Retour au Bourget, samedi 22 juin 2019

Mon premier voyage en solo avait pour objectif le Salon aéronautique de Paris, dit salon du Bourget, qui est organisé toutes les années impaires. C’était en 1987. J’avais été un peu chaperonné par Daniel Friederich, le cousin par alliance de mon père, luthier de guitares. J’avais aussi visité Philippe Müller et d’autres amis de la famille, pendant la dizaine de jours qu’avait duré ce voyage. Je me souviens avoir pris un terrible coup de soleil dans le cou, le premier dimanche du salon, puis avoir passé la semaine en visites en ville, pendant les journées où le salon n’est ouvert qu’aux visiteurs professionnels. Il avait fait très mauvais et froid; Daniel m’avait dépanné en me prêtant un veston de son fils. Reste que j’avais compté quatre averses le matin du mercredi, puis une longue pluie de plusieurs heures pendant l’après-midi. J’étais découragé, en fait; je voulais rentrer tout de suite…

Le lendemain, mon moral était un peu revenu. Puis les jours suivants aussi. Puis le dimanche, j’étais retourné au salon, En revenant, je m’étais arrêté devant les Invalides, dont le dôme avait récemment été restauré. L’esplanade, un magnifique parc à la française, était couverte de voitures! Il y avait des haut-parleurs qui jouaient du Mozart! Oui, les divertissements K. 136, 7 et 8, qui se retrouvaient entrecoupés d’appels pour « Les voitures de la délégation du Qatar! »

Je me suis approché et ai demandé à un gardien de quoi il s’agissait (une réception pour la clôture du Salon aéronautique, en fait!) et si je pouvais m’asseoir sur un banc, là, et écouter la musique? Oui, je vous en prie. Alors, j’écoutais Mozart, le ciel s’est dégagé et la soirée est devenue magnifique! J’ai décidé, à ce moment-là, que je reviendrais à Paris, finalement.

J’y suis revenu plusieurs fois, incluant trois autres passages au Bourget, en 1989, 1991 et 1993. Puis finalement, cette année, j’ai mis les pieds à mon cinquième salon.

Pour se donner une référence montréalaise, comparons le salon du Bourget avec le salon des métiers d’arts, place Bonaventure. Je dirais, à vue de nez, que la superficie d’exposition intérieure au Bourget est à peu près dix ou douze fois celle du hall d’exposition de la place Bonaventure. Oui, c’est immense. Et ça ne compte pas les chalets corporatifs ni l’exposition statique des avions en plein air. On peut aussi visiter le Musée de l’air et de l’espace, qui est dans l’ancienne aérogare du Bourget, qui est l’ancien aéroport international de Paris; Lindbergh est arrivé ici en 1927, lors de sa traversée sans escale depuis New York.

Dans cette immense série d’allées et de stands d’exposition, il y a des tas de repères suspendus au plafond, pour indiquer les allées, et sur plusieurs de ces repères, des invitations à aller visiter le stand du Québec, hall 3, stand 80 C. Ok, allons-y.

… Pas un chat. Le stand est désert, fermé, comme la plupart des autres, en ce jour ouvert au grand public. Il y a une vidéo qui tourne en boucle sur grand écran, pour vanter le parc industriel à l’aéroport de Mirabel, et la vie en banlieue dans la couronne nord… Garf…

Donc… Plein de stands déserts, mais quand même la plupart n’ont pas été démontés. Reste donc beaucoup de matériel, gardé par des cordons, quelques hôtesse désœuvrées ici et là (dont une qui boit du mousseux et déguste un magnifique plateau de petits fours), quelques stands encore actifs, donc Dassault aviation…

Les démonstrations en vol ont commencé. Je sors et marche à travers l’exposition statique, où il y a, évidemment, beaucoup d’avions modernes (même si plusieurs sont déjà repartis) et, surprise, beaucoup de vétérans de 1944, anniversaire du Débarquement oblige.

