Bouchée double: petit déjeuner et petite correction, Hué, lundi 5 mars 2018

Bon; hier soir je me désolais des prospects d’avenir de l’hôtel où nous étions… et ce matin, au déjeuner, la salle à manger était comble! Trois tables d’occidentaux, en nous comptant, et tout le reste, des Asiatiques (je ne dis pas Vietnamiens, parce que j’ai finalement vu trois plaques d’immatriculation qui venaient d’autres pays, à Hué).

Que retenir?

On pourrait dire que les Asiatiques se fichent de la saleté…

On pourrait aussi aller un peu plus loin que le bout de notre nez, et voir les trésors d’économie déployés par les gens ici, pour faire fonctionner, réparer, réutiliser, refaçonner, remodeler, retaper… La consommation ici n’est pas une nécessité comme chez nous, je crois. Il y a des achats, il y a un marché, oui, surtout de denrées alimentaires et de vêtements et de fournitures pour la mobilité (j’ai eu l’impression de voir des pneus de scooter emballés comme des cadeaux de Noël! C’était peut-être mon imagination…)… Il y a aussi des iPhones, pour être franc… mais bon…

Est-ce absolument nécessaire qu’un hôtel ait des serviettes neuves? La salle de bains était propre.

Notes sur Saigon, mercredi 28 février 2018

C’est déjà notre dernière journée complète à Saigon… Ces quelques journées, si remplies furent-elles, sont passées vite!

Ce matin, nous avons commencé par visiter le musée des vestiges de la guerre. J’étais intéressé par les avions, évidemment… mais j’ai fait le tour des expositions…  Bon; il n’y a aucune mention d’atrocité ni d’injustice commise par le côté communiste; lels camps de prisonniers du Nord semblent ne jamais avoir existé (pourtant, je voyage avec une de leurs anciennes pensionnaires…)… Malgré ce défaut, je doute que qui que ce soit puisse sortir intact de ce musée. Non, je n’ai pas pris de photo.

Puis nous avons dîné, visité le bureau de poste (qui, effectivement, vaut le détour!) et un parc rempli de sculptires modernes (style socialiste, je crois…, puis là nous attendons Duy, pour notre dernier souper à Saigon.

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Avant de partir, quelques notes bien subjectives et un peu pêle-mêle sur Saigon…

D’abord, une petite mention à l’effet que je n’oublie pas que notre séjour est facile, certainement beaucoup plus facile que ne le serait celui de quelqu’un qui viendrait comme coopérant international, si telle activité se déroule ici. Il n’y a pratiquement pas de misère dans les quartiers centraux où nous sommes passés (j’ai vu des bidonvilles, de loin, en allant vers le delta du Mekong), aucun mendiant, c’en est même étonnant.

Pourtant, le coût de la vie semble bien inférieur ici qu’à Montréal; des restaurants chic coûtent peut-être le tiers de ce qu’ils nous coûteraient chez nous. Mais c’est difficile d’évaluer ce que coûtent les restos pas chers: hier, nous avont vraisemblablement été floués, là où nous avons soupé, mais comme les prix n’étaient pas affichés, impossible de savoir ce que ça aurait coûté à des gens « ordinaires » (ce n’était pas chic du tout!).

Cela dit, parlant de pauvreté et de richesse… Il y a des tas d’entreprises américaines installées au Vietnam, maintenant, des tas d’hôtels de luxe, un concessionnaire Maserati tout près du jardin botanique-zoologique… Des tours géantes poussent un peu partout, rapidement. Ça donne l’impression que, même si le régime ami des États-Unis a officiellement perdu la guerre en 1975, en réalité, le capitalisme comme système a gagné à plus long terme. Au fond, avoir un régime communiste ou socialiste autoritaire, qui contrôle fermement sa population et enferme les opposants trop actifs tout en permettant une manière de propriété privée et de profits, quitte à user savamment de corruption (Duy nous parlait des compagnies d’autobus qui ont des arrangements avec la police pour éviter les contraventions de vitesse sur l’autoroute!), c’est bien pratique, non?

Ici, c’est socialiste, l’éducation et le système de santé sont gratuits. Par contre, pour un petit supplément, votre enfant ira en cours dans une classe climatisée… ou vous verrez plus rapidement un meilleur médecin (témoignage de Duy).

