De Gonzar à Melide (26e étape, mardi 13 juin 2017)

Nous (oui, encore avec Peter; je crois que nous allons nous rendre à Santiago ensemble) sommes partis ce matin, à une heure difficilement définissable; il faisait très brumeux. Nous avons marché dans la base des nuages pour peut-être deux heures (avec encore des tas de leçons d’économie; je n’aurais jamais cru que ça puisse être si fascinant!), pris un café quelque part en marche, avons rejoint, jasé avec puis dépassé Marsha (dont le genou est encore fragile), puis la pluie qui menaçait nous est puis qui est carrément tombée dessus, de plus en plus violemment. Nous nous sommes arrêtés brièvement à l’église de Palas del Rei, où le curé met des étampes dans les credenciales. Nous y avons revu Lily! Encore aucune idée comment elle a pu nous dépasser! Peter achète des timbres et une carte postale, car il s’est engagé, depuis son départ, à écrire à un membre de sa famille (une épouse, un fils, trois filles) chaque jour. Nous repartons dans la pluie et les champs, puis la pluie et la forêt.

Voilà que nous passons devant l’hôtel où veut s’arrêter Marsha; je propose à Peter de nous y arrêter pour dîner. Surprise: Marsha est déjà arrivée! Comme il pleuvait, elle a pris un taxi… Dîner agréable en compagnie d’un autre Peter, canadien, et de Linda (et Marsha, oui). Nous étirons le dîner pas mal, le temps que la pluie se calme

En sortant, moment étrange que je relate dans mon compte-rendu d’une partie de l’échange avec Anita…

Nous progressons dans la pluie qui se calme, puis sous un timide soleil, puis un franc soleil, jusqu’à Melide. D’après les bornes par ici, il nous reste moins de 53 km à faire…

En arrivant au centre-ville, nous tombons sur Helena (et non pas Élaine, désolé) et Bernie, puis Anita arrive elle aussi. La discussion reprend (je devrais dire les discussions reprennent) et j’apprends que Peter a été, pendant ses études, communiste! C’est assez ironique pour me faire rire!

Parlant d’extrémisme… Anita n’en revient pas d’apprendre que des gens prennent des bus ou des taxis pour s’avancer, en prétendant faire le Camino! Peter lui sort deux exemples, pour l’amadouer; il lui parle de Magali, qui a pris un bus pour rentrer plus tôt à la maison et faire une surprise à son mari, motif aimable; je parle de Marsha, qui en est à son cinquième Camino et qui a un genou blessé, motif médical… Mais, pour être franc et balancé, je raconte aussi que Peter et moi avons vu deux jeunes femmes (mi-vingtaine maximum; Peter croit qu’elles étaient Américaines) entrer à l’hôtel où nous venions de finir de dîner, puis en sortant j’ai vu le taxi qui attendait, moteur tournant, puis les deux jeunes filles qui ressortaient avec leurs sacs à dos qui avaient été livrés à l’hôtel, puis reprenaient le taxi. Nous avions beau nous dire, à chacun son Camino, nous avons eu de la misère avec ça. Comme disait Peter à Anita, pourquoi ne pas prendre l’avion directement vers Santiago, dans ce cas?

Anita est végane; Donna connaît un endroit où on sert de l’excellente pieuvre… Anita rentre à l’albergue pendant que Peter et moi mangeons de la pieuvre… Donna boit un verre, elle a déjà soupé.

Puis, nous rentrons, Donna vers son hôtel, Peter et moi vers l’albergue, mais en chemin il me laisse, c’est le temps de remplir ses devoirs familiaux: il appelle sa femme et écrit sa carte postale du jour (celle de tantôt était pour hier, parce qu’il n’y avait aucune carte postale à Gonzar!).

Et moi? Je me trouve un banc dans le parc un peu moche en face de l’albergue, pour écrire mes billets dans la belle lumière et la douce chaleur du soleil couchant. Décidément, à peu de temps près, j’ai vraiment été gâté, point de vue météo!

English digest: too much stock to put in just one or two sentences, sorry. It was a fun day, though.