Au début, démonstrations de voltige avec de petits avions. Je marche entre les stands de bouffe, aux files d’attentes longues comme ça et aux prix exorbitants… Je me demande si je vais céder à la tentation, lorsque je vois une gamine s’approcher d’une poubelle et y envoyer d’un coup un hot-dog géant et sa meute de frites, même pas vraiment entamés!… Bon, je crois que je vais laisser faire…

Passage au point d’informations pour savoir où sont les stands de Boeing et d’Airbus. Airbus a son stand dans son chalet, fermé aux visiteurs, et Boeing n’a même pas de stand cette année! Décevant.

Démonstration d’une opération de l’ALAT (Aviation Légère de l’Armée de Terre), avec un hélicoptère tireur et un autre transporteur de troupes. Le commentateur insiste quelques fois sur le professionnalisme des troupes et celui des pilotes, et leur engagement pour notre sécurité contre les terroristes… mouain.

Je visite le grand hangar où il y a deux Concordes! On peut les visiter, mais il faut ressortir acheter un autre billet. Laissez faire.

Tonnerre à l’extérieur. C’est la démonstration du F-16 qui vient de commencer. Le taux d’hormones vient de monter pas mal. Il y aura quelques autres présentations d’avions de combat modernes, quelques chasseurs de la deuxième guerre, quelques avions de ligne (seulement Airbus, et pas l’ex CSeries) et la Patrouille de France.

Les commentateurs, un homme et une femme, insistent régulièrement sur le professionnalisme des pilotes, hommes et femmes, qui s’exécutent devant nous… Mais subitement, je me dis qu’ils et elles ne peuvent pas ne pas se faire plaisir, en même temps… Un peu comme nous, les musiciens. D’ailleurs, j’entends des applaudissements après certains atterrissages. Moi qui pensais ne plus revenir, je suis captivé de nouveau!

Je pars tôt, dans l’espoir (vain!) d’éviter la cohue à la station RER Le Bourget. Sur le chemin du retour, je peux encore voir évoluer un cargo militaire d’Airbus, un chasseur pakistanais (si je ne me trompe pas), et, délicieuse surprise, un Spitfire et un Corsair de la deuxième guerre.

Je rentre par chez Saison, où Mariette m’offre un magnifique plateau de fromages, et j’attrape, juste avant la fermeture, le cordonnier de la station Ablon, qui remplace mon rivet sans frais. Merci beaucoup!

Privilège et coup de chance, Fête de la Musique, Paris, vendredi 21 juin 2019

J’ai raconté, il y a deux ans, par quel espèce de prodige j’avais trouvé un violoncelle à Paris, en quelques heures, pour jouer avec ma cousine pour la Fête de la Musique. Cette année, comme je savais que j’allais être en Europe avec mon violoncelle, j’ai écrit à Frédéric Deville, le violoncelliste aux fromages qui m’avait si aimablement prêté son instrument de secours.

Mon message lui a donné l’idée d’organiser une réunion de violoncellistes pour la Fête de la Musique. Faut dire, d’une part, que chez Saisons fromagerie, il y a une fête, donc un concert, à chaque changement de saison, et bon, la Fête de la Musique a le bon goût d’avoir lieu au solstice d’été, et d’autre part qu’il semble y avoir une concentration de violoncellistes dans l’entourage de la rue du Grenier-Saint-Lazare, encore plus impressionnante que celle autour du métro Beaubien!…

Frédéric a tout organisé, côté musique, cartables, pupitres, répertoire, ordre, et Mariette et lui ont concocté une superbe soirée gastronomique et musicale. Le public ne s’y est pas trompé: il y avait de plus en plus de monde, sur scène, enfin, je veux dire en train de jouer devant la boutique, et dans le public. Ça a commencé exactement comme mon premier set de samedi dernier, par le Prélude de la première Suite de Bach, suivi par une impro avec violoniste, puis un duo de violoncellistes, puis un trio , puis un quatuor, puis un quintette (Après un rêve, avec altiste invitée), puis un ragtime en sextuor, puis la pause, pour vendre de la bière ou autre chose, puis retour aux affaires, avec de plus en plus de violoncellistes, d’autres rags, du Handel, puis le 2e mouvement de la Bachianas Brasileiras No. 1, avec alto solo pour le premier solo.

