De Vilaserio à Hospital (30e étape, dimanche 18 juin 2017)

Donc, finalement, je suis reparti, eh oui, et j’ai marché encore je ne sais pas combien de kilomètres, tout ce que je sais c’est qu’il faisait chaud! Je suis passé par un machin qui s’appelait Logroso, j’ai continué jusqu’au machin suivant qui s’appelle Hospital.

Demain, il va me rester 30 km à faire pour me trouver au phare de Finisterra (ou Fisterra, les deux graphies coexistent).

Je pense tenter de partir tôt, en espérant que mon pied me porte gentiment… Passer un moment à Fisterra (ou Finisterra, les deux graphies coexistent) (bon, ça y est, je radote, je dois être fatigué) puis tenter de prendre un bus (ou un taxi…) pour me rendre à Muxia, et je rentrerais, dans ce cas, de Muxia mardi matin.

Enfin, bref, il faisait chaud, vraiment… En arrivant, je rejoins Sébastien, le Français de tantôt, qui me félicite de m’être rendu, alors que ce matin, j’envisageais de prendre le bus.

Argh, mon récit est encore de travers. Avant Sébastien, il y avait le bar, car l’auberge et le bar ne sont pas au même endroit. La voiture et la patronne pour m’emmener à l’auberge.

Puis l’ouverture de tout mon stock, car vu mes piqûres, je vais appliquer la recette de Marie-Laurence: tout mettre au soleil, pour faire déguerpir les bibittes, si j’en ai, puis mettre des gouttes d’huiles essentielles pour leur ôter l’envie de revenir (… je me dis que j’aurais bien pu faire ça dès le départ, mais bon…). Ensuite, je veux prendre ma douche… et c’est là que je m’aperçois que j’ai oublié mon savon et mon porte-savon à l’auberge précédente. Heureusement que le voyage achève. J’ai aussi oublié la carte qui me servait de credencial de rechange, depuis que j’ai envoyé l’originale chez moi dans le guide dont je ne me sers plus….

Bon; je vais prendre le savon à mains dans le porte-savon de la salle de bains… mais ce n’est que de l’eau… Heureusement, un de mes voisins de chambrée, Italien et sympa, a des échantillons de savon à me prêter. Je rince mon linge et prends ma douche.

Ensuite, juste de ramasser ce que j’ai étendu dehors, je sue à grosses gouttes! Phu-Si arrive dans l’intervalle et se part une lessive, youpi, je vais pouvoir laver mon linge pour de vrai!

Dernière minute: souper animé avec Sébastien et Phu-Si…

English digest: it is a warm day, I forgot my soap and there is none in the dispenser. Apart from that, wonderful scenery and persistent flies.

Dîner à Olveira (dimanche 18 juin 2017)

… Enn repartant après mon déjeuner, j’avais en tête la chanson « Inachevé » de mon ami Philippe Noireaut… Chanson qui m’avait traversé l’esprit il y a plusieurs étapes. Comme je ne savais pas comment j’irais, c’était plus sensible, disons, dans tous les sens du terme.

Mon pied gauche a oscillé, pendant toute la matinée, entre la liberté surveillée et la joie de vivre totale. Alors, disons que je ne sais plus sur quel pied danser! FIsterra? Muxia? Aujourd’hui? Demain? Les horaires de bus ne sont pas magnifiques, ce qui n’aide pas. Il y a du taxi partout, mais ce n’est évidemment pas donné.

Cela dit, avant demain, il y a aujourd’hui. Tantôt, j’étais persuadé que ce serait mon dernier bout de marche, jusqu’où je suis maintenant. J’en ai eu les larmes aux yeux, plus d’une fois. Les paysages sont encore magnifiques, et comme les collines sont assez basses, le Camino me gâte de nouveaux points de vue assez souvent merci.

En descendant, tantôt, en vue du lac de barrage vers ma droite, j’ai repensé au poème de Machado, dont le deuxième vers, « Se hace el camino al andar », a été cité par le célébrant, à la messe à Santiago.

(Photographié à Pampelune)

…Le poème me traverse l’esprit, et je me mets à pleurer à chaudes larmes…

Une petite voiture blanche sort du virage entre les arbres, et, sous le soleil de plomb, sans le moindre nuage dans le ciel ni la moindre goutte de pluie, les essuie-glaces fonctionnent!

Bon, ok, j’arrête de pleurer, j’ai saisi le message…

Au village suivant, je vois Sébastien qui me félicite pour ma persistance. Je m’arrête encore au village suivant pour dîner (d’où j’écris ceci en ce moment), Phu-Si me rejoint et me dit que mon pied sensible, c’est du pipeau!

