Critique de concert: Abrazouver, dimanche 12 août 2018, Salles-sur-Cérou

Ils sont six, quatre hommes et deux femmes, ils ne sont pas jeunes, ils ne sont pas musiciens professionnels, ils jousent (excusez-la!), dans l’ordre ou le désordre, de la flûte traversière normale ou alto baroque (en bois, moins de clés); de la basse ou de la guitare; du tambour ou rien pan toute; de la clarinette ou rien pan toute, de la harpe celtique verte ou couleur bois (selon l’emplacement); de la guitare… Bon, ça fait six, le compte est bon. Ils chantent, aussi, tous.

Ils ont commencé dehors, l’orage menaçait, je leur ai suggéré de rentrer, ils ont fait bof, il s’est mis à pleuvoir pour de vrai, tout le monde est rentré en pagaille. Nous sommes passés des murs vestiges d’une très vieille maison effondrée aux murs restaurés d’une très vieille maison en bon état, il s’est mis à faire de plus en plus chaud parce qu’il y avait un monde impressionnant.

Impressionnant, une trentaine de personnes? Oui! Parce que c’est un groupe inconnu qui joue dans un (par ailleurs très joli) trou perdu du fin fond de la France profonde, un concert à peine annoncé, sans vedettes ni rien, même pas d’amplification. Cela dit, moi, le professionnel, j’ai déjà joué pour moins de monde que ça… Ici, c’est à peine si la salle peut contenir tout le monde.

Pourquoi est-ce bon? Pourquoi est-ce tellement bon que je suis ravi d’avoir passé ma soirée à les écouter?

Hum… Dans l’ordre et le désordre… Nous, les classiques, sommes formés à jouer la bonne note au bon moment, de la bonne manière. Eux, les amateurs, ben, disons que ça dépend. Il y a des moments d’ordre, où tout est remarquablement en place, et alors c’est très bon, il y a aussi pas mal de moments de désordre, où le guitariste-bédéiste et le bassiste-bijoutier se mélangent les pinceaux… Mais ça ne réussit pas à être vraiment mauvais. Pourquoi, derechef?

Bon, le désordre, ça suffit pour l’instant, classons nos idées, en commençant par ce qui relève directement du domaine musical « technique », disons. Premier point: quand ils chantent, c’est juste, à de très rares exceptions près, qui, à mon avis, relèvent plus de déficiences de techniques vocales (particulièrement de choix de registre) que de déficit d’audition. Ce qui veut dire que oui, ce groupe a du potentiel. Beaucoup. Si la pensée qui guide l’action instrumentale fonctionnait avec les mêmes références que celle qui guide l’action vocale, ce serait très juste.

Aussi, le « time » (pardonnez l’anglicisme) est généralement bon. Suggestion: pensez plus mesure que temps individuel; je crois que ça va régler pas mal tous les petits accrocs de ce côté.

Mais enfin, pourquoi ces deux bijoutiers, cette conteuse, ce restaurateur, ce bédéiste et ce, euh, lui j’ignore ce qu’il fait, je sais seulement qu’il est Allemand, enfin, bref, pourquoi font-ils de la musique?

C’est là que ça devient vraiment intéressant. Cette musique, c’est un partage. C’est aussi une thérapie, la harpiste-conteuse l’a dit, et ça se voit, ça se sent, dans la profondeur, dans l’épaisseur de chaque chanson, dans le travail d’arrangement, car oui, il y a un vrai travail, et pas deux chansons pareilles. D’ailleurs, il y a beaucoup de variété dans le choix même du répertoire: on entend des trucs du Moyen-Âge et des créations récentes, bretonnes, françaises, allemandes, écossaises, irlandaises, il y a des chansons en anglais, nous avons même croisé Henri Salvador et Boris Vian, tout comme Leonard Cohen et les Cowboys fringants!

Mais pourquoi la musique, encore? Je crois, tout simplement, que ce groupe est l’illustration exacte de mon impression que la musique est quelque chose d’essentiel à l’humanité; elle n’est pas forcément « importante », comme la nourriture, le sommeil, mais  il y a des pans entiers de ces personnes qui existent par ce biais. Pas juste de « ces » personnes devant moi, ce soir, d’ailleurs. Mais bref, ils ne jouent jamais au neutre. Il y a quelque chose de senti, tout le long de chaque chanson. C’est pour ça que c’est si bon.

Merci, Abrazouver.

Euh, hum, j’allais oublier… J’ai quand même une vraie critique à vous adresser… Pas seulement à vous, d’ailleurs… Mautadine que les amateurs ne savent pas saluer! Je devrais donner des cours, je crois.

Et un seul souci: si, dans tout ce beau monde, la jeunesse de cœur était abondante, pour la jeunesse de peau, c’est une autre histoire. Bande d’amis? Fossé des générations? Fin d’une certaine civilisation? Le public me faisait penser, sans ironie, au public des concerts classiques de Montréal, en terme de démographie!