Et le tout, sans répétition! Nous nous sommes lancés, comme ça, allez, hop, go! Frédéric présente le nouveau ou la nouvelle, puis on joue. Des fois, on cherche le cartable avec la bonne musique, un rag en a un peu souffert mais c’est le seul incident de la soirée. Pour le reste, l’autre point commun avec Kulturräume a été les tonnes de bonheur pour tout le monde, participants et spectateurs. Faut dire que Frédéric avait mis le paquet sur les plateaux de fromages et de charcuteries et sur ce qu’il nous a servi. Pur régal!

Tout ceci pour dire que d’y être et de participer en jouant a été un autre privilège. Merci Frédéric, mais aussi Régis (le violoniste), Michèle, Paul, Amélie, Béatrice (l’altiste), Solène, Stéphane et Jean-Philippe, sans oublier Mariette!!!

Ruis, l’ami de Frédéric qui m’a filmé, est, si j’ai bien compris, le fournisseur des nouveaux vélos de Vélib’, la version parisienne de Bixi… Il m’en a fait essayer un, du modèle avec assistance électrique. Ouah! Ça décolle!

  • – – – –

Cela dit, les meilleures choses ayant une fin, il a bien fallu que je rentre. C’est ici que ce billet redevient un carnet de voyage. Car il y a des transports en commun pendant toute la nuit, à Paris, à certaines occasions, dont la nuit de la Fête de la Musique, ce qui est très bien. Ça ne veut pas dire, par contre, que les horaires sont normaux.

J’ai souvent l’impression, vu de Montréal, que les transports en commun parisiens sont quelques peu meilleurs que les nôtres… Maillage, plus fin, réseaux plus étendus, offre de métro plus abondante, en particulier… Mais…

Mais Paris se refait une beauté, en vue des Jeux Olympiques qui approchent, en tout cas, c’est le prétexte (ou un des prétextes) pour faire des tas de travaux, en particulier sur les lignes de métro. La fromagerie Saisons est sur la rive Droite, pas loin de Beaubourg, et la maison de ma cousine est pas loin d’Orly, donc rive gauche. Il y a un point de correspondance vraiment pratique entre là où je suis et la ligne RER C, un seul, c’est la station St-Michel-Notre-Dame… et elle est en travaux, donc fermée. Ppas loin de minuit, je vois que si j’arrive à partir là, là, je vais attraper le métro 14 puis le RER C, avec une correspondance à Bibliothèque François MItterand. Faut que je marche vite vers Châtelet… Après, il n’y a plus de service sur la ligne C.

Avec la foule abondante et ma méconnaissance du quartier, ça ne loupe pas, j’arrive trop tard. Bon, au moins, il y a moyen d’avoir wifi à la station, je trouve un autre chemin: même ligne de métro, même correspondance, puis le bus Noctilien, le N133 vers Juvisy-sur-Orge. Bien. Il est pas loin d’une heure du matin, j’ai quelques minutes de répit entre le métro et le bus.

J’arrive à BFM (pour faire court). Ah, voici le plan du quartier. Mon bus devrait être là, pas loin de l’ascenseur qui est la sortie numéro 4. Voici l’ascenseur… Pas de numéro inscrit, mais bon. Je monte, je sors dans la nuit noire. Il y a un arrêt de bus en face… Bus 48, 64 et 132… Hum… Je marche plus loin, demande des nouvelles à une dame qui me reparle du 132… c’est pas le bon.

