J’ai décidé de descendre déjeuner à Fuentestrella en sandales; mettre mes bottes juste après…
C’est fou comme cette simple décision m’a rempli de bonne humeur!
English digest: sandals feel good!
Bienvenue sur le site de Nicolas Cousineau
Réflexions et observations…
J’ai décidé de descendre déjeuner à Fuentestrella en sandales; mettre mes bottes juste après…
C’est fou comme cette simple décision m’a rempli de bonne humeur!
English digest: sandals feel good!
… Dans trois semaines, je serai en train d’écouter ma cousine chanter…
Mais avant, je suis curieux de voir ce que le Camino va m’apporter d’autre…
Donc, comme je disais, deux, non, trois Québécoises ici, ce soir: Eugénie, Nathalie et Nathalie. Les deux premières sont amies d’adolescence et se promettaient de faire le Camino depuis deux ans au moins. La troisième travaille au même endroit que la seconde, elles s’en sont aperçu par hasard en jasant ce soir. Les deux premières prennent leur temps, je doute de les revoir; la troisième se lève un peu plus tôt que les Allemands, j’ai de fortes chances de la retrouver en chemin.
Ensuite, je suis allé souper plus vers le centre, à l’endroit où je m’étais arrêté tantôt.
Grande table, nationalités variées, paëlla géante, vin, salade, dessert… Et deux récits de Manuel, l’aubergiste: le premier porte sur l’histoire de la paëlla, le second, sur sa propre histoire. Il m’a permis de la reprendre; j’espère ne rien oublier.
Un jour, il s’est trouvé fatigué de vivre de petit contrat en petit contrat, trois mois ici, un an là… à faire des boulots qui ne l’intéressaient pas tant que ça, voire pas du tout. Il a quitté son emploi, fait son sac et est parti sur le Camino. Pas pour se trouver une job, mais bien pour se trouver lui-même.
Le long du chemin, il est passé par une auberge dont les valeurs lui ont plu. En revenant chez lui, à Barcelone, il est allé voir sa famille pour dire à tout le monde qu’il les aimait beaucoup, mais qu’il repartait faire sa vie sur le Camino. Il est retourné travailler à cette même auberge.
Un jour, une pèlerine Bulgare est passée, Le courant s’est tout de suite établi entre eux. Le lendemain, elle est repartie, en disant qu’elle reviendrait peut-être. Manuel s’est mis à compter les jours, puis s’est éventuellement dit qu’elle arriverait probablement… demain! Mais Svetlana avait marché deux fois 44 km par jour, elle est arrivée le soir même! Manuel nous a dit que ses sentiments étaient comme un cheval en folie!
Svetlana est repartie… puis revenue un mois et demie plus tard, avec un sac à dos plus gros… Ils ont travaillé ensemble à l’auberge, puis se sont ouvert un café, puis un autre, puis finalement l’auberge où ils sont présentement, à Hontanos.
Il nous a parlé de ce que pouvait être le Camino pour chacun d’entre nous, en utilisant une image: une roche dans la rivière, qui fait une onde qui s’élargit. Il nous souhaite, tous ensembles, de créer une onde de plus en plus large, de plus en plus englobante, un peu à l’image de ce souper partagé entre plusieurs nationalités, entre des frères et sœurs humain(e)s.
Puis ili a chanté, en s’accompagnant juste de ses mains… c’était émouvant!
Avant de partir, je lui ai posé une question… J’ai entendu parler, de source sûre, d’un pèlerin qui, après avoir vomi toute la nuit, n’a même pas osé demander rester à l’auberge où il était, passé 8h (de qui en dit long sur la solidité de la culture de la sortie obligatoire lorsque c’est l’heure!); que ferait Manuel?
Il a eu l’autre jour quelqu’un qui avait une migraine trop forte pour pouvoir partir; il l’a gardé, le temps nécessaire. Il m’a dit aussi qu’il ferait ce qu’il peut faire, dans un cas grave, et que s’il ne pouvait rien faire, il s’occuperait de faire venir les secours compétents.