Gnarf…

English digest: Beautiful Camino, again, lots of sceneries, lots of sun, lots of sweat… Coming to an end, beautiful to the end.

Déjeuner à Santa Mariña (dimanche 18 juin 2017)

Parti ce matin un peu après 6:30, dans un matin délicieux… Avant-dernier parti de l’albergue, Phu-Si ronflait encore comme un bineheureux. Plié mon linge presque sec, marché doucement dans un paysage délicatement brumeux, par touches…

Marché lentement, pour réchauffer mon pied gauche, qui ne collabore pas comme les autres jours…

Rempli ma poche d’eau à une source, pour la première fois du voyage. L’Eau est délicieuse.

Mais mon pied gauche ne collabore toujours pas. En fait, je crois qu’il est en train de me dire qu’il est temps que ma marche finisse…

Renoncer à moins de 50 km de Finisterra? Difficile…

Voici un petit café, je vais réfléchir en me restaurant un peu…

Arrive un Français sympathique (normal, il est de Bayonne), Sébastien, qui est parti voilà sept semaines et qui finit son voyage très bientôt, en allant à Finisterra et Muxia. C’est la seconde fois que j’entends parler de Muxia, et ça semble magnifique.

Cas de conscience: marcher? Arrêter? Prendre le bus? Le taxi? Finisterra? Muxia? Les deux…

Phu-Si arrive comme Sébastien raconte ses bonnes fortunes lors de blessures à ses pieds (il a vraiment pris son pied, si j’ose dire!).

Mon pied gauche apprécie le second café… Je vais pouvoir, je crois, marcher jusqu’au prochain village un peu important. Rendu là, je verrai… Mais je commence à songer à prendre le bus pour Fisterra aujourd’hui, puis un autre pour Muxia demain…

Changer de plan?

English digest: it is going to be a warm day!

De Santiago à Vilaserio (29e étape, samedi 17 juin 2017)

Ai-je dit que ce matin, j’avais recroisé Donna, Helena et Bernie (l’Australienne), en sortant de la ville? J’étais content de les revoir… Nous n’avons que jasé en passant, mais bon…

Donc, je sortais de table, tantôt, j’ai repris mon chemin. Deux coins de rue et un café plus loin, je retrouve Phu-Si, qui m’attendait, comme promis. Toilette, eau minérale, et nous repartons.

Longue et vaste conversation avec ce jeune trentenaire qui trippe sur le poker… Conversation sur les addictions, les passions, sur le Camino, sur les rêves et l’importance de les accomplir, sur l’importance de saisir le moment… Il parle beaucoup (plus que moi, dans le cas présent!), mais avec une certaine sagesse, voire une sagesse certaine.

Nous marchons beaucoup. Mon talon gauche commence à protester… Nous arrivons enfin, douche rapide, lessive, souper en urgence parce que la cuisine allait termer, mais bon, pas de wifi…

Et voilà que Phu-Si rigole de moi en disant que je lui parlais d’addiction tantôt!

Gnarf!

English digest: no wifi, so the story will be online only tomorrow.

Collation à Negreira (samedi 17 juin 2017)

Ce matin, tôt, départ de Peter, qui, contrairement à ce qu’il avait dit hier, prend le temps de nous saluer. Je crois qu’il a un peu la tête dans le cul, mais bon, il va s’en sortir. Hier, le 3e rosé avec les Allemands a laissé des traces, comme les cerises à l’eau-de-vie offertes par le bar (je crois que les serveurs ont voulu participer à ce qu’ils ont perçu, à juste titre, comme un moment extraordinaire… ou alors, ils voulaient sauver leur pourboire après qu’un d’entre eux ait été sec avec Peter… ou alors, c’était juste normal, rendu là où en était notre facture, allez savoir)…

Bref, après, le démarrage n’a pas été particulièrement rapide…

Nous partons enfin, Anita et moi, et prenons un dernier café ensemble, avant qu’elle ne parte pour Fisterra en bus, et moi à pied.

En déjeunant, elle me fait une confession qu’elle m’a demandé de ne pas écrire ici (rien de grave, rassurez-vous). Je suis touché de sa confiance; un autre cadeau du Camino.

Nous nous quittons, je prends le temps de me mettre de la crème solaire devant le Gandhi de Santiago, comédien qui fait la statue, puis je pars à mon tour.

Un vieux Japonais me court après pour me demander si je vais à Fisterra, puis, devant ma réponse positive, voilà qu’arrive Sheiko, jeune et plutôt jolie Japonaise que j’avais vue sur le chemin depuis quelques jours, un peu de loin.