Je redescends au point d’assistance RATP dans la station. L’homme me parle de la rue Anatole-France, je lui demande de quel côté, il ne le sait pas et il n’a pas de prospectus… Merci beaucoup quand même, bon, il me reste peu de temps…

Je remonte, marche jusqu’à l’autre rue, je ne vois rien! Il est une heure moins six. Je traverse la rue pour aller demander mon chemin au conducteur d’un autre bus, qui me dit: « Mais il est là, le 133! » en m’indiquant un autobus qui passe le feu derrière moi! Merci beaucoup! Je pars à la course, avec mon violoncelle sur le dos et mes sandales aux pieds… Des tas de gens attendent le bus. Tiens, incluant un homme à qui j’avais demandé si le 133 passait ici, plus tôt, qui, de toute évidence, n’avait pas compris ma question…. Et le numéro de la ligne n’est bel et bien pas inscrit sur l’arrêt!

J’entre donc dans le bus archi plein, conducteur sportif… Pas de places debout, sauf devant la porte de sortie, au centre. Ça secoue. Bon, un strapontin se libère, je peux m’asseoir… et continuer ma lutte contre le sommeil, il est 1h44 et nous sillonnons une banlieue dont je ne connais ni ne vois grand-chose.

Un peu passé 2h, nous arrivons à Ablon. Je marche vers la maison, en me souvenant tout-à-coup que j’ai laissé les clefs dans la poche de mon pantalon moins chic, qui est plié derrière la volute de mon violoncelle, dans mon étui. Je rentre, finalement, vers 2h15.

Ça peut sembler un peu rock n’roll comme retour, mais j’ai eu de la chance. Vraiment! Comment ça? Parce que c’est juste le lendemain matin, en voulant me chausser au sortir du lit, que le rivet retenant la lanière de ma sandale droite a lâché!

Un privilège bien particulier, Paris, jeudi 20 juin 2019

Il faut d’abord descendre jusqu’au deuxième sous-sol d’un immeuble parisien, saisissante progression dans un univers de maçonnerie et de portes glauques, pour en arriver à cet improbable oasis de studio de répétition où ma cousine Emmanuèle et ses complices, Patrick le batteur, Rémi le bassiste (pardon, j’ai oublié leurs noms de familles…) et Red Mitchell, oui, « le » Red Mitchell, se retrouvent pour préparer leurs apparitions.

La répétition commence un peu cahin-caha, puis, après deux ou trois chansons, la groove s’installe. Diantre! Ils sont capables d’être très efficaces. Très, très efficaces! Ils reprennent, avec les moyens du bord, des arrangements prévus pour des formations beaucoup plus vastes, et ça marche. Voilà ma cousine qui rigole et perd ses mots parce que Rémi se balance sur une basse particulièrement obstinée…

On nettoie ceci, on replace ça, et hop! Voilà que des tas de titres sont passés et puis c’est l’heure de l’apéro. Apéro qui sera accompagné d’une telle quantité de petits plats d’olives, de bretzels et de pop corn que c’en sera presque un souper, à vrai dire.

Puis, comme il est tard et que la correspondance est difficile (la station St-Michel-Notre-Dame du RER est fermée), Patrick, très aimablement, nous reconduit, ma cousine et moi.

Ce que je retiens de la soirée? Deux choses:
-d’abord, il n’y a pas que les vins, les fromages et les champignons qui bénéficient de séjours en caves… Certaines chansons aussi!
-ensuite, que certains privilèges n’ont rien à voir avec les sous… Je me suis senti très privilégié d’avoir pu vivre ce moment. J’ai voulu le dire, les gars ne m’écoutaient même pas 🙂 Au moins, ma cousine m’a entendu.

Cela dit, merci encore, et bon spectacle!