… Parlant de socialisme… Je dirais que le scooter est à Saigon ce que la bicyclette est à Amsterdam, en pire. Quynh constate d’ailleurs les « progrès » de la pollution, par rapport à son adolescence; pas étonnant: dans le temps, plus de monde allait à vélo. Maintenant, le scooter est endémique (aidé par le prix élevé des voitures privées) et foncièrement individualiste. Les gens conduisent, en moyenne, comme des cochons, brûlent les quelques feux de circulation, roulent à contresens, roulent sur les trottoirs…

Et ça ne sert à rien de s’énerver… Alors, conséquence imprévue, je comprends mieux le zen, maintenant. Pour être franc, mon premier réflexe était de me choquer, comme un bon nord-américain que je suis, devant tous ces excès… Puis je me suis avisé que les gens contre qui je me serais choqué s’en seraient contrefiché royalement… et auraient eu raison de le faire. Alors… ben alors on prend ça cool, on laisse aller, on va doucement, comme les conducteurs de scooter qui suivent le flot…

D’ailleurs, ça me fait modifier une de mes premières impressions, celle où je parlais de l’agressivité de la ville…

Je n’ai vu qu’une personne fâchée en six jours: un papa dont la fille s’était fait mal sur une tôle abandonnée sur un trottoir près d’un chantier. Pour le reste, je découvre, à l’usage, une douceur de vivre étonnante, une « vibe » agréable et plutôt chaleureuse. Je comprends de mieux en mieux l’attraction, la fascination que cette ville peut exercer sur les gens.

Parmi les charmes, il y a l’aspect tropical, bien entendu. Apprendre à quoi ça ressemble dans les cours de géo, c’est bien; le vivre, c’est autre chose. Les jours courts, en hiver, font peut-être 11h30, les jours longs en été, 12h30. Autrement dit, la durée du jour est un peu comme en mars ou en septembre à Montréal, alors que la température serait plus comme en juillet, hors canicule (nous sommes en février, évidemment; il semble qu’en été, ça monte tout de même dans les notes caniculaires). La température baisse vite, lorsque le soleil se couche. Du moins en cette saison. Ça rend les soirées très agréables; j’y reviendrai.

La convivialité de la ville se manifeste aussi par une intense vie de trottoirs. On y trouve de tout: des gens qui cuisinent, des gens qui mangent, des gens qui montent la garde sur on ne sait quoi (mais toujours dans des uniformes non équivoques), des barbiers, des réparateurs de scooters,

des marchands de linge, de souvenirs, de fruits et légumes, de cossins en tous genres, des gens qui font la sieste sur des chaises, dans des cyclos, dans des hamacs tendus entre les arbres et les murs (ou dans des soutes à bagages d’autocars!), des gens qui jouent aux cartes, aux échecs chinois, sur leurs cellulaires, des hôtesses pour restaurants chics ou pour salons de massage, des gens qui regardent passer le temps, des gens qui jasent, des gens qui se taisent… Les plus jolis (je n’ai pas osé les prendre en photo…): cette petite famille, le père qui caresse le chien, la mère, les trois enfants, la grand-mère qui sourit, à la fin du souper pris sur le trottoir devant chez eux, comme si c’était l’extension de leur appartement.

Je n’ai même pas encore parlé de la nourriture! Différente à chaque jour, goûteuse, plaisante, variée par les textures, les saveurs et les ingrédients, avec des fruits et légumes mûrs à souhait (la peste soit des légumes blets montréalais!)…

J’espère revenir ici un jour!…

Fin de voyage, Amsterdam, samedi 13 janvier 2018

Je n’avais pas la même urgence d’écrire pendant ce voyage-ci, avec ma mère, que pendant ma marche de l’été dernier. Les enjeux ne sont pas les mêmes, loin de là: cette fois-ci, j’étais nettement en vacances, et c’était plus « normal » comme voyage, avec plusieurs jours passés aux même endroits, soit un appartement à Malaga et un autre à Amsterdam.

Sauf que là…

Après la visite du mémorial de la déportation à Amsterdam, qui est dans un ancien théâtre qui servait de lieu de rassemblement des futurs déportés, déjà, j’ai eu envie d’écrire…

