Tout ceci pour dire que d’y être et de participer en jouant a été un autre privilège. Merci Frédéric, mais aussi Régis (le violoniste), Michèle, Paul, Amélie, Béatrice (l’altiste), Solène, Stéphane et Jean-Philippe, sans oublier Mariette!!!

Ruis, l’ami de Frédéric qui m’a filmé, est, si j’ai bien compris, le fournisseur des nouveaux vélos de Vélib’, la version parisienne de Bixi… Il m’en a fait essayer un, du modèle avec assistance électrique. Ouah! Ça décolle!

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Cela dit, les meilleures choses ayant une fin, il a bien fallu que je rentre. C’est ici que ce billet redevient un carnet de voyage. Car il y a des transports en commun pendant toute la nuit, à Paris, à certaines occasions, dont la nuit de la Fête de la Musique, ce qui est très bien. Ça ne veut pas dire, par contre, que les horaires sont normaux.

J’ai souvent l’impression, vu de Montréal, que les transports en commun parisiens sont quelques peu meilleurs que les nôtres… Maillage, plus fin, réseaux plus étendus, offre de métro plus abondante, en particulier… Mais…

Mais Paris se refait une beauté, en vue des Jeux Olympiques qui approchent, en tout cas, c’est le prétexte (ou un des prétextes) pour faire des tas de travaux, en particulier sur les lignes de métro. La fromagerie Saisons est sur la rive Droite, pas loin de Beaubourg, et la maison de ma cousine est pas loin d’Orly, donc rive gauche. Il y a un point de correspondance vraiment pratique entre là où je suis et la ligne RER C, un seul, c’est la station St-Michel-Notre-Dame… et elle est en travaux, donc fermée. Ppas loin de minuit, je vois que si j’arrive à partir là, là, je vais attraper le métro 14 puis le RER C, avec une correspondance à Bibliothèque François MItterand. Faut que je marche vite vers Châtelet… Après, il n’y a plus de service sur la ligne C.

Avec la foule abondante et ma méconnaissance du quartier, ça ne loupe pas, j’arrive trop tard. Bon, au moins, il y a moyen d’avoir wifi à la station, je trouve un autre chemin: même ligne de métro, même correspondance, puis le bus Noctilien, le N133 vers Juvisy-sur-Orge. Bien. Il est pas loin d’une heure du matin, j’ai quelques minutes de répit entre le métro et le bus.

J’arrive à BFM (pour faire court). Ah, voici le plan du quartier. Mon bus devrait être là, pas loin de l’ascenseur qui est la sortie numéro 4. Voici l’ascenseur… Pas de numéro inscrit, mais bon. Je monte, je sors dans la nuit noire. Il y a un arrêt de bus en face… Bus 48, 64 et 132… Hum… Je marche plus loin, demande des nouvelles à une dame qui me reparle du 132… c’est pas le bon.

Je redescends au point d’assistance RATP dans la station. L’homme me parle de la rue Anatole-France, je lui demande de quel côté, il ne le sait pas et il n’a pas de prospectus… Merci beaucoup quand même, bon, il me reste peu de temps…

Je remonte, marche jusqu’à l’autre rue, je ne vois rien! Il est une heure moins six. Je traverse la rue pour aller demander mon chemin au conducteur d’un autre bus, qui me dit: « Mais il est là, le 133! » en m’indiquant un autobus qui passe le feu derrière moi! Merci beaucoup! Je pars à la course, avec mon violoncelle sur le dos et mes sandales aux pieds… Des tas de gens attendent le bus. Tiens, incluant un homme à qui j’avais demandé si le 133 passait ici, plus tôt, qui, de toute évidence, n’avait pas compris ma question…. Et le numéro de la ligne n’est bel et bien pas inscrit sur l’arrêt!

J’entre donc dans le bus archi plein, conducteur sportif… Pas de places debout, sauf devant la porte de sortie, au centre. Ça secoue. Bon, un strapontin se libère, je peux m’asseoir… et continuer ma lutte contre le sommeil, il est 1h44 et nous sillonnons une banlieue dont je ne connais ni ne vois grand-chose.

Un peu passé 2h, nous arrivons à Ablon. Je marche vers la maison, en me souvenant tout-à-coup que j’ai laissé les clefs dans la poche de mon pantalon moins chic, qui est plié derrière la volute de mon violoncelle, dans mon étui. Je rentre, finalement, vers 2h15.

Ça peut sembler un peu rock n’roll comme retour, mais j’ai eu de la chance. Vraiment! Comment ça? Parce que c’est juste le lendemain matin, en voulant me chausser au sortir du lit, que le rivet retenant la lanière de ma sandale droite a lâché!