Ça me rappelle que Jésus a dit, il me semble, que le Shabbat a été inventé pour l’humain, et non l’humain pour le Shabbat, ou quelque chose du genre…
… Pour voir Manuel et Svetlana, passez à l’Hostal Fuentestrella!
… Et à l’Albergue Juan de Yepes (excellent dodo)
English digest: had paëlla, a story and a song, all very moving.
Donc, ce matin, parti relativement tôt, ou relativement tard, rattrapé puis dépassé par Ana…
Déjeuné à Rabès de las Calzadas, il me semble, monté une pente qui semble infinie, marché sur un plateau, descendu à pic, ramassé une veste perdue en chemin, proposé la veste à trois personnes rencontrées avant Hornillos, la troisième (Michel) était la bonne, dîné à Hornillos del Camino. Revu, au dîner, les deux Argentins, Nora et Ricardo, qui doivent prendre une journée de repos à Hornillos: Ricardo a une tendinite au tendon d’Achille droit… Revu Michel en sortant, qui me cherchait pour me remercier et m’offrir un verre… Il va à Hontanos, je lui dis qu’il aura une autre chance.
Ricardo m’a raconté son histoire: son père, un Basque, a quitté l’Espagne en 1925 pour ne pas partir à la guerre, en Afrique du Nord. Il n’est retourné qu’une fois en Espagne, dans les années 40 ou 50, mais il a eu des problèmes parce qu’il avait évité le service militaire. Il est mort en Argentine.
RIcardo et Nora ont, en fait, quitté l’Argentine il y a 25 ans; vécu en Bolivie, au Chili, au Vénézuéla… Leur fille vit maintenant à Madrid et leur fils à Barcelone.
Il y a quelques années, RIcardo a fait un bout de Camino, de Leon à Santiago, en vélo, en groupe. Il s’est promis, à l’époque, de le faire à pied à sa retraite. Il est maintenant retraité de Nestlé et sa femme, qui travaille dans une église (je ne suis tellement pas surpris!) est ravie de faire le Camino elle aussi!
Mais… Ils ont commencé par une vaste réunion familiale, dans le pays Basque, avec les 15 cousins et leurs familles!
Puis, je suis reparti. Après Hornillos, il y a une autre montée infinie, un autre plateau… Puis je me suis retrouvé tout seul sur le Camino, tout en haut du plateau; personne en vue, à tour d’horizon.
Daniel, Tina, Jürgen, Bernhard, Stefano, Denise, Kep Soo, Gerhard, Sigrid, Heike, Andreas, Ana, Illuminada, Michel, Nora, Ricardo, où êtes-vous?
Continue…
Continue…
Respire, sens le soleil, la chaleur, le parfum des fleurs, le bruit de tes pas, le son des insectes, des oiseaux, le vent…
Continue…
Silence, les voix dans ma tête… enfin…
Une personne, sur la côte en face, très loin…
Une voix dans ma tête: « C’est pour ça que je suis là! »
Le pas se calme, les odeurs, les sensations sont plus fortes, j’accélère… oups, mon pied gauche n’aime pas…
Plus tard, je rejoins la personne qui me précédait, sui s’est arrêtée à l’unique point d’ombre du plateau: Andrea, une (autre) Allemande, qui se demandait à quel point elle était seule sur ce chemin!
Après une petite pause, nous repartons ensembles, vers Hontanos, qui n’est plus qu’à deux kilomètres. Elle a réservé, pas moi. Il y a un hôtel sur la place qui semble très bien… mais c’est un peu plus cher que mon budget. Le propriétaire me suggère de réserver une place pour la paëlla de 19h, puis d’aller m’inscrire à l’albergue juste un peu plus haut (Juan de Yepes). Je remonte, m’inscris, et…
Bernie est derrière moi qui me salue! Jûrgen est dehors!