Enfin, j’ai quand même hâte de vous réentendre.

Critique de concert: Sasi Ardiak, Montréal, dimanche 1er juillet 2018

La vie, parfois, on en fait un récit linéaire, mais en réalité, c’est un faisceau de circonstances. Être né dans une autre famille, serais-je violoncelliste, aujourd’hui? Ne pas avoir été violoncelliste, je n’aurais pas fait les quelques tournées que j’ai faites, je n’aurais pas rencontré les gens que je connais, etc…

Plus prosaïquement, si ma répétition de ce soir s’était réellement terminée à l’heure prévue, je ne serais probablement pas allé au concert de Sasi Ardiak. Mais avant ça, si ma mère ne me l’avait pas rappelé, je n’y serais pas allé non plus. J’avais reçu l’invitation à l’événement Facebook, mais comme ça tombait un soir de répétition, je me disais, bah… Pourtant, c’était bien le dernier concert à Montréal d’une amie Basque, qui est arrivée il y a deux ans pour compléter ses études.

Et franchement, qu’est-ce que j’aurais manqué?!?

Du folklore basque.

Oui, mais, minute…

D’accord, c’est du folklore, donc il y a une simplicité dans la musique, tsé, des répétitions, couplet-refrain, genre…

Oui, mais minute… Le couplet et le refrain, là, ils ne sont pas toujours (voire pas souvent) écrits en mesures régulières, tsé… Pis il y a des altérations de la septième, en particulier, et au moins un mode autre que le majeur/mineur de base. Il y a là-dedans tellement plus d’invention que dans les machins indigents entendus à Villafranca del Bierzo, il y a un peu plus d’un an.

…Après relecture, je modifie ma phrase: « Contrairement aux machins indigents entendus à Villafranca del Bierzo, ici, il y a de l’invention » serait plus exact.

Bon, un quatuor de folklore basque.

Oui, mais, minute… D’abord, ils sont « tight » en maudit, rythmiquement. C’est pas mal l’exact contraire du n’importe quoi. Pis y jouent juste. Pis y jouent pas qu’un instrument par personne. Jokin, à gauche, il joue du pandero. Du quoi? C’est le nom scientifique du tambour (de) basque. Oui, le cousin d’infortune de la flûte à bec en plastique, tsé, l’autre instrument de torture des classes de musique au primaire. Ben, il se trouve que, lorsque quelqu’un sait en jouer, ça peut vraiment devenir aussi un instrument de musique, genre. Il joue également, ce soir, sur un tom et une caisse claire. Pour ceux qui le connaissent, je dirais que Jokin me fait penser à Zia Tabassian. Oui, c’est un compliment. À côté, il y a Pauline, qui joue de la xirula (prononcer chiroula), et du txistu (prononcer tchistou). Kèkcékça? Ce sont des espèces de petits cousins de la flûte à bec dont on parlait tantôt, mais il y a nettement moins de trous, juste trois. Pourtant, ça joue à peu près autant de notes qu’une flûte à bec. Et, contrairement aux instruments de torture, ça sonne vachement bien! Surtout quand c’est joué avec aisance, comme c’est ici le cas. Après, il y a Maider, qui joue essentiellement de l’accordéon, mais aussi de l’alboka, un machin qui ressemble à une pipe à deux fourneaux, et qui sonne nasillard un peu. Disons que ça évoque la cornemuse, moins le sac de peau et les nombreux tuyaux annexes. C’est donc foncièrement beaucoup plus facile à transporter, ce qui est un avantage non négligeable. Le chauffeur d’autobus qui m’a dit, une fois, en me voyant avec mon violoncelle, que « tu aurais dû écouter ta mère… Jouer du pipo! » serait content. [note: non, le chauffeur d’autobus en question ne connaissait clairement pas ma mère, mais je digresse] Finalement, à droite, il y a Vianney, qui joue essentiellement de l’euphonium, un genre de tuba au registre de trombone, mais aussi de l’alboka.

Mais c’est pas tout: Jokin est parolier et Maider et Vianney sont compositeurs. Ils ne font pas que des originaux, dans le groupe, mais autrement ils sont arrangeurs de la plupart de leurs pièces.

Parolier, oui, car ce n’est pas tout: ils chantent, aussi, tous. Ici, il y aura ma seule vraie critique de la soirée: il resterait un peu de travail de justesse à faire sur les versions a capella à quatre voix…

Oui, mais… D’abord, ils osent! chanter a capella à quatre voix, ce qui est tout à leur honneur. Ensuite, c’est beau, c’est chaleureux, c’est délicat, c’est fluide, c’est sonore. Comme ce qu’ils font à l’instrument, d’ailleurs. Je dirais même plus: c’est naturel, aussi comme ce qu’ils font à l’instrument.