Carnet de voyage, Paris, jeudi 20 juin 2019

J’avais vu l’autre jour un avis de consultation publique sur le réaménagement décrit comme était nécessaire des abords de la Tour Eiffel, étant donné le nombre de personnes attendues et gna gna gna et gna gna gna, et consultation publique sur le plan d’aménagement et gna gna gna et gna gna gna…

Bon; mon neveu, apprenant que je passais par Paris, m’a dit: « Tu vas aller voir la Tour Eiffel? Tu vas aller voir la fontaine d’An American in Paris? » Je me suis exécuté l’autre jour pour la fontaine (les fontaines, en fait), qui sont malheureusement cachées par tout plein d’échafaudages… Aujourd’hui, je suis passé près de la Tour Eiffel…

Choc: le pourtour du parvis de la tour est maintenant totalement isolé, entouré par des vitres blindées dignes de la Banque de France ou d’Aéroport de Paris, là où on a de la vue, et de grilles massives, quoique plus esthétiques que l’horrible mur du gros orangé, là où des bois ou des buttes cachent la vue directe.

Je n’ai évidemment pas de souvenir direct de ma première visite à Paris, en 1970… Mais je me souviens des autres, depuis 1987… Des nombreuses fois où j’ai pu aborder cette esplanade « librement », quel qu’ait été le point d’où j’arrivais.

Librement, oui… Et donc, je constate un recul des libertés. En douce. Un autre, quoi…

En contournant, de loin, le pied de la tour (ah, zut, c’était vraiment chouette de juste passer en-dessous!), j’arrive à un endroit où de grands panneaux annoncent ce qui est, hum, suggéré? Planifié? Pour l’aménagement, depuis, déjà, la place du Trocadero, sur l’autre rive… Ici, il n’y a pas de mention d’une éventuelle consultation publique…

Mais de toute façon, les vitre blindées, certainement justifiées par la crainte des attaques, en général, sur ce lieu hautement visité, et en particulier sur le site d’épreuves des Jeux Olympiques à venir, sont certainement là pour rester, consultation publique ou pas…

Alors… Qui a gagné? Les terroristes? Les fauteurs de trouble? Les adeptes de la théorie du chaos qui s’arrangent pour contrôler depuis l’ombre? Les fabricants de matériel de sécurité?

Ah, c’est vrai… Il n’y avait pas de mention, dans le plan de réaménagement, de l’installation de caméras de surveillance… Ni de quel logiciel de reconnaissance faciale serait utilisé… Hum, suis-je rendu trop cynique…

Carnet de voyage, Hückeswagen – Paris, juin 2019

D’abord, en Allemagne, il n’y a plus de sacs de plastique à usage unique.

Oui, mais…? Ça change quoi, dans la vie courante?

Ben, ça change qu’il n’y a pas de sacs de plastique à usage unique. Cet objet si omniprésent chez nous n’existe tout simplement pas en Allemagne. À première vue, on survit 🙂

Par contre, il y a beaucoup de fumeurs, en Allemagne comme en France. L’interdiction de fumer à moins de 9 mètres des terrasses et portes n’est pas du tout quelque chose de seulement envisagé ici. Il y a des cendriers sur toutes les tables en terrasse. Et donc, des fumeurs aussi, évidemment…

Pile comme j’écris, mon nouveau voisin de gauche vient de sortir son tabac et ses papiers à cigarettes; mes voisins de droite ont déjà fini leurs clopes, eux… Bon; allumage, nuage en pleine poire… gnarf…Je suis nettement plus tolérant que dans le temps, avec mon père… Mais bon, j’avoue que ça ne me plaît vraiment pas. Je vais payer et décamper.

Esquissé passé: Skulpturenpark Waldfrieden, ou conduire en Allemagne, jeudi 13 juin 2019

B., qui commence à me connaître, me parle d’un parc rempli de sculptures de grandes tailles, à Wuppertal, une ville voisine. C’est autour d’une villa de l’après-guerre, restaurée mais pas visitable, dans un bois à flanc de colline, Très beau parc, avec une hôtesse parlant très bien français, ce qui est rare dans l’Allemagne contemporaine… Il y a beaucoup d’œuvres de Tony Cragg, qui est l’idéateur du domaine, mais aussi de plusieurs sculpteurs modernes, Allemands ou de l’Europe proche, et deux superbes Henry Moore. Un homme en béquilles a tenté de m’expliquer l’histoire d’une des deux sculptures de Moore, dans un anglais fortement mâtiné d’allemand. J’en ai retenu que la statue s’est promenée pas mal, et dans des conditions pas toujours glorieuses, avant de se retrouver ici, et qu’il est très fier qu’elle soit enfin à sa place, dans ce splendide parc à Wuppertal.