Nous faisons quelques pas ensemble. Elle a 38 ans, j’en suis sur le derrière! Réfléchit sur sa vie, et bon, elle me laisse partir. Elle se protège totalement du soleil, manches longues, chapeau, veste d’automne, pantalons… J’aurais bien jasé, mais bon, son Camino ne passe pas forcément par le mien, même si nous allons à la même place.

Plusieurs km plus loin, je rattrape un jeune Asiatique, Phu-Si, qui est en fait Suisse (d’origine Vietnamienne, quand même) francophone, charmant. Nous nous perdons de vue lorsque je m’arrête pour prendre un autre café et une bouchée.

Donc, aujourd’hui, j’ai, jusqu’à maintenant, marché essentiellement seul. Les pieds? Les arches vont super bien. Les talons ont inventé de nouvelles ampoules (enfoirés!).

Le chemin est différent, la foule beaucoup moins dense, le chapelet de villages est beaucoup plus distendu, le chapelet de cafés bars hôtels hostels albergues cafétérias aussi.

Le soleil tape comme un dingue, il fait, euh, minute… Boudu! 34 degrés!

Et il me reste environ 10 km à marcher, après le petit dîner que je termine… Gnarf… Bon…

À plus tard…

English digest: sunny and hot, lonely and beautiful. Hot, though.

Santiago (vendredi 16 juin 2017)

Réveillé tard! Peter, qui chialait contre mes réveils hâtifs, sort du bain lorsque je bouge enfin.

Nous sortons déjeuner vers 9h et quelques. Ensuite, pendant que Peter se lance dans sa série de cartes postales, Anita et moi marchons jusqu’à la boutique de musique pour prendre une corde de ré en réserve. Car celle sur le violoncelle de Suso menace de se défiler.

Retour autour de 11h, attente, puis lorsque Peter nous rejoint, nous contournons la cathédrale pour assister à la messe des pèlerins. Une fois dans la nef, ben coudon, déjà plus de places assises libres. Nous nous mettons dans les marches près de la sortie.

Cérémonie en espagnol, je ne comprends pas tout, loin de là, sauf vers la fin quand un concélébrant invité parle italien. La chanteuse est bonne, l’organiste est magnifique. Pensée pour mes amis organistes: votre collègue de Santiago est clairement une grosse pointure!

Puis il y a l’encensoir géant. Oui, c’est toute une manœuvre, oui, il faut huit personnes… ce qui me frappe, dans un sens musical, c’est le rythme des exécutants, qui doivent vraiment synchroniser leurs efforts, pour donner de l’élan à cet énorme machin, mais aussi la forêt d’écrans de machins électroniques qui filment le tout.

… Non, pas de vidéo de la swing de l’encensoir. De deux choses l’une: soit il est facile d’en trouver sur internet, vu le nombre de gens qui filmaient, soit, et c’est encore mieux, on peut le voir en personne 🙂

Après la messe, Peter, Anita et moi allons nous acheter de quoi pique-niquer dans le parc en face de l’hôtel. Marrant, tout de même: ce matin, j’ai fait ma seconde lessive à la main, et ce midi, mon premier pique-nique, alors que je suis dans l’hôtel de loin le plus chic et le plus cher de mon voyage!

Ensuite, moment d’organisation de la séance musicale de ce soir: réservation de la salle, réservation de la collation…

Puis je vais à la poste, m’expédier du stock dont je ne me servirai plus… Mon sac sera plus léger de 1,95 kg!

Retour à l’hôtel, moment de pratique, commençant par un changement de corde (ah, que c’était une bonne idée d’aller chercher une rechange!), puis je descends attendre les visiteurs. Parmi mes invités, seule Marsha se présente. Peter et Anita arrivent, puis Helena, Bernie et Donna. Apéritif puis petit concert.

Ça va très bien, en vérité. Le violoncelle, même en état très moyen, est content de jouer, l’archet, même un peu mou, est content aussi.  Cassado et Bach.

Le public est ravi. Me reste à apprendre à me faire payer pour ce genre de choses. Mais, cette fois-ci, c’est correct, vu l’invitation et les leçons de Peter.

Souper en ville, très bon resto. En rentrant, un miracle! Jürgen et Bernie, qui sont arrivés aujourd’hui, me voient passer! Nous finissons la soirée à cinq, avec Peter et Anita. Je suis content et ému d’avoir à la même table le début et la fin de mon Camino.

Nous sommes un peu (pas mal, en vérité) pompettes en rentrant…

Dernière minute: Anita et moi jasons en chuchotant pendant que Peter ronfle déjà.