Ils font quoi, déjà, à l’instrument? Ben, des accents déplacés, du deux contre trois, parfois, des arrangements assez complexes merci, l’euphonium joue parfois sur les contretemps, parfois des descentes chromatiques échevelées, l’accordéon remplace parfois un orchestre à lui tout seul…

Orchestre… Ben oui, il y a un véritable travail « orchestral », et pas seulement à l’accordéon, sur les textures, les couleurs, les sonorités, les nuances. Ces gens sont habitués de jouer ensemble, ça se voit, ça se sent. Dans leur précision de groupe, dans leur justesse (impeccable, lorsqu’il est question d’instruments, ou de voix accompagnée, soit dit en passant), mais aussi dans leur élan commun, dans la confiance manifeste des uns envers les autres, mais aussi dans le fait que personne n’essaie d’être plus grand que le groupe, mais aussi dans l’absence de cabotinage.

Car ils ne bougent pas beaucoup. Juste assez, en fait. Ils ne font pas des tas de fioritures non plus. Que font-ils? De la musique, c’t’affaire! Avec compétence, intelligence et sensibilité. Et humour, en fait. C’est discret mais assez fréquent. Et avec une capacité certaine à animer les foules.

Mais surtout, surtout, avec plaisir, en vérité. Plaisir dont ils ne sont pas du tout avares; au contraire, ils le partagent volontiers. Et, miracle de la musique, plus le plaisir est partagé, plus il y en a à partager.

Dire que si j’étais resté assis sur mon cul comme je pensais initialement le faire, je n’aurais même pas su tout ce que j’aurais manqué…

… Là, au contraire, j’ai adoré.

Merci beaucoup!

Critique de concert: Yuja Wang, Maison symphonique, mardi 15 mai 2018

Je la connaissais par ses vidéos, que me montrait souvent Eugénie D. J’avais vu les robes courtes, la virtuosité… Vu aussi la version décevante du Grand Tango avec un grand violoncelliste français, qui donnait plutôt l’impression d’un rendez-vous manqué, quelle qu’en soit la raison. Cela dit, je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre.

Elle est arrivée en robe verte à paillettes, moulante, longue, bras et dos dénudés… Elle a vraiment une très belle silhouette. Elle sourit parcimonieusement, lorsqu’elle salue. Ses chaussures vertigineuses, des Louboutin, sont dorées. Je constate leur usure, car le rouge est parti là où elle appuie sur la pédale du piano…

Rachmaninov, pour commencer. Et même, une pièce qui me renvoie à mon adolescence… Je crois que c’était feue Isabelle Fleurant qui la jouait, lorsque nous étions en secondaire V.

Enfin, bref, tout semble facile; ça, je le « savais » déjà, par les vidéos. Ce que je découvre d’autre, c’est le contrôle soigné des textures, des plans sonores, le suivi attentif, magistral, même, des voix… C’est comme si la musique était sculptée, ciselée… Il y a un moment où son Rachmaninov fait penser à Debussy…

Elle joue avec intelligence, au sens de compréhension profonde de ce qu’elle fait et de ce qu’elle veut faire entendre. Je ne vois pas souvent son visage, placé d’où je suis (j’ai dit que je voyais sa semelle), mais je constate qu’elle ne sourit pratiquement que lorsqu’elle salue. Autrement, elle est dans sa musique. Et plus le concert avance, plus elle y est. Son Scriabine évoque Liszt…

Il y a une forme de lyrisme, un peu réservé mais constant, qui me fascine plus qu’il ne me charme. Par contre, je suis vraiment soufflé par son contrôle des voix. Tantôt, je parlais de sculpture, mais c’est encore plus que ça; voyons, comment dire…

L’autre jour, les feuilles étaient sorties et la haie est devenue verte probablement d’un coup. Ce matin, c’est l’arbuste sur St-Denis qui était en fleurs, comme la plate-bande devant chez mon élève… La voilà, la comparaison: Yuja Wang est une jardinière-fleuriste magicienne qui, comme le printemps, fait apparaître des fleurs de musique ici et là. C’est évident aussi dans les trois Études de Ligeti.

Après la pause, elle revient en robe jaune courte, moulante, qui ne laisse plus deviner grand-chose. Je pense aux commentaires de Gaël qui me dit parfois ce que c’est que d’être une femme dans l’œil du public… Et me demande ce que ça représente pour elle, Yuja Wang? De toute évidence, elle doit s’entraîner physiquement, pas mal beaucoup, pour être sculptée comme ça… Et oui, je parle de sculpture, encore… Elle a de très belles jambes, faut bien le dire…

Mais ce n’est pas tout. Car il y a aussi son Prokofief, qui est délicieusement acide, au point d’évoquer Chostakovitch, par moments. Est-ce d’avoir vécu sous une dictature totalitaire? Toujours est-il que ses musique russes sont très convaincantes.

