Ce billet est le dernier de ceux évoqués dans ma liste d’il y a cinq jours…
Samedi dernier, j’avais deux gigs, puis une autre dimanche matin. La première était un mariage, qui avait lieu dans un genre d’usine à mariages à Laval, un grand bâtiment avec des salles de conférences ou de réceptions de tailles variées, avec des tapis mais pas de fenêtres, sis dans un centre commercial. « Notre » mariage avait lieu au sous-sol, dans une salle assez vaste, décorée de ces trucs que j’aime si peu: de grands vases dans lesquels flottent des chandelles… Ça me donne tout le temps une impression d’incendie qui n’attend que la bonne occasion pour se déclencher… Et nous, les musiciens, qui sommes toujours loin de la sortie… Enfin, presque toujours: ce soir, j’ai joué pour un autre mariage, et nous nous sommes fait demander de nous déplacer, parce que nous empêchions le cortège d’entrer dans la « salle », cortège qui commençait par deux énormes chiens! Mais c’est une autre histoire…
Alors donc, ce mariage avait littéralement lieu dans un sous-sol de centre d’achat. Il y avait à quelques pas de moi une dame début cinquantaine, je crois, avenante, qui aurait pu être belle, n’eût été de sa robe bleue à paillettes, tellement échancrée au dos qu’elle laissait voir les sous-vêtements du haut et ceux du bas en un seul coup d’œil. Ça ne faisait pas chic ni affriolant, mais bien vulgaire, malheureusement…
La cérémonie a commencé pas mal à l’heure, mais a été retardée plusieurs fois par les exigences des gens de l’image et du son: il y avait deux caméras, deux photographes (au moins), et tout ce monde se chicanait pour trouver le plusse meilleur angle… Une des camérawomen (ça se dit comme ça?) dirigeait le trafic par des grognements et des claquements de doigts… Pas très élégant…
Il y a eu trois échanges de consentements, le dernier sous forme d’échange de vœux rédigés par les mariés; ça, c’était touchant, finalement, dans cette cérémonie autrement très tournée vers le paraître. Il faut dire que les célébrants laïcs sont bien à la peine, souvent, pour donner du sens à leurs cérémonies; ils utilisent toutes sortes de rituels pour émuler le sacré, si j’ose dire… Je repensais à la splendide cérémonie en mémoire de Gilles Tremblay à laquelle je participais la veille, avec en tête quelques questions et un constat.
Les questions: qu’est-ce que le chic? Le bon goût? La classe? Le constat: ben finalement, oui, je formule des jugements. Et vite, à part de ça!
Seconde gig: un 45e anniversaire de mariage, toujours à Laval, dans une autre usine à… Non, je serais un peu injuste: au moins, ici, il y a des fenêtres aux salles. Cela dit, c’est le même genre d’endroit, il y a plus de salles, plus petites, et c’est plus… désuet, disons, mais tout de même un tantinet plus chaleureux.
Le couple dont c’est le 45e anniversaire de mariage nous accueille. Il y a une photo de leur mariage, 1972, devant l’église… Ma parole, c’est Saint-Ambroise, l’église de « ma » caisse populaire!?! Vérification, oui, c’est bien ça. Nous jouons beaucoup, pour des gens qui sont attentifs et qui connaissent et aiment vraiment la musique. Nous sommes applaudis presque après chaque pièce, ce qui est rare, et pas que deux ou trois clap clap par ci par là, non; presque toujours tout le monde s’y met. Nous jouons des valses, les gens dansent; des rocks, les gens dansent. Demande spéciale des mariés: Moon River; ils sont trop sollicités pour danser, mais lorsque nous reprenons une valse, par la suite, ils dansent.
Ombre au tableau: la fête pour adolescentes, de l’autre côté du hall d’entrée, où il y a un DJ au système de son bionique. Les pauses, dans notre longue soirée, sont bienvenues, pour nous aérer les oreilles! Cela dit, lorsque nous revenons de notre (très honorable) souper (nous avons été installés dans une salle à manger inoccupée, largement vitrée, à l’étage, avec vue splendide sur un coucher de soleil accablé de nuages!), lorsque nous revenons, disais-je, ben zut, zgrougn et proutch, il y a maintenant un second DJ, atomique, dans la pièce voisine! Nous devons hausser la voix pour nous entendre parler! Bon, j’aime bien Long Train Running, là n’est pas la question… Juste, pas trois fois presque de suite, tellement fort à travers le mur que j’aie de la misère à entendre ce que jouent les collègues…
Mais « nos » gens nous restent fidèles, et ils continuent de danser sur notre musique, plutôt que sur l’invasion passant à travers les murs; ils ont du mérite, et nous aussi: pas facile de trouver son tempo lorsqu’une batterie géante te susurre la sienne à coup de pieds aux fesses!…
Nous étions convoqués de 17h à 23h (!!!) mais, vers 22h15 (tout de même!), le couple nous dit que nous sommes libérés, vu que presque tout le monde est parti (il y avait beaucoup de jeunes enfants dans ce groupe). Les personnes restantes nous remercient et félicitent à profusion; nous rejouons Moon River et cette fois-ci, le couple danse en souriant.
Comme nous partons, une des serveuses, plutôt toute jeune, nous dit son appréciation pour la délicatesse de notre musique, son côté « smooth ». Merci beaucoup!
Le lendemain matin, trop tôt, rendez-vous à l’église Saint-Léonard, pour jouer pour un anniversaire: la dame nous a engagés pour jouer pendant la messe, c’est un cadeau pour son frère. Nous devons jouer quatre pièces, dont une en trio flûte-violon-violoncelle, les trois autres on rajoute l’orgue.
Nous arrivons. Première surprise: l’organiste n’a pas reçu la musique, que la violoniste lui avait pourtant envoyée… Mais bon, c’est un organiste de remplacement, c’est sa première visite ici, donc il n’est pas au courant de grand-chose.
Nous pratiquons, ça va de mieux en mieux… Lorsqu’un monsieur arrive au jubé et nous dit, assez sèchement, que nous devons arrêter parce qu’il va y avoir une messe en bas!
Ben, on l’sait! On est là pour jouer!
Lui, c’est le chanteur de la paroisse et il n’est au courant de rien, lui non plus…
Gnarf…
La violoniste tente d’envoyer un texto à la dame qui nous a engagés; la flûtiste descend et remonte la nef en cherchant… Elle remonte juste comme la messe commence! Nous devions jouer notre première pièce pour le début; c’est manqué. Bon; ce sera après les lectures.
Et, bon, nous nous reprenons. Et ça va de mieux en mieux avec l’organiste, dans les pièces juives (oui, c’était la commande), dans Bach-Gounod (était-ce ça la commande, ou Schubert? J’ai oublié… Juste retenu que ce n’était pas une tonalité habituelle!) et dans California Dreaming!
La flûtiste nous racontera après la cérémonie qu’elle est remontée jusqu’à l’autel et a demandé au curé s’il connaissait la dame X? Non! Le curé aussi était nouveau, c’était sa première journée dans cette paroisse!
La dame monte et nous remercie rapidement… Le lendemain, elle écrira un courriel substantiel pour dire qu’elle avait bien écrit à la paroisse pour informer qui de droit de son projet; n’ayant pas reçu d’accusé de réception, elle a supposé que tout était correct…
En tout cas, après ces trois gigs, j’avais encore plus d’appréciation pour le travail de Joëlle dans l’organisation impeccables des funérailles de vendredi…