Ils ont passé deux jours à Burgos. Sinon, je ne les aurais jamais rattrapés.
En sortant de la douche, je vais me prendre une bière; Michel est en train de s’incrire à l’albergue! Je commande ma bière et dis au patron de la lui facturer! Michel me remercie encore.
Et voilà où j’en suis. Il est 18h05 heure locale, et je crois que ça a été ma journée la plus chargée, en un sens, depuis le début du Camino. Il fait splendidement beau, encore, l’albergue Juan de Yepes est une autre de mes recommandations, en vérité, et…
Et ce billet-ci est assez touffu comme ça.
English digest: being alone on the Camino can be… good, finally; clouds in the sky can be… good, finally and meeting friends is… good!
p.s. J’entends parler avec l’accent québécois…
À 6h30, la patronne allume les lumières et met de la musique; les déjeuners sont déjà sur la table, pour ceux qui en ont réservé: café filtre, petit pain sucré, margarine, machins divers… Je pars tard: il est presque 7h; toutefois, je crois être le premier à sortir. Il y a plusieurs Français qui finissent leur chemin ici.
Je me chausse et fais une salutation générale, à laquelle personne ne répond, sauf Ana, depuis là-bas, tout au fond.
Quelques pas plus loin, je croise une Espagnole que j’ai vue plusieurs fois, sans encore lui avoir parlé. Je l’aborde en me présentant. Elle s’appelle Illuminada! Je n’en reviens pas mais n’ose pas demander si c’est son vrai nom! Photos devant la cathédrale de Burgos, puis… toutes dernières salutations à Kep Soo. Les deux (les trois, en fait, il y en a une autre que je ne connais pas) vont vers la gare de bus, Illuminada rentre chez elle (Alicante, il me semble), c’est la fin temporaire de son 4e Camino, Kep Soo part pour Leon, elle a déjà marché la Meseta.
Sortie de Burgos, marche dans les champs… Petite pause près d’une fontaine, reprise de la marche, et je suis dépassé par un groupe dont la dernière personne est… Ana! Qui me dépasse en quelques secondes! Elle qui boitait douloureusement hier soir au refuge!
Hier, j’ai haussé la cadence pour rejoindre les Canadiennes, après m’être fourvoyé de chemin; aujourd’hui, mon pied gauche réagit juste à y penser.
Juste après qu’elle m’ait dépassé, je dépasse un « couple de voyageurs », un homme et une femme qui parlent parce qu’ils sont sur le Camino à la même vitesse. La femme explique qu’elle a tout perdu, travail, maison, amour, auto, l’auto en dernier… Que son travail ne peut pas être fait auprès de gens qu’elle connaît directement; l’homme répond qu’il est conseiller lui aussi… Je ne me suis pas invité dans la conversation, et un hélicoptère faisait du sur place, pas loin, alors j’ai perdu le reste… Mais j’aimerais bien pouvoir recueillr leurs histoires…
Une qui a tout quitté, hier, une qui a tout perdu, ce matin, et un autre témoin de je ne sais pas encore quoi au juste…
L’autre jour, je pensais que c’était comme un immense jeu à points; ensuite, j’ai pensé à une grande tapisserie; hier, je songeais à un grand wampum, ces ceintures cérémoniales brodées qui pouvaient servir de monnaies d’échange,,, si ma mémoire est bonne.
Et voilà que Gilles et Jacqueline Tremblay, et Emmanuel, et Joëlle, Jean-Françcois, Raphaël, Annelaure, Jeanne Éloïse, sa sœur… (faudrait que je révise mon facebook!), Odile, Rose… (oui, une vaste famille! Mes excuses à qui j’oublie!) me reviennent en tête. Comment vont Gilles et Jacqueline?
Ah, la pause fait du bien, ce matin.
English digest: one left all, one lost all… Camino people come from all walks of life (oops)…
Après ma collation et ma rédaction, visite de la cathédrale de Burgos.