Puis, c’est le moment des rappels. Elle nous en donne quatre. Et là, là, elle est encore plus dans sa musique. Le premier, je le ne connaissais pas. Schubert, peut-être? Très beau. Il y a ses variations sur le Rondo Alla Turca de Mozart, variations qui nous font entendre deux siècles de musique pour piano, depuis Lizst, Chopin, Rachmaninov jusqu’à James P. Johnson, puis des variations tout aussi époustouflantes sur un air de Carmen… Elle est de plus en plus « dedans », de plus en plus libre et n’a plus rien à prouver.

Puis elle revient une dernière fois et nous joue un arrangement d’un air de Handel. Et là, là, ça devient, à mon sens, carrément bouleversant. Magnifique, émouvant. Nous n’avons plus affaire à une excellente pianiste mais bien à une grande musicienne, à mon humble avis.

Un jour, peut-être, elle aura vieilli (bon, elle a passé l’âge fatidique de Jimi Hendrix, Jim Morrison, Janis Joplin et Amy Winehouse, mais pas de beaucoup), un jour peut-être ses chairs seront flasques et ses jambes ornées de cellulite et alors peut-être ne fera-t-elle plus ses concerts en robes archi-moulantes et passablement diaphanes… Mais ce jour-là, si je suis encore de ce monde, je crois que je retournerai l’écouter, en espérant revivre un moment comme son Handel. Car c’est ça, la magie des concerts.

Elle est revenue saluer une dernière fois et est ressortie en tortillant de la croupe dans sa robe moulante et diaphane… Avec des talons pareils, probablement impossible de faire autrement…

Critique du concert Le Messie de Handel et Yannick Nézet-Séguin, Montréal, vendredi 22 décembre 2017

Je ne me permettrais pas de faire une critique un tout petit peu officielle d’aucun concert dans lequel j’ai joué (même si en privé je ne me gêne pas)… Entre autres, parce qu’on ne perçoit pas la musique de la même manière « de l’intérieur », sur scène, que dans la salle. Cette mise au point est cruciale car, alors que j’ai eu le privilège de jouer le Messie à trois occasions, successivement à Montréal, Trois-Rivières (ma version préférée parmi les fois où j’ai joué, avec un chef d’envergure et d’expérience) et Gatineau, occasions séparées par plusieurs années, dans trois orchestres différents, avec trois chefs différents, des solistes différents, et même des versions différentes, puisque, la dernière fois, c’était la version Mozart que nous avons exécutée…

Or, le Messie, pour dire vrai, je ne l’avais jamais entendu « du dehors », jusqu’à ce soir. Disons que, comme première fois, c’est faire les choses en grand: j’écoute l’Orchestre Métropolitain, assez fraîchement revenu de tournée européenne, dirigé par son chef principal, l’incontournable Yannick Nézet-Séguin.

Bon. Dès l’ouverture, dès le premier récitatif, dès la première aria, dès le premier chœur, j’ai chaque fois la même réaction: « [placer ici le juron de votre choix; cette critique est un billet interactif], c’est ça le Messie??!? »

… Pour gagner du temps, pour ne pas avoir l’air trop téteux en ne faisant que des compliments, que dis-je, des éloges, et pour laisser un peu de substance à ma réputation de grincheux, je vais commencer par les critiques. Ce ne sera pas long, il y a assez des doigts d’une seule main pour les compter:

-il y a eu un enchaînement qui m’a paru un peu court à mon goût (mais la version était cohérente et défendable; ça allait avec le parti-pris « allant » de la soirée; j’y reviendrai);
-il y a eu une tête de sujet de fugue où le piano est arrivé trois notes trop tôt à mon goût (même commentaire que précédemment);
-il y a eu deux passages un peu faux dans les basses et un dans les violons (sur environ trois heures de musique);
-il y a eu, je crois, un décalage à la timbale, et
-en vérité, le moment le plus pénible du concert n’avait rien à voir avec la musique: ça a été quand mon [mettre ici le qualificatif méchant de votre choix] de voisin s’est fait craquer les jointures! Ça me retourne l’estomac à tous les coups!

Par contre, en vérité, je ne suis pas du tout certain d’avoir encore assez de cheveux pour compter tout ce qui m’a plu dans la soirée! Voyons, par où commencer?