Atterrissage à Dorval (vendredi 23 juin 2017)

Hier, j’ai reçu un message d’Ingrid, une amie violoncelliste Parisienne, qui m’invitait à aller les rencontrer, elle, son copain Sodi, pianiste, et leur petite fille de 18 mois. Nous n’avons pas pu nous coordonner, mais j’ai appris que mon blogue avait au moins un lecteur en Île-de-France. Nous nous reprendrons en août ou septembre, car ils vont passer à Montréal.

Sinon, au sujet de Quynh et Mathieu, ils ne peuvent pas rester à leur hôtel mais, pour une fois, ma suggestion de l’hôtel Tolbiac fonctionne. Yé!

Déjeuner, métro, RER, aéroport CDG terminal 2F, vol vers Amsterdam…

Rendu là, j’apprends que des contacts communs à Quynh et moi ont reçu les appels de l’ambassade du Canada à Paris, et aussi que Quynh a reçu un virement en euros. Tout semble s’éclaircir sur ce front; j’espère qu’elle trouvera quelque plaisir à ces vacances forcées dans une ville, ma foi, remarquable.

Sinon, ben je n’ai pas écrit d’Amsterdam; j’étais trop occupé (et trop content!) à regarder les avions, incluant mon premier CSeries 🙂

J’ai pris ces quelques notes entre l’Écosse et l’Islande, je les rédige alors que nous venons de commencer notre descente vers les nuages et Montréal…

Toujours ému et heureux de mon voyage…

Mais le retour dans le « beat » va être rapide: gig de Lagamme demain pm, répétitions avec Mana la semaine prochaine, académie de musique de chambre la semaine suivante…

Finalement, peut-être me trouverai-je d’autres occasions de bloguer, qui sait?

En attendant, si je propose un café ou un dîner ou un souper entre blogueur et lecteurs, soit la dernière semaine de juin, soit la 2e de juillet, aurai-je du monde?

Mais bon… J’ai remercié abondamment mes compagnons et compagnes de Camino, mes « commanditaires », il me reste à vous remercier, lecteurs, lectrices, de m’avoir accompagné par la pensée.

Au plaisir

English digest: that’s it, folks, thanks for your attention and see ya!

Souper chez Le Centenaire (Paris, jeudi 22 juin 2017)

Alors, ben, après le magnifique dîner chez Saisons, nous sommes repartis vers le Louvre, pour passer par la boutique Apple, car j’avais suggéré à Quynh de se procurer tout de suite un nouveau cellulaire, afin de pouvoir à tout le moins reprendre contact avec son monde…

Mais, en route, elle s’inquiète; nous devrions donner priorité aux formalités de passeport. Ok, on prend le métro vers l’ambassade, où nous arrivons autour de 15h moins pas beaucoup.   Là, j’en ai perdu un bout: je m’endormais tellement que j’ai effectivement fait un morceau de sieste dans ces sièges archi inconfortables…

Quand je finis par me réveiller, une dame nous dit que vu notre arrivée tardive, il reste juste 20 minutes avant la fermeture de l’ambassade…  Zut! Je me demande combien de temps j’ai dormi!

Enfin, bon, nous nous en sortons. Je re-suggère ensuite à Quynh de se procurer tout de suite un nouveau cellulaire, afin, à tout le moins,  de reprendre contact avec son monde.

Passage à la FNAC, achat d’un machin, passage par l’Apple store du Louvre pour le configurer (et faire bloquer le précédent…)

Mais, Quynh ne se souvient pas du numéro de série du précédent… Au moins, elle apprend comment configurer le nouveau,mpendant que je sors marcher avec Mathieu… Première tentative de sortie difficile, alors que nous nous retrouvons dans un immense stationnement souterrain…

Puis petite marche autour de l’arc de triomphe du Carrousel, puis retour sous terre, puis sortie et petite marche (relativement petite) vers l’hôtel et le souper.

L’hôtel, oui, car ma cousine, qui marie sa belle-fille, a une maison qui déborde. J’aurais bien pu retourner, mais je crois qu’ils en ont plein les bras, chez elle, et après tout, il n’y a qu’à l’hôtel NH que j’ai fait deux nuits à la même place… Et il y a de la place à l’hôtel de Quynh.