Je n’ai pas été déçu: elle est magnifique. Oui, j’ai pris quelques photos, mais ça ne vaudra jamais ce que pourront prendre les professionnels. Je suggère de chercher quelques sites à ce sujet.
Bon, d’accord, il y avait certainement des buts politiques, des buts religieux, mais tout de même, tout ça est passé par l’art, un art raffiné, avec un souci du détail poussé à l’extrême: il y a de la beauté partout où on regarde. Je fais toujours attention à mon usage des superlatifs, mais cette fois-ci, je vais le répéter: je l’ai trouvée magnifique.
Croisé Kep Soo, et cette fois-ci ce sera vraiment la dernière: elle prend un bus demain pour aller à Leon. Elle me dit que nos conversations l’ont aidée dans son cheminement… sans me dire pourquoi, ni en quoi, ni quel est son cheminement, mais je la crois. C’est un autre cadeau du Camino.
Croisé aussi Sigrid, Heike et Andreas. Mais à la sortie de la cathédrale, personne… alors que je croyais qu’il y avait un genre de rendez-vous… tant pis. Croisé Isolde, en grande conversation, alors je la salue de loin, puis me cherche un endroit pour souper. Pour une fois, je suis une suggestion du Petit Fûté (en fait, c’est la seconde fois), et me régale à la Quinta del Monje.
Petite promenade en ville avant de rentrer, puis… puis il y a du jazz smooth, piano, guitare, dans le café juste à côté de mon albergue. J’ai le goût de venir écrire, même si, bon, c’est américain… Mais après tout, je me suis régalé de Michaël Jackson à la Quinta.
(note: y en a-t-il encore parmi mes lecteurs qui se demandent à quoi ça sert, les quotas en culture? Je n’entend pas des tonnes de musique espagnole…)
Je monte donc chercher mon chargeur, plier mon linge sec… puis tombe en conversation avec Ana, la grande Catalane que je croise depuis quelques jours.
Très expressive, elle me raconte qu’elle a laissé tomber son travail aux Correos pour faire le Camino sans contrainte de temps… Elle n’en revient pas lorsque je lui dis que je trouve ça courageux…
Bon; histoire de l’art, management, comédienne, danseuse… je vais peut-être avoir matière à histoire dans les prochains jours… Si elle parvient à marcher: elle boite douloureusement, à cause d’une ampoule au petit orteil droit…
Nous projetons le même 31 km demain. Nous verrons si ça a lieu, dans un cas comme dans l’autre (mon pied me laisse presque tranquille ce soir…).
Reste que… La priorité sur le Camino, ce n’est pas la jasette; c’est… le Camino.
English digest: Burgos cathedral is beautiful. La Quinta del Monje makes excellent tapas. Ana is very expressive.
En Espagne, la collecte des résidus est bien organisée, il y a des conteneurs pour les déchets, pour le verre, pour les métaux, pour le papier et le carton… Et ce matin, un des camions de collecte est passé à 4:09. Grrr!
Bon, enfin… Vaguement, rendormi, reparti un peu avant 7h, déjeuné vers 8h et quelques, deux villages plus loin (il y avait une affiche, quelque part, qui disait que « pour votre sécurité les villages de X, Y et Z vous proposent de passer par le tracé de l’ancien chemin de fer »; j’ai laissé tomber), Garednuela, comme je l’écrivais tantôt.
Par contre, j’ai oublié de dire que j’avais croisé, au café, Dena, Jo et Sandra. Dena m’a raconté, elle, qu’elles ont croisé des Irlandais, la veille, qui font le Camino à petite dose: trois jours par année! Ils descendent en voiture d’Irlande, stationnent leur auto au premier village de l’année, marchent jusqu’au suivant, se réservent le gîte puis prennent le taxi pour retourner chercher leur auto, qu’ils conduisent au village suivant puis prennent un taxi pour revenir à l’actuel!