Par le travail soigné entourant chaque détail? Yannick Nézet-Séguin n’est pas « un chef d’orchestre » normal; il est un animateur d’orchestre et de musique, un sculpteur de son (je crois que cette image a été utilisée par un des critiques qui suivait l’orchestre en tournée; elle est très juste, à mon sens) [ajout du lendemain matin: plutôt que de contrôler les gestes et les pensées de ses musiciens, il est le fédérateur de leurs actions]… Par le découpage, le relief de chaque phrase, si ce n’est chaque note? Par la clarté de chaque intention? Par l’intelligence du propos (dans le sens de la compréhension, de la création de liens dans le langage)? Par la qualité des nuances? Certains crescendo du chœur sont à donner des frissons! Par l’équilibre irréprochable des sections et la construction impeccable des plans sonores? Par la qualité de la diction du chœur et des solistes? Faut dire que, pour une fois, je pouvais lire le texte, ça m’a aidé à le comprendre (ahem…)… Par la qualité et la beauté du chant des solistes (notamment dans les vocalises)? Par le caractère vif mais jamais pressé de la musique, dans les mouvements rapides? Par le côté dansant de la direction et de la musique? Par l’ampleur des mouvements lents, qui ne sont jamais traînants ni lourds? Par la qualité de la direction envers la chorale? Je veux dire que, depuis mon siège, lors des parties chorales, je sentais que le chef faisait pleinement confiance à ses musiciens et dirigeait directement, presque uniquement, la chorale… Ça m’a rappelé que, la première fois que j’ai vu Yannick, il était le tout jeune chef d’une chorale qui jouait avec l’Orchestre Symphonique de Mont-Royal (ancêtre de l’Orchestre Philharmonique du Nouveau-Monde), dirigé alors par Jacques Faubert… Même si Yannick était clairement un surdoué, je ne sais pas si beaucoup de monde imaginait, cette fois-là, le parcours à venir de ce presque gamin… Humblement, je dois dire que j’ai surtout eu l’impression qu’il avait la mèche courte, parce qu’il avait élevé la voix contre sa chorale, mais je n’ai jamais su le fin fond de l’histoire…

En fait, ce qui m’a le plus touché, c’était cet instant où j’ai senti, profondément et clairement, ce que vivait la soprano sur scène… Pardonnez-moi de me mettre en scène, pour un bref instant, mais je veux dire que, lorsque j’accompagne quelqu’un, instrumentiste ou chanteur-chanteuse, j’essaie de donner totalement confiance à la personne, ou aux personnes, que j’accompagne, confiance que je serai là au moment nécessaire… Or, j’ai senti exactement cette impression de confiance, dégagée par la soprano, envers la direction du chef. Chapeau, le chef.

D’ailleurs, il a fini le dernier Amen tout en douceur, oui, oui, il a résisté à la tentation du forte… Chapeau derechef!

Et, lorsque les applaudissements (aussi nourris que mérités) ont commencé, il ne s’est pas retourné tout de suite: il a pris le temps de féliciter et remercier ses musiciens et sa chorale.

Admirable. Irréprochable. Et même, il y a un mot dont l’étymologie est: « qui sort de l’ordinaire », et il s’applique ici:

extraordinaire.

Merci pour ce concert, les musiciens, les solistes, les chefs de chœur et le chef d’orchestre.

Critique du concert « En amour avec le violoncelle », Montréal, samedi 16 décembre 2017

Il y a quelques années, j’ai pris la décision consciente de ne plus être jaloux ni envieux de qui que ce soit. Ce fut une de mes meilleures décisions. Aujourd’hui, elle va encore me servir, parce que je vais critiquer Stéphane Tétreault.

Toujours risqué de toucher à une star… D’autant que c’est la seconde fois que je l’entends de près, et aussi la seconde fois que je le critique; la première, j’étais juge à un concours auquel il participait, voici quelques années.

Cette fois-ci, il était la tête d’affiche dans un concert organisé au Conservatoire de musique de Montréal par Denis Brott, qui y enseigne.

J’ai encore découvert plein de musique dans ce concert à géométrie variable. Comme la première pièce: le duo opus 22 en Do de Friedrich August Kummer, très bien tourné; ça fait penser aux duos d’Offenbach, comme facture. Le maître et l’étoile affichent leur bonne humeur, leur joie, leur plaisir de jouer cette pièce et de partager ces moments. Dans un sens, c’est un concert très visuel.

Ensuite, il y a la 5e Suite de Jean-Sébastien Bach, arrangée pour deux violoncelles par László Varga; l’arrangement est inspiré de la version pour luth de cette même suite, version réalisée par Bach lui-même. Surprise: alors que la Suite originale est en do mineur, celle-ci est en sol mineur… Enfin, bon, ça va, quoi. Le Bach de Brott et Tétreault n’est pas tout-à-fait dans la veine qui me parle; esthétiquement, c’est très bien, mais il manque un je-ne-sais-quoi… Pour moi, cette Suite est belle et tragique; ce soir, elle n’était que belle (ce qui est quand même déjà remarquable, je le reconnais volontiers). Mon coup de barre habituel des soirs de concerts m’a frappé pendant cette pièce, donc je dois confesser ne pas avoir pu constater si c’était aussi visuel que le reste.

La première partie s’est conclue sur la Suite pour deux violoncelles et piano de Gian Carlo Menotti, une autre découverte pour moi. Suzanne Blondin assure, fort bien, la partie de piano. Voilà une pièce que j’ai bien hâte de réentendre (ou de jouer), pleine de finesse, d’intelligence et de vivacité d’esprit, très bien rendue par les trois artistes. C’est peut-être aussi celle qui a été le mieux répétée du programme; j’y reviendrai. Notons que c’est encore très visuel.