Il y avait une exposition temporaire d’un sculpteur Suisse dont le nom m’échappe, un ancien infirmier, si j’ai bien compris l’explication, qui s’est mis à faire des danseurs et acrobates ambigus, ça faisait penser aux corps de Pompeii… Troublant! Pas de photo possible, vu la lumière et ma technique et mon appareil…

Cela dit, pour me rendre, il m’a fallu prendre l’auto. B. me fait confiance et me prête sa petite Kia manuelle. Bon; y’a des côtes partout, y compris juste en partant, en marche arrière!… Il y a un GPS qui me parle allemand et m’indique les limites de vitesses, qui changent tout le temps, mais alors, vraiment tout le temps! Et il y a des tonnes de radars photos! J’avoue avoir été stressé un petit moment… Jusqu’à ce que je remarque que les conducteurs allemands ne manifestent apparemment jamais d’impatience. C’est très agréable.

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Dans le parc-musée, petit moment cocasse: il y avait un couple de Français dans la fin soixantaine et deux Allemandes du même âge qui visitaient ensemble. À un moment, j’en vois trois qui se placent devant une sculpture pendant que la quatrième se prépare à prendre la photo. Je me propose pour les photographier ensemble. La dame me passe son appareil avec un grand sourire puis va vers le groupe. Échange de signes avec l’homme, qui finit par se retrouver entre deux femmes dans le groupe. Il fait une remarque sur son « harem », je lui dis que c’est dommage que j’aie juste pris la photo et pas filmé, qu’on aie pu entendre son commentaire Badinerie sur le sujet de faire sourire ou de faire chanter… Puis, comme je m’éloigne, j’entends une des Allemandes dire avec un gros accent: « Mon mari aurait dit: ‘Un chien et trois os!’ »

Esquissé passé: yoga à Hückeswagen, mardi le 11 juin 2019

J’avais certainement parlé de yoga avec B., car elle a décidé de m’inviter à son cours, ce soir. Style kundalini… Je ne sais pas trop à quoi m’attendre.

Bon; je me retrouve en minorité à plusieurs titres: le seul à ne pas parler allemand, le seul Nord-Américain et le seul homme. Je suis pas mal dans la moyenne d’âge, je crois. La prof, qui est enceinte jusqu’au menton, est la plus jeune. Les autres femmes sont toutes entre deux âges et vont de la blonde mince à celle qui a une voix et des mains d’homme. Ça ne fait rien, c’est encore moi le moins souple… Bon, passons.

Alors, y’a des pauses à tenir longtemps, d’autres à enchaîner vite, d’autres à tenir encore plus longtemps, avec une musique diffusée depuis un iPhone pour nous aider à patienter.

Les instructions sont évidemment en allemand, mais il y a des mentions en anglais, merci beaucoup… Je finis par comprendre les mots pour inspirer, expirer, tenir, et profondément…

Comme je suis encore nettement décalé dans mon horaire, je passe proche de m’endormir assis, chaque fois qu’elle nous fait tenir longtemps une posture assise… La bonne chose, c’est que je n’ai pas beaucoup plus dormi lors du shavasana… J’ai même entendu quelqu’un d’autre ronfler!

Puis, nouveauté totale, elles ont chanté deux mantras à la fin! La plupart chante juste, mais pas ma voisine! Heureusement, ce n’était pas B.

Carnet de route (2), Bruxelles, lundi 10 juin 2019

J’ai failli intituler ce billet « Histoire belge », mais je sens que ça aurait pu m’arriver n’importe où ailleurs…

Bon; ici, il y a un réseau wifi gratuit, bien, je puis me connecter. Voyons voir, accepter les conditions, oui, inscrire mon adresse courriel, oui, recevoir un courriel de confirmation pour activer le tout…

Boîte de courriel:  Aucune connexion, évidemment…

Faut le wifi pour recevoir le courriel, et faut le courriel pour utiliser le wifi. Un serpent qui se mord la queue…

Carnet de route: Bruxelles, lundi 10 juin 2019

À Bruxelles, il y avait deux communautés visibles, aujourd’hui. D’abord, des Écossais, en grand nombre, et presque tous en kilt. Il y en avait même un qui a joué de la cornemuse sur la Grand Place! Ils sont de passage pour le match Écosse-Belgique de demain. Apparemment, ce sont de bons touristes, sympas et pas chiants.

Il y a aussi une population maghrébine très abondante. En fait, le quartier près de la gare du Midi me faisait carrément penser à Casablanca! Mêmes clients aux mêmes cafés, même noms de boutiques, même menus, langue parlée: essentiellement l’arabe… Il y avait aussi des coins de banlieue et d’autres parties de la ville qui m’ont donné des impressions similaires.

Ça m’a donné une curieuse impression de colonisation renversée, si j’ose dire: ce ne sont pas les élites européennes qui vont occuper le territoire maghrébin, c’est le petit peuple d’Afrique du Nord qui occupe l’espace ici.