Comme quoi il y a vraiment beaucoup de façons de faire le voyage! Je ne me sens toujours pas pèlerin, j’aime encore mieux me dire voyageur, mais Kep Soo et le couple d’Argentins sont de vrais pèlerins. Certains pèlerins et certains voyageurs font tranporter leurs bagages, comme je l’écrivais une autre fois. Il y a aussi des gens qui ont leur credencial et l’utilisent pour dormir pas cher dans les albergues, dans un genre d’atmosphère simple, mais prennent le bus lorsque l’étape les ennuie, genre trop de chemin longeant la grand route… J’ai envie de les appeler des « pèleristes »… J’en parlais avec Dena, elle a proposé « tourgrims », en anglais.
Le reste de la marche a été plutôt sans histoire: douce descente vers Burgos, passage au sud de l’aéroport (un seul avion sur le tarmac; ça fait peu pour mon fix de la semaine!), tourné à droite au chemin principal (vu de loin l’ancienne aérogare et un second avion) et pris la route principale vers Burgos.
Pas jojo, en vérité; des tas de camions, zone commercialo-industrielle plutôt moche… Puis enfin la vraie ville.
Je dois dire, entre parenthèses, que, même si la ville est très belle, lorsque j’ai redécouvert hier que Burgos avait été le quartier général de Frano pendant la guerre civile, ça a un peu assombri la perspective de ma visite…
Mais, bon, après le policier qui m’indique le chemin en français, après m’être trompé d’albergue (Santiago et Santa Catalina; patronne sympa, trois règlements: heures de couvre-feu et de sortie, pas d’alcool et douche obligatoire!) mais douche (obligatoire, je le rappelle) très… Pour prendre un mot d’un autre client, Français, « On a l’esprit des colonies de vacances! ». Pas juste l’esprit, à mon avis.
Puis je sors enfin dîner et prendre la traditionnelle bière de fin d’étape. Là, assis sur la Plaza Mayor de Burgos, sous ce ciel qui s’est enfin bleui et ce petit vent léger, avec ces excellentes lentilles, tout à coup je me sens en vacances, pour la première fois depuis mon départ. Cadeau du Camino? Je ne sais pas, mais c’est très agréable.
Ma mère me suggère de me trouver un petit sac pour remplacer le vert… Je finis par trouver El Corte Inglès… mais pas trouver ce que je cherche; il y a des tas de sacs chics, qui, à mon sens, ne vont pas dans le sens de notre déplacement de groupe actuel. En plus, ils sont tous rembourrés, donc plus lourds que nécessaire. J’ajoute que ça fait drôle d’entrer dans un tel centre de la consommation, pendant un Camino.
Si le Camino veut que je me trouve un sac, il va me sauter au visage, tôt ou tard.
(Ma voisine de table, Croate, vient de m’offrir des cerises. Miam!)
English digest: feels like holiday. Nice!
Hier soir, j’ai eu froid, pour la première fois depuis les Ports de Cize. J’ai été très content d’avoir suivi les recommandations du jeune homme chez MEC, sur les couches de protection.
Ce matin, départ dans la grisaille. Attention: partir doucement, le temps de se réchauffer; ne pas forcer la vitesse, éviter les grosses roches et surtout la supination intempestive… Tant que je respecte les termes du contat, mon pied gauche collabord admirablement. Sauf que, contrairement à ce qui peut se faire dans certaines administrations publiques, pas de pot-de-vin possible, même si je ne suis qu’à quelques minutes d’hélicoptère de la Rioja…
Maintenant, on dirait que mon mollet droit est jaloux de l’attention apportée au pied gauche… Que désires-tu, toi, au juste?
English digest: cold evening, greyish morning, left foot behaving, right leg not quite as much. Coffee and zumo de naranja and tortilla con patatas are good.