Après la pause, la formation s’élargit, alors que le Requiem opus 66 de David Popper est présenté à six violoncelles (trois voix doublées) et piano. C’est toujours un pari risqué, de jouer à deux par partie: ça rend le fondu sonore plus difficile… Et cette fois-ci ne fera pas exception à la règle. Mais au fond, c’est cohérent avec l’esprit directeur du concert; j’y reviendrai aussi, très bientôt. Visuel? Ben oui!

Puis voici des extraits des deux Bachianas Brasileiras, les numéros 1 et 5, qui sont essentiellement à huit violoncelles: dans les deux cas, le mouvement final sera omis.

Donc, premier et deuxième mouvements de la première… Ça… Euh, ça… Hum, il y a quelque chose qui cloche… Mais quoi? Observons… Ce n’est pas net, le centre sonore est massif, oups, un petit décalage… C’est encore très visuel… Pardon? Ce que je veux dire par « visuel »? Je parle particulièrement de Stéphane Tétreault, qui « exprime » sa musique par force gestes, mimiques, mouvements… D’ailleurs, Chloé Dominguez, sa voisine de pupitre, doit « entrer dans la danse » (elle le fait en souriant), ne serait-ce que pour éviter un coup de coude malencontreux…

… Bon sang, c’est ça qui ne marche pas: Stéphane Tétreault joue comme un soliste, pas comme un chambriste. Est-il bon? Oui! C’est juste, c’est expressif, c’est sonore, il y a des jeux de couleurs et de nuances très marqués, très variés, y compris un pianissimo splendide, à un certain moment… Mais c’est lorsqu’il est seul qu’il joue si doucement; en groupe, il est presque toujours saillant par rapport aux autres (à une exception près, j’y reviendrai très bientôt). Lorsqu’il jouait en duo et en trio, avec Denis Brott et Suzanne Blondin, ce n’était pas aussi perceptible que dans un groupe plus large.

Mais il n’est pas le seul; c’est la culture dominante de ce groupe, l’esprit directeur du concert dont je parlais tantôt: voici, en fait, un ensemble de solistes. Il n’y a pas de travail de fondu des timbres des « sections », pas de travail sur les plans sonores (je le sais, car cette Bachianas je l’ai jouée et quelque peu dirigée, du même coup). Ça pourrait s’expliquer par le peu de temps de répétition probablement accordé à la préparation de ce concert… Car je sens qu’il n’y en a pas eu beaucoup, ce qui serait conforme aux contraintes courantes de la vie musicale moderne, hélas…

Cela dit, mon sentiment est que c’est plutôt un choix éditorial, si j’ose dire. La preuve: la voix grave, qui a été confié à quelqu’un qui me semble peu expérimenté, prend très (trop) peu de place, ce qui, pour un ensemble de violoncelles, est quand même fort de ketchup, si j’ose dire derechef. Une note en passant: lorsque j’ai dirigé cette pièce, je jouais justement la voix grave.

Comprenons-nous bien: je suis ravi que des étudiant-e-s aient participé à ce concert, et tout le monde était bon, ou très bon, ou très très bon, voire excellent, pas de souci de ce côté. Mais les qualités brutes des instrumentistes ne peuvent pas compenser d’elles-mêmes les lacunes de « recomposition » de cette musique d’ensemble. Même les excellents chambristes que sont Chloé Dominguez, Pierre-Alain Bouvrette et Élisabeth Dubé (qui n’a joué que dans la toute dernière pièce; à son arrivée, les basses ont été assurées) ne pouvaient pas renverser le cours des choses.

Bachianas Brasileiras No 5. Aline Kultan, soprano, se joint au groupe pour le premier mouvement. La fois précédente où j’ai entendu ce mouvement, c’était dans un arrangement pour contrebasse (qui jouait la mélodie sur sa 5e corde, aigüe), guitare et percussions. C’était beaucoup moins spectaculaire mais beaucoup plus fondu, justement, malgré la différence de timbre entre les instruments; ceux-là avaient beaucoup joué ensemble et réfléchi à leurs plans sonores (en vérité, c’est en y repensant que j’ai compris ce qui clochait, ce soir; autrement dit, ma critique est une petite entorse au suivi historique).

