Esquissé passé, funérailles à Outremont, 1er juillet 2017 (2)

-« …C’était magnifique, votre musique! C’est-tu toi qui étais derrière le, le…  ? [il s’adresse à moi en parlant du buffet de l’orgue]

-Non, moi j’étais au violoncelle.

-Ah, ben… C’tait bien…

-Bien pareil?

Il se tourne vers la flûtiste:

-Ah … la flûte, moi c’est, moi c’est…

Et il a assez serré de mains, alors il s’en va (après tout, parmi les parents amis et collègues, il fait partie de la troisième catégorie). La flûtiste me regarde en souriant très très largement:

-Moi c’est, moi c’est… Moi c’est quoi?!

[Merci Manon pour la correction!]

Esquissé passé, Montréal, mercredi 28 juin 2017

La maison au coin de la rue est en travaux de remplacement des portes et fenêtres. Il y a, sur le côté, des rubans d’accès interdit, des cônes oranges et une nacelle mécanique stationnée le long du trottoir. Un petit vieux, pantalons gris clairs, gilet de laine gris bleuté clair, casquette de laine beige, s’engage à petits pas lents entre les cônes et l’engin… Je contourne par la rue.

Rendu vis-à-vis la perche de l’engin, je vois le petit vieux tout courbé qui passe sous ladite perche; il y a une grosse plaque métallique juste à côté de sa trajectoire. Je lui dis: « Attention à votre tête! »

Il se relève un petit peu, me lance un minuscule regard, se recroqueville tout de suite en criant « Aouh! »…

… Puis se relève tout de suite, « Scusez-la! », deux yeux bleus bien clairs sous la visière, un regard de vieux sacripant content de sa blague. La dame qui me suit rigole.

Esquissé passé, Navarre, 24 mai 2017

« I don’t want to make the wrong mistake again! »

(un marcheur anglais qui s’était perdu, quelque part entre Pamplona et Logroño; j’avais pris une note mais je crois que j’avais oublié de la publier…)

Esquissé passé, Galice (ou Galicie?), 20 juin 2017)

Je vois un chat couché en sphinx dans un champ, et un peu plus loin un étourneau qui s’approche en marchant vaguement vers le chat. Le chat fait comme s’il ne percevait rien…

J’aimerais voir la suite, mais je suis en autocar et trop vite passé…

Quelle différence, marcher, pouvoir « vivre » les paysages traversés…

Esquissé passé, hameau en Espagne, dimanche 18 juin 2017

J’entends un tracteur approcher, derrière la maison qui cache l’angle du chemin. Il y a d’abord un grand chien noir qui arrive en courant, s’arrête pile au coin, se retourne un bref instant et repart en courant et me croise sans un regard, tout occupé et content d’ouvrir le chemin au tracteur. Le fermier, lui, répond à ma salutation d’un geste et d’un « ¡Ola! » que je lis sur ses lèvres à travers la vitre de la cabine.

Benoît et Manon (San Isidoro de Valdeiglesiais, 7 juin 2017)

Rencontré Benoît, technicien comptable de Brownsburg, au nord de Lachute. Il me raconte que sa femme et lui font le Camino chacun de son bord; elle avait une semaine d’avance au départ, je crois comprendre que ce n’est plus tout-à-fait le cas, mais bon, le principe est que chacun vit son propre chemin.

Il me raconte qu’il est travailleur autonome, sa femme aussi, ils travaillent dans la même firme, la leur… Pendant leur absence, leur fille et la belle-sœur de Benoît s’occupent des urgences et de faire tourner la boîte. Au retour, vers la mi-juillet,il va y avoir du boulot, oui, mais pas une montagne.

D’ailleurs, il ajoute que sa femme lui a écrit à ce sujet, la veille: « Bon, en rentrant, on fait ce qu’il y a à faire, puis on se prend deux semaines en août pis on part en lune de miel! »
-Hey, ça va faire 63 jours qu’on se s’ra pas vus!