English digest: it was a wonderful day!

La crise d’épilepsie (Santiago, mercredi 15 juin 2017)

… J’ai oublié de narrer cet épisode d’hier après-midi.

En rentrant de la boutique de musique, nous avons vu un attroupement autour d’une femme étendue par terre; elle avait l’écume aux lèvres et la langue visible. Je demande à Peter s’il sait quoi faire; il me répond que oui, mais… Il observe en passant sans s’arrêter, et dit que c’est probablement une crise d’épilepsie, qu’il faut prendre la femme et la mettre de côté en position de repos (la personne qui intervient directement fait exactement ça), ne pas toucher sa bouche pour ne pas se faire mordre (une dame vient de crier exactement ça), s’assurer qu’elle n’avale pas sa langue et respire, et appeler l’ambulance (des gens appellent); il dit qu’il peut avoir l’air froid, mais que les gens sur place font exactement ce qu’il faut, et qu’ils parlent tous espagnol à toute vitesse et que ce ne serait pas facile d’intervenir.

Il a raison.

Bon; en rentrant, je m’inscris au cours de secourisme de l’ambulance St-Jean, c’est décidé.

English digest: it was a freaking moment, but all seems to have been done in an orderly maneer.

D’Arca/O Pedrouzo à Santiago (28e étape, jeudi 15 juin 2017)

… Zut! J’ai oublié de dire à Gaël où j’en étais avant son cours de 15h30!

Parce que oui, je suis arrivé à Santiago, ce matin.

Nous sommes partis un peu avant 7h, avons marché dans un bois d’eucalyptus, dans des bois normaux, près de l’aéroport (un 737-800 de Ryanair a décollé juste comme nous passions, ouah! J’en ai eu un buzz pour un moment!)…

(Lavage de mains symbolique à Lavacolla)

(On dirait que j’ai des échasses, sur cette photo…)

Petit déjeuner en cours de route, puis collines, puis bois, puis… Subitement, une autoroute. Ah, on se rend compte qu’on a été loin de la ville pendant les dernier jours.

Et tout à coup, c’est l’arrivée officielle en ville, suivie bientôt de la bière promise.

Santiago est une très jolie ville, surtout dans les vieux quartiers.

J’ai été vraiment touché de l’attention des gens ici: ils ont fait quelque chose avec leur cathédrale pour que je me sente comme chez moi!

Blague à part, Anita et moi continuons avec Peter.

Mais, dans un sens, ça devient complètement hallucinant: Peter a décidé de se (et de nous) faire plaisir, il a pris une chambre à trois lits dans un hôtel *****!

Comme il dit, lorsque nous nous installons, ce n’est pas le Camino!

Nous retournons en ville, d’abord pour dîner, puisqu’il a trouvé un restaurant qui sert de la cuisine végétalienne (excellente, faut le dire: Malka, le nom du resto); ensuite, pour obtenir nos certificats de bons marcheurs (quand même, tsé, hein, heille!), puis… pour dégotter le violoncelle. Car Valérie, l’assistante de Peter, a bel et bien réussi à localiser un instrument. Nous traversons la ville vers une boutique de musique, laquelle nous réfère à un monsieur qui a un violoncelle mais joue plutôt du clavier… Rendez-vous est pris pour 20h à l’hôtel.

Peter et moi rentrons, allons nager un peu (que la piscine fait du bien aux pieds maganés!), prenons un peu de soleil, puis… Ciel! Il est déjà 20h! Allez, vite, on s’habille, on redescend, Suso (le gars au violoncelle) est là.

Bon; le chevalet est croche, les chevilles sont coincées dur, la corde de ré menace de se défiler, mais l’archet a de l’allure et l’instrument sonne… Il sonne d’ailleurs de plus en plus, au fur et à mesure qu’il se réveille (et moi aussi), dans le hall de l’hôtel (car les réceptionnistes n’ont pas été foutus de nous passer une pièce libre…).

Ça va, on le prend. J’envoie un mot à mes amis qui sont encore sur le chemin, pour les inviter, puis nous allons souper. Souper symbolique… Surtout deux verres de vin rouge avec des tapas (car j’ai insisté pour avoir beaucoup de tapas). Discussion avec Peter, qui est étonné de la profondeur des relations qui peuvent se nouer sur le Camino… Et moi qui pensais qu’il trichait, à passer son temps à jaser avec le monde… Ben non, finalement.

Bon; demain, va falloir voir où je vais jouer… J’ai au moins une idée de quoi, c’est un début.

Je sens que la journée va être encore plus folle que celle-ci…

English digest: arrived in Santiago, found a cello, drank wine and ate vegan. Lots of fun.