… Bon, je parlais de ma résolution de ne pas être jaloux ni envieux, mais j’aurais peut-être intérêt à en prendre une au sujet de ma facilité à chialer… Parce qu’on pourrait croire, vu mes critiques, que j’ai grogné pendant une bonne partie du concert…

Ce serait une erreur. D’abord, à cause de l’Hymnus pour 12 violoncelles, opus 57  de Julius Klengel, qui venait clore le programme. Une autre découverte pour moi, une autre pièce que j’ai hâte de réentendre (ou de jouer), parce que c’est vraiment très beau. Aussi, parce qu’un ensemble de violoncelles, c’est vraiment très beau en soi. Et, avant d’être taxé de partialité (ce qui est probablement vrai), je défie quiconque de me proposer un autre orchestre d’instruments identiques qui sonne aussi bien… J’aimerais qu’il y ait plus de concerts d’ensembles de violoncelles, et, selon les commentaires entendus à la sortie du concert, je suis loin d’être le seul.

Aussi, à cause de toutes les qualités de ce concert que j’ai mentionnées jusqu’ici; également, parce que c’est important d’avoir encore le privilège d’assister à des concerts de musique vivante, ce qui nous donne ensuite, à notre tour, le privilège de les critiquer…

Mais surtout, surtout, pour « le » moment de fondu de la soirée: lorsque la soprano est allé chercher son la aigu, à la toute fin de son mouvement, et que l’ensemble de violoncelle a joué le la grave… Cette note-là était sublime, et je pèse mes mots; elle valait, à elle seule, le prix du billet et plus encore.

Oui, je sais, c’est fou… Pis c’est comme ça.

Deux saisons d’orchestre (été – automne 2017)

Alors, cet été et cet automne, il y a eu l’OSS (Sherbrooke), la Sinfonia de Lanaudière (quelques fois), l’OSG (Gatineau), l’OPNM (Orchestre Philharmonique du Nouveau Monde, couronne nord de Montréal), pour deux programmes, l’OSD (Drummondville) en dernière minute: j’ai été appelé moins de deux heures et demie avant le début de la première répétition!

Il y a eu Franck, Ravel, Sibelius, Haendel, Mozart, Schubert, Vivaldi, les Beatles et, bien sûr, des chansons de Noël (on n’y échappe pas!).

Il y a eu beaucoup de route, parfois seul, parfois avec des compagnons et compagnes fort agréables, souvent en auto, parfois en bus. Il y a eu des repas sur la route, en groupe, seul, de la cuisine dans un petit appartement… Une trouvaille: Saint Sushi, sur Duluth.

Des moments de stupeur, comme lorsque la violon solo demande au chef:

-Qu’est-ce que tu veux qu’on fasse, ici?

-[il regarde sa partition en tournant les pages] Euh, on va reprendre au début.

-Mais… On fait quoi?!?

-Euh… Ça va certainement aller mieux la prochaine fois…

Un moment d’inquiétude lorsque la violon solo est passée par-dessus bord d’une scène non protégée, heureusement sans trop de mal. N’empêche… grrr…

Un moment de froid intrigant, au festival d’opéra de Québec: c’était l’été, en principe, mais tout le monde était en manteau: on gelait!

Des moments de grâce lorsque j’ai eu le privilège, comme violoncelle solo, d’accompagner les chanteuses dans le Gloria de Vivaldi.

Ravel, Rubinstein (Bach, Arrau, Heifetz, Piatigorsky…) et notre temps, Montréal, dimanche 27 août 2017

… Ben oui, je réécoute Rubinstein dans les Valses nobles et sentimentales, mais aussi dans le Trio et La Vallée des cloches, extraite des Miroirs ainsi que dans la Forlane extraite du Tombeau de Couperin. Ben oui, il y a quelque chose de la drogue dans le fait de pouvoir réécouter plein de fois, presque en boucle, une musique particulière. Le fait que je tombe dans le piège moi-même ne m’empêche pas de dénoncer, de la même voix, que c’est bien d’un piège qu’il s’agit: « normalement » [comme s’il pouvait encore y avoir là une norme, après plus d’un siècle d’enregistrements et, disons, autour de trois-quarts de siècle de poussée massive pour transformer la musique d’acte essentiel en marchandise commerciale comme une autre…], « normalement », disais-je avant de m’interrompre moi-même [mes excuses renouvelées à tout le monde à qui je coupe la parole dans la vie!], « normalement », tout ça « n’aurait dû » n’exister qu’une fois… Enfin, disons qu’à l’époque d’avant le prodigieux XIXe siècle, pour enregistrer une image, il fallait quelqu’un très rapide du fusain ou du crayon, ou alors un temps de pose qui se comptait en minutes, voire en heures, devant le chevalet de l’artiste-peintre ou -sculpteur; pour le son, il n’existait carrément rien du tout, si ce n’est une excellente mémoire.

Puis, des gens ont trouvé moyen d’enregistrer des images, d’abord fixes, puis mobiles, et des sons, et même de combiner les deux ensemble. La relation entre l’humanité et le temps a commencé à changer, et comme la musique est essentiellement un art du temps, ben la relation avec la musique allait forcément changer tôt ou tard…

Il y a eu les enregistrements, bien sûr, des premières vedettes du disque, bien sûr… Que je sache, ça a commencé avec Caruso, ce qui est quand même très intéressant. Avec lui, quelques grands noms de la musique de la fin du XIXe siècle, puis tous les grands noms du XXe.