Mais là…

Avec ma mère, nous avons fait le tour en bateau-mouche des expositions de lumières d’Amsterdam… Oui, ça ressemble à quelque chose qui existe aussi à Montréal… Mais il y avait une thématique existentialiste à l’exposition, avec quelques œuvres très fortes. Par exemple, ce fil rouge lumineux, d’Aï Wei Wei, qui fait le tour du quartier central d’Amsterdam, marquant une limite qu’on peut voir, ou pas, ou respecter, ou dépasser, et se poser la question: qui décide des limites et à quoi servent-elles? Il y avait cet immense panneau couvert de néons positionnés pour faire penser à des cristaux liquides, qui formaient différents motifs dans lesquels on pouvait, on tentait toujours de lire quelque chose, alors qu’il n’y avait rien à lire… Et pourquoi essaie-t-on de trouver du sens à tout? Il y avait ces deux lignes bleues, projetées juste au-dessus du niveau de l’eau d’un canal, mais liées à un microphone sous l’eau; lorsque le capitaine du navire faisait « jouer » le moteur, les lignes s’affolaient. Et pourquoi ne réalise-t-on pas notre effet sur le monde qui nous entoure? À toutes les échelles possibles… Il y avait ces maisons lumineuses, esquissées en quelques lignes, avec leurs coins, leurs murs, leurs toits… et en s’approchant on réalisait qu’en fait, elles étaient seulement à deux dimensions! Et pourquoi ne réalisons-nous pas que nous projetons de nous-mêmes et de nos désirs dans nos lectures des situations?  Toutes les œuvres posaient des questions; j’avoue ne pas les avoir toutes retenues, mais il y avait une sorte de crescendo, pour arriver à une « mise en lumière » de la fameuse phrase de Gandhi, « Be the change you want to see in this world »…

C’était la deuxième fois que je me la faisais servir en fin de voyage, sur deux voyages successifs.

Touché, les deux fois.

Leçon de vie (Petite-Patrie, Montréal, 29 juin 2017)

Bon, j’ai une répétition chez Mana, en vue du concert des profs de l’académie de musique de chambre; ce matin, nous allons pratiquer le quatuor avec piano de Schumann… Après la répétition, j’ai un rendez-vous avec Suzie sur la Rive-Sud, alors je prends l’auto…

J’arrive juste comme les deux camions de recyclage viennent de passer (ben oui, deux, un par côté de rue) dans la petite rue à sens unique où je me suis stationné la veille, pour cause de nettoyage devant chez moi. J’ai peut-être une petite chance de passer avant le camion de vidange… Si je puis faire signe au chauffeur et être vu…

Je ne sais pas s’il ne m’a pas vu intentionnellement ou accidentellement, mais il ne m’a pas vu. J’écris à Mana que je risque d’être en retard, pris comme je suis derrière ces trois mastodontes.

Et je suis le camion de proche, en voyant tout ce que mes relatifs voisins envoient à la décharge… Des montagnes de sacs, des poubelles plus que pleines, que les vidangeurs ne peuvent que renverser, des tas de trucs plus bons, des tas d’autres qui auraient peut-être pu avoir une autre vie, une imprimante (Ho! Me semble que ça ne devrait pas aller dans les déchets ordinaires, ça?! Résidus toxiques, non?), un sommier, des trucs métalliques, des branches, des déchets de construction…

…Un canapé lit convertible, qui déborde de l’arrière du camion… mais qui se retrouve écrasé comme presque rien, déchiqueté par la lame de la benne à ordures…

Comme une métaphore de nos propres existences, qui peuvent sembler solide de l’extérieur…

Mais aussi le choc, après avoir voyagé cinq semaines avec si peu de matériel (qui, pourtant, pesait déjà lourd dans mon dos…), de voir qu’en apparence chaque maison jette plus que le total de ce que j’ai transporté…

[… En écrivant ceci, je jette un œil sur le désordre encombré de mon propre appartement… Ai-je vraiment besoin de tout ça? Ciel…]

Rendu au coin de la rue, je m’avance; un des vidangeurs dit à l’autre qu’ « Il est pressé celui-là! »… Mais j’ouvre ma vitre plus grand, pour leur adresser la parole; celui qui venait de parler tend l’oreille.

« Vous suivre, c’est une leçon de vie. Merci pour votre travail, les gars! »

Il me salue de deux doits à la casquette en souriant…

Carnet de route: irrigation

Lorsque j’étais en Castille et en Rioja, je n’ai pas écrit sur l’extraordinaire réseau de canaux de tailles variées, de trappes, de passages d’eau, construits à je ne sais quelle époque pour irriguer la campagne. Il y a clairement eu là une œuvre majeure de génie civil. Je me demande quel âge tout ça peut avoir…

English digest: I forgot to write about canals.