 

De Melide à O Pedrouzo (27e étape, mercredi 14 juin 2017)

Nous sommes partis après un café matinal, Peter, Anita et moi. Marche soutenue, comme d’habitude avec Peter, à part le début, le temps de réchauffer mes pieds, surtout le gauche.

Pendant le premier segment de la marche, Anita nous a fait une présentation biographique et documentaire sur Carl Jung et sa relation avec Sigmund Freud, présentation passionnante, en vérité. J’en retiens que Freud était passablement dogmatique et Jung, pragmatique. [note: Anita précise que Freud travaillait seulement sur l’inconscient individuel, alors que Jung a travaillé sur l’inconscient collectif]

Après un bon moment de marche, nous nous arrêtons pour dîner à A Calle, où nous sommes rejoints par un Américain du Colorado, âgé et totalement charmant, avec qui nous jasons. Sa femme est Galicienne, il parle français et s’appelle… Bobby Fischer!

Nous repartons. La marche est encore par beau temps, chaud, agréable. Un des sujets abordés, la pertinence d’accepter les erreurs plutôt que de les éviter… Petite réparation pour moi… La discussion se poursuit entre Peter et Anita, j’en manque des bouts mais un moment donné, je perçois qu’il est question de la mère d’Anita. Je demande quel âge elle a… Anita répond qu’elle est née en 1968… ! ! ! Bon, ok, le 23… mai… bon, ok… Petit choc du Camino.

Le temps que je récupère, nous sommes rendus à notre dernier village étape avant Santiago. Nous prenons les trois dernières places disponibles à l’albergue où nous nous présentons. Oui, il y a de plus en plus de monde. Nous sommes 18 dans une chambre pas immense, deux douches et deux toilettes pour les hommes, autant pour les femmes (du moins, je le suppose…).

… Pendant ma marche, quelques fois, et plus particulièrement lorsque mes pieds me faisaient des misères, je pensais que, dans à peine plus de deux semaines, j’enseignerai à l’académie de musique de chambre de Mana, et donc serai assis pendant plusieurs heures chaque jour… Je me demande combien de temps il va me falloir pour reprendre tout le poids que j’ai perdu…

Et, surprise, en arrivant à l’albergue, le premier message que je reçois est de Mana, avec la liste des pièces et des participants, plus l’horaire des répétitions pour les profs! La vie montréalaise qui reprend un peu ses droits…

Apéritif (agua mineral con gas… Peter a décidé de ne pas boire pendant tout son Camino, à part à la fontaine d’Iraxe; je suis solidaire et ai décidé de ne pas lui prendre une bière en pleine figure chaque soir; par contre, il nous a bien prévenus, plus d’une fois, qu’à la première occasion passé le panneau annonçant que nous entrons à Santiago, il s’arrête et se commande une bière illico!)… Il fait de plus en plus frais, venteux, et nous gelons à l’ombre.

Une fois retournés au soleil, face à l’albergue, nous attendons impatiemment l’heure de souper, car les restos, ici, servent rarement avant 19h. Lorsque l’heure arrive, commence la recherche. Car Anita est végétalienne, je crois l’avoir dit. Exigeante. Méfiante. Un resto semble faire l’affaire, Donna passe à ce moment et dit qu’il n’y a plus de soupe, nous marchons jusqu’à un autre, qui ne propose que de la viande. Retour à celui qui semblait convenir, conversation avec le mec en chemise bleue, qui nous confirme qu’il y a bien des choix végétaliens dans son menu. Joie! Nous commandons… et attendons…

Je ne sais pas combien de temps il a fallu avant que le premier plat arrive, mais c’était très long.

Avant le second… nous attendons. Longtemps.

Nous sommes entrés au resto vers 19h30, nous finissons notre 2e plat vers 21h30. Il reste le dessert. Peter est de plus en plus impatient. Soit que le mec en bleu est totalement dépassé, soit qu’il est totalement incompétent, ou encore qu’il s’en contrefiche royalement, nous ne parvenons pas à nous décider. Reste que le repas est très bon, mais nom d’une pipe! Nous commençons à craindre de rater la fermeture des portes de l’albergue. La petite femme en t-shirt rouge semble comprendre pas mal mieux que le mec en bleu, malheureusement ce n’est pas elle qui est en charge. En fait, elle semble en avoir sa claque, de l’autre gugusse (pardon…). Peter finit par se lever pour demander notre dessert. Pas de pourboire, cette fois-ci.

Brossage de dents, écriture rapide de ce billet, et bon…

Demain… Santiago…

English digest: we experienced slow food. It was excellent, though.