Souper très agréable chez Le Centenaire, tout près de l’hôtel. Dernier souper en Europe de ce voyage. Petite réflexion sur la chance de Quynh… Ça peut sembler étrange, mais il me semble qu’elle est très chanceuse, puisqu’elle a reçu un genre de cadeau du Camino, sans pour autant avoir fait ledit Camino…

Son cadeau, redoutable: se trouver dans une situation où elle n’a pas le choix de lâcher prise… Honnêtement, ça ne passe pas facilement… Mais au fur et à mesure que la journée passe, ça semble de moins en moins difficile, ou de plus en plus facile… Bon, pas gagné d’avance, mais il y a de l’évolution.

Le serveur, Dominique, de la rue St-Dominique, est rigolo et charmant. L’air est enfin frais, après une journée de canicule.

Ce souper, comme les 35 jours précédents, se trouve être, finalement, une célébration de la vie.

Je la souhaite belle (la vie, oui) à tout le monde qui me lit.

Je crois que je vous proposerai un souper en ville, quelque part en juillet, si ça vous chante.

Au plaisir, disons probablement à demain, car je pense bien réécrire au moins au sujet de mes avions à venir.

English digest: life is incredible!

  • p.s. Dans mes remerciements, j’ai oublié Christina, Fernand, Michel…

Dîner chez Saisons (Paris, jeudi 22 juin 2017)

  • … Le matin est arrivé très vite, en vérité, après la dramatique fin de soirée hier…

Levé malgré tout assez tôt, mais difficulté à m’extraire du lit! Bon; je croise Rita dans la cuisine, avant de partir. J’admire la Seine qui coule en bas de la rue, en passant.

J’arrive au RER Ablon juste à temps pour voir le train me partir sous le nez, après avoir acheté un billet pour la journée. Gnarf. Mais mon Camino trouve encore le moyen de me faire un de ses cadeaux que bon, je ne sais plus comment qualifier: les avions en approche vers Orly descendent pratiquement au-dessus de ma tête.

Je continue en ville. Disons que, pour ce qui est du yoga du marcheur, je crois que je viens de changer de catégorie: j’ai mon sac à dos et le violoncelle à transporter en même temps.

J’arrive à l’hôtel de Quynh… Elle est partie prendre de l’avance sur la préparation des passeports de remplacement.

Bon; je dépose mon sac et repars avec le violoncelle, vers l’ambassade du Canada. Facile à trouver, disons: il y a une forêt de feuilles d’érable devant le bâtiment!

Il y a aussi des gardes, et la discussion commence mal, d’autant que je porte un violoncelle. Au moins, Quynh a indiqué que j’allais la rejoindre. Un des gardiens remplace son collègue, la situation s’améliore, j’entre et arrive à l’étage.

Quynh est à bout de nerfs. D’autant qu’elle ne raffole pas de l’idée d’avoir à attendre après quelqu’un… Mais ce n’est pas tout: la préparation des passeports en urgence, dans le cas le plus rapide, demande 48 heures ouvrables… Donc, Quynh et Mathieu ne pourront pas rentrer demain, comme prévu, mais vont devoir attendre à mardi, après avoir reçu leurs nouveaux passeports lundi.

L’ambiance est morose, Quynh pense à ses enfants, à ses obligations professionnelles, Mathieu s’ennuie de son frère et de sa maison… et il faut aller prendre des photos pour le nouveau passeport.