Carnet de route: la santé des voyageurs

Je me suis révolté, il y a deux semaines (il me semble), contre le traitement subi par un voyageur, qui n’avait pas été gardé par l’hospitalero après avoir vomi toute la nuit… J’ai appris pas mal de choses, depuis… D’une part, que les hospitaleros de plusieurs albergues tenues par l’église sont souvent des bénévoles, plus ou moins formés et expérimentés. D’autres tenanciers d’albergues privées ou de pensions sont en fait des professionnels. Je crois que c’est la principale raison de la différence de qualité de traitement des gens malades…

English digest: always trust the cellist… ahem…

Carnet de route: les transports du Camino

J’ai parlé dans un billet précédent de l’interdépendance entre le Camino et un chapelet de villages qui, autrement, n’auraient que l’agriculture pour vivre, agriculture qui emploie de moins en moins de monde, et donc qui ne freine pas l’exode rural, bien au contraire… Je crois aussi avoir parlé de la possibilité pour certains de faire le voyage, ou partie du voyage, en bus ou en taxi, ou de faire envoyer ses bagages à l’étape suivante par la poste ou par un transporteur spécialisé…

Aujourd’hui, avec Peter, nous nous sommes fait la remarque que, pendant un bon bout de temps, tout le trafic que nous avons observé sur un tronçon de route secondaire (que nous suivions, oui, bien sûr) relevait directement du Camino: camions ou camionnettes de livraison de nourriture, de courrier, de boissons, de bière; car, minicar, taxis; transport de bagages…

Voir l’anecdote dans mon billet du jour, au sujet des deux filles…

English digest: read the other post.

Leçon du Camino…

… Lorsque le déjeuner est gratuit ou inclus dans le prix du lit…

…Il n’y a pas d’espresso; juste du café instantané.

Déjeuner à Rabanal del Camino, retour sur une quasi légende et information (jeudi

Hier soir, je n’ai pas pu mettre en ligne tout ce que j’avais écrit, alors je me suis couché. Au réveil, je me suis trouvé face à ceci:

Puis, une fois en chemin, accompagné par ceci:

Pour arriver là, où je viens de déjeuner et écrire et mettre en ligne…

… Et bien sûr me délivrer l’esprit de soucis qui pourraient devenir pressants dans les prochains km…

Ce qui va me donner l’occasion de corriger un presque mythe relatif aux toilettes espagnoles.

En effet, la légende veut qu’il n’y ait jamais de papier hygiénique dans les toilettes, par ici. Disons la quasi légende: je n’ai moi-même jamais été pris dans cette fâcheuse situation et n’ai entendu qu’un seul récit du genre.

Par contre, ce qui fait souvent défaut, ce sont les essuie-mains, que ce soit sous forme d’air chaud ou de serviettes, et aussi, presque aussi souvent, le savon…

English digest: in the loo, bring your cell phone and your soap. You’ll thank me.

Précision lexicale et plaidoyer (7 juin 2017)

Madame Sylvette Montal, notre prof de français en secondaire IV et V (à qui je dédie ce billet), nous a un jour écrit trois mots en latin au tableau; un de ces mots était « hospedalem ». Elle nous parlait, ce jour-là, de l’évolution des langues et des nombreuses fois où des lettrés avaient entrepris de nettoyer la langue, ramener une propreté originale… Enfin, toujours est-il que « hospedalem » est entré deux fois dans les langues latines. La première fois, ça a dérivé en hôtel, hostal, et la seconde fois, au moyen-âge, hôpital et hospital (en intalien: ospedale). À l’origine, l’hôpital était un lieu d’accueil des voyageurs et des pèlerins, et on y soignait ceux qui étaient malades. L’histoire du mot explique pourquoi, dans bien des villes francophones, l’Hôtel-Dieu est le plus ancien hôpital.

… Pour être très franc, avec tous ces mots qui se ressemblent tant entre les langues, avec tous ces paysages, toutes ces constructions de styles approchant, oui, j’ai souvent la conscience de marcher dans les lointaines ruines de l’empire Romain.

Cela dit, parlant du français… Nous avons un problème. Des tas de gens sur le Camino sont contents de massacrer l’allemand, de maganer l’italien, de fausser l’espagnol… Mais le français? « Ah, non, je vous assure, je ne parle pas du tout français! » Ben voyons, tu me niaises?

Non, il ou elle ne me niaise pas… Et c’est un grave problème. L’exigence de qualité, voire de perfection, dans l’enseignement de la langue donne des armées de gens paralysés à l’idée de faire une erreur… C’est triste.

Réagissons: parlons lentement, aidons les autres, écoutons-les patiemment et doucement.

J’ai fait cadeau à Britta d’un caillou, pour qu’elle l’abandonne à la Croix de Fer, caillou qui porterait sa hantise de parler français.

English digest: french language is cool Try it, you’ll love it!