Un geste de Peter (Gonzar, 12 juin 2017)

J’ai oublié de raconter cette aventure d’hier soir…

Nous approchions de Gonzar. Je vois devant au loin, deux femmes, dont la seconde qui semble sur le bord de tituber. En la dépassant, je lui demande si elle est correcte? Oui, oui… Peter fait plus et mieux; il encourage les deux femmes en leur disant que Gonzar n’est plus bien loin et que deux bières vont les attendre à leur arrivée. La plus accablée retrouve un rien d’énergie. Nous repartons, arrivons au village, trouvons notre albergue (chemin presque caché), Peter se présente, commande les deux bières et part avec les deux verres. Je reste au bar à compléter ma réservation; la serveuse, qui s’occupe aussi de l’albergue, ne comprend pas trop ce qui s’est passé, entre Peter qui demande si deux femmes ont une réservation ici, son départ avec les bières, et tout et tout…

Peter revient quelques minutes plus tard, portant le sac de celle qui allait le plus mal, les deux femmes ont entamé leurs bières et vont visiblement mieux.

J’ai vraiment admiré la manière dont il a amélioré leur fin de chemin pour la journée.

English digest: Peter is a great chap.

Dîner à Casanova (mardi 13 juin 2017)

… en fait, Casa Domingo, juste avant Casanova, mais bon, tsé, juste pour dire…

Commencé la matinée dans les nuages, maintenant il pleut depuis un moment.

J’ai été piqué par je ne sais quoi… Ça démange.

English digest: it is Tuesday and it’s raining. Coffe was good, let’s go again, if it calms down…

De San Mamede à Gonzar (25e étape, lundi 12 juin 2017)

Réveillés ce matin un peu plus tard; lorsque ma montre a sonné, juste avant 6h, les deux Slovènes se sont levés tout de suite, Peter et moi sommes restés tranquilles un moment.

Chants d’oiseaux, déjeuner, départ vers 7h20… Marche, assez soutenue et sous les nuages, jusqu’à Sarria, où nous prenons un vrai café.

De Sarria à Portomarin, tranquillement, le ciel se dégage. Jusqu’à maintenant, j’aurai vraiment eu un temps magnifique pour faire mon voyage.

En chemin, Peter me parle de vente, de mise en marché… Et j’ai encore l’impression incroyable que tout arrive à temps, tout arrive à point. J’aurai des devoirs à faire, en rentrant, mais c’est bien.

Je dépasse une femme que je salue par mon « Bonjour, Buen Camino! » habituel, elle me répond de la même manière, j’entends l’accent québécois… Nous jasons un moment, elle me raconte qu’elle marche depuis un moment mais a été malade quatre jours… Peter nous rejoint, quelques mots encore, nous partons… Il me redemande le nom de la dame, « Manon », il dit que c’est très français, je lui dis qu’il y en a quelques-unes au Québec, que par exemple…

Et ça percute enfin dans ma tête! Je retourne vers la dame et lui dis: « Manon, la femme de Benoît? » Son sourire illumine le sous-bois. « Tu as rencontré Benoît? » Je lui raconte, et prends sa photo. Dire que je ne leur ai même pas doné le lien de mon blogue!…

Nous repartons, reparlons, et rencontrons un jeune Français, Tony, qui marche depuis chez lui à Tours. [Comme j’écris, Bohemian Rhapsody joue à la radio] Voyage en Amérique du Sud, papiers volés, retour à la maison d’urgence, travail qu’il n’aime pas, plante tout pour marcher…

Le soleil revient, nous avançons encore, et…

Passons finalement la marque des 100 kilomètres restants!

Le marquage est beaucoup plus précis, je dirais même intense, en Galice (ou Galicie?); il y a des bornes, parfois plusieurs fois par km, avec les indications de distance restante au mètre près… Lorsqu’elles n’ont pas été arrachées par les collectionneurs de souvenirs!

Petite collation dans un village dont le nom m’échappe… désolé… et où le wifi ne me permet pas d’écrire quoi que ce soit… Désolé derechef.

Bref passage par Portomarin, jolie petite ville avec une rue en arcade, une église de forme remarquablement recangulaire, et un long pont sur lequel la brise est vraiment agréable.

Marche en forêt, marche au soleil (il fait de plus en plus chaud, encore), arrivée à Gonzar, bien trop longtemps après avoir vu sur la route le panneau annonçant le village…

En entrant à l’albergue où Peter a réservé, je tombe sur… Marsha, qui est arrivée depuis un moment. Peter, lui, retrouve ses trois amies, Donna (qui a donné la coquille à Tina au début de leur voyage), Bernie et Élaine (après avoir porté secours à deux Finnoises écrasées par la chaleur à l’approche du village!).