… Dire que Quynh m’a offert, avant mon départ, une ceinture porte-monnaie pour cacher mes sous sous mes pantalons… mais qu’elle n’en avait pas elle-même… Je lui en fais la remarque, mais je crois que ce n’était pas nécessaire, ahem…

Bon; après la photo, il faut rapporter le violoncelle. Mathieu a faim, moi aussi, vu que je n’ai pas vraiment déjeuné… Mais j’ai un tour dans mon sac: j’ai lu, hier, la description de la boutique de Frédéric, celui qui m’a passé le violoncelle; ce matin, j’ai revérifié les heures d’ouverture…

… Et tout tombe bien. Nous arrivons à la boutique Saisons, où Frédéric sourit en me voyant, disant qu’il était rassuré, finalement, que son violoncelle ne soit pas parti pour le Québec!

Il voit Quynh et Mathieu, je fais les présentations et explique le drame récent, en quelques mots… et demande à Frédéric quelque chose pour nous sustenter, et aussi nous remonter le moral.

Il planifie en un instant un repas simple, excellent, très carnivore (Anita n’aurait pas voulu manger!), viandes et fromages, et eau minérale, et petit rosé, et il fait participer Mathieu à la préparation des plats pour les touristes, et Mathieu sourit pour la première fois depuis hier et Quynh sourit aussi.

Alors, voici une autre de mes recommandations, et elle est très simple:

Si vous passez par Paris sans passer par Saisons (rue du Grenier St-Lazare, près de Beaubourg), vous allez devoir m’expliquer pourquoi vous ne vous y êtes pas arrêtés.

English digest: in Paris, go to Saisons and enjoy. Repeat as needed.

Hommage à Antoine Guernil (Paris, mercredi 21 juin 2017)

… J’ai été injuste, hier, et, en racontant la catastrophe qui nous rendait moroses, j’ai oublié de mentionner une personne qui a eu un comportement admirable: Antoine Guernil, le chauffeur de taxi qui emportait Quynh et Mathieu. Il s’est fait dévaliser lui aussi, et briser sa vitre de passager à l’arrière, mais est resté avec Quynh et Mathieu pendant toute la soirée, au commissariat de police et jusqu’au café où je jouais avec ma cousine… Taximètre arrêté depuis longtemps. Il s’est assuré que Quynh ait bien rejoint quelqu’un de confiance (moi, en l’occurence) avant de repartir, et il n’aurait même rien demandé pour la course.

… Par contraste, le chauffeur du taxi des deux Chinoises prises dans une attaque du même genre, le même jour au même endroit, n’a pas eu la même patience, loin de là…

English digest: Antoine Guernil is a good man.

Paris un soir (mercredi 21 juin 2017)

  1. … La journée avait pourtant bien commencé… Deux vols, trois aéroports, des tas d’avions (incluant « mon premier » A350, et un Concorde! Ma cousine, ses filles, sa mère! Que je n’avais pas revue depuis si longtemps! Les framboises du jardin, les fleurs, le petit dîner…

L’idée folle de chercher un violoncelle, la recherche couronnée de succès! L’expédition pour aller chercher le violoncelle, avec la machine qui refuse mon billet de 50 euros, mon portefeuille où il manque un euro pour compléter ma commande au tarif inférieur, mon humeur ronchonne lorsque je retourne m’adresser à l’agent au comptoir qui n’a pas de monnaie et qui vient m’aider à faire passer mon 10 euros, en me remerciant parce que « même quand vous vous impatientez, vous restez calme! »

L’expédition dans cette boutique de fromager, près de Beaubourg, où l’odeur sortant des comptoirs est proprement affolante! Et il y a deux violoncelles au sous-sol, et un gars archi sympa qui m’en prête un! Et repartir avec le violoncelle dans Paris, chouette, et arriver un peu en retard, ma cousine chante déjà, et elle termine « Les feuilles mortes », zut, j’aurais pu la jouer… Bon…

Deux ou trois pièces plus tard, je m’installe et commence à jouer sur « The man I love ». Dès le début, ça va bien, excellente entente avec Red , le guitariste, et Rémi, le bassiste, ainsi qu’avec ma cousine. Je finis par jouer beaucoup plus que ce que je pensais, nous avons beaucoup de plaisir et le public aussi.