Pendant le souper, Gerhard me vante la vue depuis la petite église du village, qui est sur une butte. J’hésite à y aller, vu la fatigue de mon pied gauche. Gerhard insiste, c’est magnifique et pas vraiment loin. Heike propose de m’y accompagner après souper. Bon, d’accord.
Heike est infirmière en gériatrie, spécialisée en soins palliatifs, fin vingtaine. Elle me raconte son travail; je lui dis que j’en ai une petite idée…
Elle ajoute que, voici quelques semaines, dans un seul quart de travail, elle a perdu trois patients d’affilée… Et que, même si elle aime ce travail (qui était aussi celui de sa mère, ai-je appris plus tard), c’était difficile.
Nous parlons du Camino, de ce qu’on y apprend chaque jour, sur nous-mêmes… Elle était très timide, maintenant elle parle (presque) facilement avec le monde… après avoir passé une première journée de marche où, selon son souhait, elle n’a vu personne et n’en a pas été heureuse du tout!
Puis, elle me dit que, voici quelques jours, pour la première fois de sa vie, elle a été fière d’elle…
Veut-elle raconter?
Oui, mais je dois promettre de ne pas rire…
Ok
Alors voilà; elle a toujours eu peur des papillons… Et il y en a des centaines sur le Camino, des milliers, partout… Et un jour, elle s’est trouvée au milieu d’une nuée et a trouvé ça magnifique. Elle a appelé son frère, en pleurant au téléphone. Lui, il a ri d’elle, en disant quoi, tu as un métier incroyable, tu aides les gens en détresse, et tu n’as jamais été fière de toi?
… J’ai deviné que c’était un frère aîné…
Je lui souhaite de continuer d’être fière d’elle et d’avoir confiance d’aller vers les gens…
… Je veux dédier ce billet à Quynh… qui s’occupe de tant de monde en détresse (ou pas) avec grâce.
English digest: getting rid of one fear, no matter which, is a great gift to oneself.
Ce midi, juste avant la pluie et le ciel bleu, il y a eu Angel, le tenancier du café à San Juan d’Astorga, qui m’a expliqué comment reconnaître la cuisine locale: c’est celle que les gens du pays mangent, pas seulement les touristes. Il m’a aussi dit un truc pour trouver un bon resto, bon rapport qualité-prix: aller là où les camionneurs mangent. Ça m’a fait penser à mon père, qui avait appliqué ce truc avec succès, quelques fois…
Ce soir, juste comme je me préparais à aller au resto en face de l’albergue, une jeune fille arrive et me demande si j’ai faim? Ben, euh, oui, quoi? Parce que nous avons des spaghettis en trop; aimez-vous les spaghettis? Euh, ben, euh, oui… Faut juste les réchauffer mais il y a un micro-ondes…
J’en reviens à peine… Me voici avec une casserole pleine de spaghettis en main… Je transfère le tout dans une assiette creuse et me cherche une place. Une tablée d’Allemands me voit et me fait signe de les rejoindre. Ils m’offrent du vin, en plus! Et, à la fin du souper, mon assiette disparaît et la vaisselle est faite sans même que je m’en sois aperçu!
Et c’est eux qui m’ont donné les deux histoires suivantes…
Il y a un site archéologique à deux km d’ici, mais je n’ai plus le courage de marcher jusque là!
À la place, il y a, dans l’albergue, le Father Joyful, que j’ai pris en photo parce qu’il me fait penser à Philippe Mius d’Entremont. Quand je lui ai dit qu’il me faisait penser à un ami violoncelliste, ça l’a surpris: la plupart des gens qui le prennent en photo trouvent qu’il a l’air d’un « vrai » pèlerin… Ça doit vouloir dire que Philmius a l’air aussi d’un pèlerin…
… Un « père » qui tire au tarot et raconte des histoires pour payer son voyage par donations…
Je sens qu’un dialogue entre Philippe, le Prince du Malaise, et lui, le Père au Tarot, serait délicieux.
English digest: Father Joyful is a sight to see, a bit like my friend Philippe.