Pendant l’apéritif, je jase avec Marsha et Torbin, un Danois qui fait le Camino en béquille. Il est parti juste quelques jours avant moi! Son dos est faible, ou croche, ça fait qu’il a de la difficulté avec sa jambe gauche (c’est fou, on dirait que tous les bobos sont à gauche…). Il est ravi de son Camino.

Souper à six, Torbin n’a pas encore faim. À mon bout de table, la conversation s’engage avec Marsha, Benie (une Australienne, femme d’affaires), parfois avec Élaine, Belge vivant à New York. Je vais voir ce que je pourrai en raconter…

Soupe, plat principal, dessert… Vendredi, ça va être l’anniversaire d’Élaine (entre autres; c’est aussi celui de ma mère…). Et voilà Peter qui se tourne vers moi et me demande, s’il trouve un violoncelle, si je jouerais pour son anniversaire…

Bon ben ok. Après ses leçons de marketing, je peux bien faire ça.

… Comme je commence à écrire ceci, Peter vient me voir et me dit qu’il aurait quand même pu m’en parler avant… Je pose mes conditions, aucune ne pose problème… Reste à son assistante à trouver un bon violoncelle et un bon archet à Santiago…

English digest: less than 100km to go, and life is crazy, sometimes. Both go along, I suppose… 🙂

Leçon du Camino…

… Lorsque le déjeuner est gratuit ou inclus dans le prix du lit…

…Il n’y a pas d’espresso; juste du café instantané.

Achever le Camino… (11 juin 2017)

En passant par tous ces endroits magnifiques, toutes ces villes, ces villages, en pensant aux gens rencontrés que j’aimerais revoir, je me dis que j’aimerais faire ce Camino plus lentement, genre, en prenant deux ou trois fois plus de temps…

L’ennui, c’est qu’il me faudrait aussi deux ou trois fois plus de fric…

English digest: Where’s the money?

De Laguna de Castilla à San Mamede (24e étape, dimanche 11 juin 2017)

Donc, après notre dîner, nous avons repris notre marche. Avec Peter, ça va pas mal vite.

La marche a été dans la grisaille pour un bout, puis le soleil est revenu, puis la fatigue des pieds est revenue, puis…

Puis nous sommes arrivés à une albergue qui se trouve être à vendre… On y a été servi un excellent souper végétarien, avec une magnifique soupe aux lentilles! C’est simple, j’en ai pris trois fois!

J’ai eu comme voisine Marsha, une charmante sexagénaire de l’Île de Vancouver. Une rivale: elle voyage et tient un blogue sur les rencontres qu’elle a fait sur le Camino! C’est son cinquième chemin, mais cette fois-ci elle a mal au genou et prend parfois le bus ou le taxi. Son premier était à l’invitation d’une amie, qui voulait voyager avec un groupe de femmes, et finalement elle s’est retrouvée être la seule autre membre du groupe… Je lui dis que comme c’est son 5e voyage, au total, ça fait un petit groupe…

Et là je blogue dans le soleil couchant, en pensant que mon voyage achève, du moins la partie de la marche vers Santiago; d’ici, il reste moins de 120 km à faire…. Je pourrais avoir fini cette partie, euh, jeudi? J’en reviens à peine, je dois dire, avoir marché autant, y avoir pris autant de plaisir, voir sur la carte du nord de l’Espagne là où j’en suis rendu… et que ça achève déjà.

English digest: met a rival blogger, had lots of fun, but it may be because the soup was so good.

Dîner à Triacastela (dimanche 11 juin 2017)

Cette nuit, je me suis réveillé à 2h quelques, 3h quelques, mais quand mon réveil a sonné à 5h35, je dormais profondément! J’ai eu le sentiment que toute la chambre s’était tournée vers moi lorsque j’ai enfin allumé!

Départ autour de 6h14, dans la nuit qui finissait. Heureusement que nous ne sommes pas partis plus tôt, nous aurions manqué des flèches dans le noir!

La montagne était très belle, nous sommes passés en Galice assez vite après le village.

Rendus à O Cebreiro, nous montons admirer le lever du soleil sur la Galice (ou Galicie? Va falloir que je vérifie…). « Nous », car je suis avec Peter, le charmant ingénieur anglais qui vit en France, bientôt président d’unen filiale d’un grand groupe chimique.

 

Nouveaux paysages, nouvelles montagnes, nous marchons dans les hauteurs, puis descendons dans les nuages…

Nous arrivons à Triacastela, passons devant un châtaigner de 800 ans puis nous arrêtons pour dîner, et voilà Michaël qui passe…

English digest: waking up that early was not easy but the ensuing walk was lovely.