Sauf que, pendant la pause, je reçois un courriel troublant, qui m’annonce que Quynh, qui est en voyage en Europe avec Mathieu, son fils cadet, s’est fait voler son sac à mains, en chemin vers le resto où nous jouons…

Bon, nous reprenons… Ça continue de bien aller, dans notre petit concert, mais… Juste quelques minutes après que nous ayons fini, Quynh arrive comme une bombe, énervée, Mathieu est secoué aussi, évidemment.

Des gens ont bel et bien attaqué leur taxi, brisé la vitre et sont partis avec sa sacoche, contenant argent, passeport, cartes de ceci et de cela…

Quynh me demande de l’accompagner demain matin à l’ambassade, pour que Mathieu et elle puissent se faire faire des passeports temporaires… Bon, ok…

Mais le charme magique entourant mon voyage est rompu, je crois…

Enfin, nous verrons demain. Avant cette crise, je me sentais encore abondamment gâté par le Camino…

English digest: it is late and I am exhausted.

Paris (mercredi 21 juin 2017)

Réveillé vers 4h40, argh, nuit encore noire, habillé dans l’obscurité et la chaleur, car je crois que dans ma chambre il n’a pas fait moins de 25 degrés pendant la nuit…

Marsha s’est réveillée dans la chambre en face, nous nous saluons avant mon départ; je l’encourage pour sa journée, qui va être exigeante. Puis je descends, le taxi m’attend.

Il y a six jours, ma marche m’a fait passer à côté de l’aéroport, un bon deux heures avant d’arriver en ville. Là, ça prend genre, quoi, 15 minutes, pour un trajet bien plus long. Décidément, les transports motorisés ont transformé notre monde.

Aéroport, aérogare pratiquement neuve, deux ou trois files d’attente, mon vol est le second de la journée (le 3e part en même temps). Petit vol rapide, en avance, je dors. Transfert à Madrid Barajas, aérogare 4, petit café et déjeuner, second vol, en avance aussi, je dors encore (!), arrivée à Paris d’avance… Je n’ai pas de bagage de cabine, depuis la mort de mon petit sac vert, alors ça fait drôle d’entrer dans l’avion avec rien du tout en mains… Je dois quand même attendre à la sortie, que tous ceux qui ont des tas de machins les aient ramassés, quoi, d’autant que j’ai un hublot dans les deux vols 🙂

Ma cousine m’a tout dit comment prendre le bus pour aller chez elle. J’hésite une seconde, l’envie de marcher un dernier coup… Puis me décide pour le bus. Faut dire qu’il fait presque 30 degrés, déjà…

Récompense inattendue, ou dernier (ça fait combien de fois que je le pense?) cadeau du Camino? Le trajet du bus passe juste à côté d’un tout petit parc où il y a trois avions de combats et… F-WTSA, autrement dit le premier Concorde de pré-série français, avec les anciennes couleurs d’Air France et les anneaux olympiques de Montréal d’un côté, et les anciennes couleurs de British Airways de l’autre… Ouah!

… Photo très moyenne, mais bon…

Puis j’arrive chez ma cousine, qui m’accueille à bras ouverts et à la course; elle est dans le jus pour cause de travail, d’une part, de concert ce soir, d’autre part, et de mariage de sa belle-fille ce samedi, de troisième part.

Étrange contraste, entre moi qui suis, à toutes fins pratiques, en vacances (sentiment rare et agréable, depuis mon départ) et elle… Mais son jardin est magnifique. Je revois aussi Rita, sa fille, qui a un peu changé depuis la dernière fois que je l’ai vue, il y a, quoi, six, sept ans? Elle est devenue une adolescente!

… Bon; maintenant, poussons-nous notre chance jusqu’à chercher un violoncelle pour ce soir?

English digest: English is everywhere in Spain and quite everywhere in Paris as well.