Bon; cela dit, l’Europe et les flux migratoires, ce n’est pas une histoire récente.

Carnet de voyage, Casablanca, jeudi 7 mars 2019

Habous, prise deux…

Nous cherchions des souvenirs de voyage, genre cadeaux… Nous avons demandé conseil à une des serveuses des Saveurs du Palais, notre resto préféré. Elle nous a envoyés vers un genre de marché à environ une heure de marche.

Or, en approchant, voilà que nous tombons sur les arcades et les petites places telles qu’annoncées lorsqu’on lit au sujet des Habous. Donc, le quartier que nous cherchions, ben il est ici. Et c’est vrai que c’est moins moche que ce que nous avons vu hier.

Ici, sous les arcades, il y a quelques boutiques à caractère plus touristiques. Là-bas, passé la voie ferrée, c’est, hem, c’est ce qu’en Occident on appellerait le souk, je crois: il y a du monde partout, il y a des tas de minuscules boutiques, il y a vingt, trente, quarante fois les mêmes choses ou presque, il y a du monde partout! Ai-je dit qu’il y avait du monde partout? C’est étourdissant, pour un occidental. À Montréal, il n’y a qu’au métro Berri, à l’heure de pointe, sur le quai de la ligne orange en direction de Laval, qu’il y ait plus de monde.

Nous sommes arrivés trop tard, ou trop fatigués par la marche, et nous n’avons rien acheté. C’est une rare fois où ma mère et moi n’étions pas synchrones: lorsqu’elle voulait voir quelque chose, j’étais impatient, et réciproquement. Je regardais des petites boîtes en racine de thuya, et elle part en disant merci au vendeur. Elle regardait des foulards, je vois le sigle LV et je dis que c’est de la contrefaçon… Finalement, il n’y a eu que le café de bon, dans cette promenade.

Promenade où nous avons constaté, de nouveau, l’érosion du français. Dans certains milieux, dans certaines générations, le français est très bien parlé; ailleurs, ce n’est pas le cas, ou plus le cas.

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En Occident, maintenant, le message court dans bien des milieux qu’il est temps, grand temps, plus que temps, de recycler ce qui peut l’être, de réduire la consommation, de réduire la pollution… L’Occident a vendu au reste du monde des pans entiers de style de vie, et maintenant, ben, à Casablanca, en une semaine, nous n’avons pas compté le nombre de fois où des gens laissaient tomber leurs détritus par terre, ni le nombre de voitures ou de mobylettes archi-polluantes qui tiraient leurs panaches de fumées plus ou moins grises. Bon, disons que la consommation excessive est probablement moins un problème ici qu’en Amérique du Nord… Mais nous n’avons vu aucun système de recyclage, ni verre ni plastique ni papier. Par contre, nous avons vu des bouteilles de plastique flotter sur l’océan.

Reste que c’est embêtant de faire la leçon…

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Casablanca est, je dirais, une ville semi-cosmopolite, en ce sens que l’idée de l’étranger est très présente, un peu partout. Il y a bien sûr les deux langues, dont le français, les marques, les publicités, un certain nombre de mentions ici et là… Par contre, le nombre d’étrangers est très restreint. Nous avons croisé deux Canadiens anglais (qui se forçaient pour parler français, parce qu’ils étaient avec une jeune femme… Ou alors, lui se forçait parce que la jeune femme et lui étaient avec un Marocain portant une casquette à feuille d’érable, ce n’est pas clair; en fait, je n’ai pas entendu parler la jeune femme…), quelques Français, quelques Américains, un Espagnol, un groupe de Japonais… Mais à part ce groupe, il n’y a vraiment pas beaucoup d’Asiatiques.

En fait, Montréal est beaucoup, beaucoup, beaucoup plus cosmopolite que Casablanca!

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Et je vais prendre quelques lignes pour parler de notre coup de cœur, qui est un resto.

Car, puisque nous ne ramènerons pas de cadeaux, c’est que toutes les dépenses auront été en transport et en nourriture.

Il se trouve que nous avons mangé trois fois dans un petit restaurant qui s’appelle Les Saveurs du Palais. Il y a une petite terrasse au coin de la rue, une section avec des tables à l’occidentale et une autre avec des tables basses et des poufs, à l’orientale. Il y a parfois du monde qui fume (mais ça, il faut s’y faire: le tabac est aussi répandu ici qu’au Québec dans les années 90, je dirais; ce n’est plus tout le monde qui fume, mais il n’y a pas encore de zones non-fumeurs dans tous les établissements) et il y a aussi une chatte résidente (très gentille, si elle vous aime, elle va vous faire de belles façons). Mais surtout, la cuisine est excellente! Nous n’avons pas tout essayé, loin de là, mais tout ce que nous avons goûté nous a plu.

Ne restera qu’à prendre congé de Casablanca, demain matin…