Alors est venue la surenchère. Il « fallait » avoir entendu Untel et Unetelle, puis leurs secondes, voire tierces versions, puis comparer (et apprendre, tout de même), puis faire mieux, et plus vite… Et perdre la trace de tout ce qui était dû à la technique dans le résultat final qui nous était (est) livré… Parce que oui, les vieux enregistrements grincent parfois, chuintent, craquent, sonnent comme bizarre, mais ils avaient le mérite d’être réalisés d’un coup, restant plus proches de l’acte, du geste de « faire » de la musique.

Puis la technique a changé… Il fallait bien faire racheter tout un matériel par bien du monde, allez! Alors, hop! à la rue les pianos mécaniques (ben oui, les rouleaux de piano, c’est un mode d’enregistrement de la musique, quoi…), les phonographes (à rouleaux) et les phonographes (à disques) avec leurs pavillons, il y a eu des lecteurs de disques à amplification électrique sur lesquels jouaient des disques à 78 tours par minute, puis à 33 tours, dits « haute fidélité », puis en stéréophonie, puis aussi des 45 tours, puis aussi des cassettes dites Philips, mais aussi les bandes huit pistes…

Car le support avait changé, permettant aussi à la technologie de l’enregistrement d’évoluer: maintenant, plutôt que de graver immédiatement un disque maître, la prise de son donnait lieu à une piste maîtresse sur une bande, un support magnétique. Cette bande, on pouvait la couper. La légende dit que feu Glenn Gould était un des premiers maîtres en ce domaine, enfin, disons, ses monteurs…

(je sais que les gens de ma génération connaissent cette histoire; j’écris aussi pour mes élèves plus jeunes…)

Puis une autre technologie a été développée, issue de l’informatique: l’enregistrement est passé de la captation analogique, où les ondes étaient retranscrites mécaniquement, à une captation numérique, où les ondes sonores étaient (sont encore) converties en signaux numériques lisibles par des programmes informatiques. Outre les mérites respectifs des différents modes, je rappelle tout ce qu’il a fallu acheter pour s’équiper dernier cri: les versions numériques des microsillons, puis les machines et les disques format compact (les CD, oui), puis les machines DAT (pour les enregistrements), voire les magnétoscopes, puis les minidiscs, puis les disques durs, puis les ordis, puis les lecteurs mp3, puis les cellulaires, puis les tablettes, puis les DVD et les Blu-rays, puis les modems et les routeurs… Et maintenant que tout le monde a jeté ses tables tournantes, il recommence à y avoir des sorties de microsillons!

Les cimetières et dépotoirs technologiques sont tellement pleins que des restaurants se servent de microsillons comme napperons!

Mais mon pamphlet n’est pas contre le gaspillage ni le ravage environnemental (enfin, pas que, disons).

Je note que oui, les enregistrements modernes sont infiniment plus propres, il y a moins d’erreurs ni d’accidents techniques, voire aucune faute de notes…

Mais (ben oui, une chronique de ma part, il y a toujours un « mais »)… Je réécoute le Trio en la mineur pour violon, violoncelle et piano du même Maurice Ravel, dans la version Heifetz Piatigorsky Rubinstein… Oui, ça sonne un peu caverneux, oui, les micros sont plus loin des instruments, non, on n’a pas autant le grain de l’archet, mais… ce qu’il n’y a pas non plus, dans ces vieux enregistrements, ce sont les fautes de goût, qu’on soit d’accord ou pas avec les choix d’interprétation. Ici comme dans ce que je connais de Claudio Arrau (par exemple), ce sont de très longues phrases, des divisions claires des voix, un souffle immense qui parcourt un mouvement entier; les structures sont très claires, évidentes, même. Tout a un sens.

En les écoutant, je n’ai pas du tout envie de leur demander pourquoi ils font de la musique, eux…

Je n’écris pas ça dans le but de passer pour un nostalgique passéiste…

Mais ça me fait penser au combat du bio contre l’alimentaire industriel… Un gourmet français, Jean-Pierre Coffe, écrivait il y a déjà plusieurs années un livre intitulé Au secours le goût, dans lequel il dénonçait l’uniformisation des qualités organoleptiques des aliments.

Comme je le dénonçais dans un de mes billets en voyage (à Villafranca de Bierzo), dans certaine frange de la musique pop, c’est là que nous en sommes: tout sonnait et goûtait pareil, ce matin-là. Le danger nous guette aussi en musique classique.

Ou voulais-je en venir? Il est tard et je perds un peu le fil…

Ah, oui… Nous, musiciens, finissons nos phrases et n’hésitons pas à raconter différemment les histoires, d’un récit à l’autre. Public, venez écouter de la musique en concert; vous aurez le privilège d’assister à un moment unique.