(4e article de cette série, mais en fait dans l’histoire il devrait être le deuxième…)
J’ai parlé de mes bottes et de mon linge, mais je pourrais glisser un mot sur le voyage lui-même…
Sur la fin de l’hiver, à un moment où je n’étais pas encore vraiment décidé, j’ai croisé à l’épicerie une amie de ma sœur, amie qui avait fait le chemin de Compostelle. Je lui ai demandé si elle aimerait m’en parler. Oui, rappelons-nous l’autre semaine, je suis dans le jus. Bon, c’est vaguement noté, on se reparle.
Le lendemain des funérailles de mon oncle, je lui ai envoyé un texto, mais elle n’a pas réagi tout de suite. La semaine suivante, finalement, nous nous sommes rejoints pour un café dans mon quartier. Elle m’a montré des livres, des photos de son voyage, raconté, expliqué, dit, commenté son chemin. Un morceau de choix: pas de préparation, juste un départ, et le jour du départ, brume et neige sur les Pyrénées (c’était en mai, comme pour moi). Elle croise un vieux paysan effrayant et un cheval mort. Plus tard, dans son voyage, une fois, des punaises de lit… Comment les éviter et comment s’en débarrasser? Huiles essentielles sous l’oreiller et exposition du contenu du sac au grand soleil. Merci pour le truc!
Surtout, beaucoup d’encouragements, et elle m’a aussi dit qu’avant de partir, elle avait parlé avec une personne qui l’avait fait… Comme moi je parlais avec elle, là.
… Restait à décider quand partir…
Entre la première rencontre de l’amie de ma sœur et le café matinal, j’ai envisagé plus sérieusement mon voyage, avant d’être vraiment commis. Je voyais une fenêtre disponible, entre la fin de mes cours de violoncelle, fin mai, et le début des gigs d’été, fin juin. Problème: je manquais le concert de mes élèves dans une des écoles où j’enseigne… La directrice, ma patronne, à qui j’en parle, m’encourage à faire le voyage, mes élèves se débrouilleront pour cette fois… Bon, merci beaucoup!
Alors, l’après-midi suivant le café avec l’amie, j’appelle à mon ancienne agence de voyage… Mon ancienne agente a pris sa retraite, et l’agence a déménagé et changé de nom! Heureusement que le numéro de téléphone est resté le même… À cette même agence, il y a l’agente de ma mère; bon, pourrais-je la voir? Elle va revenir au bureau cet après-midi. Bien.
J’arrive à l’agence… Premier constat: plus personne ou presque ne se rend à une agence de voyage en personne… Tout se fait par téléphone ou courriel, maintenant, si ce n’est pas directement par les sites des compagnies aériennes.
Voici l’agente, tiens. Elle est dans un drôle d’état; j’apprends qu’elle rentre tout juste au bureau, après quelques jours de congé suite à la mort de sa sœur… Sur son bureau, une pile de guides sur l’Espagne (le premier: une plaquette sur le chemin de Compostelle! )… Ma requête l’inspire; nous cherchons un moyen pour que je prenne l’avion le plus de fois possible, en fait. Voici un premier projet de réservations, j’ai quelques jours pour y songer.
Je croise aussi la fille de mon ancienne agente; j’avais oublié que je la connaissais, mais la reconnais tout de suite. J’avais aussi oublié qu’elle était belle à ce point… Salutations à sa mère…
Avant de rentrer, je passe chez Raffin, la librairie de ma grand-mère, et m’achète deux guides sur le chemin de Compostelle, guides qui suggèrent des itinéraires et des temps de marche.
La fin de semaine suivante, j’épluche le tout et jase avec ma mère. Ouais, faudrait que je marche pas mal vite pour faire tout ça dans le temps que je me suis accordé… J’en parle avec mon autre directrice, la patronne de l’autre école où j’enseigne… Elle me rappelle qu’elle m’avait dit de me considérer libéré du concert de fin d’année de ses élèves, deux semaines plus tôt… Merci aussi!
Nouvelle conversation avec mon agente, modification de mes dates, nouvelles maquettes d’itinéraires… Courriels avec des amis en France, mais aussi avec ma cousine qui vit à Paris, la fille de mon oncle décédé. J’apprends qu’elle va chanter à Paris, pas mal au moment où je rentrerais. Ah!
Bon; nouvelles conversations avec mes patronnes, nouveaux aménagements de mes horaires… j’achète mes billets à la troisième itération. En passant par l’agence de voyage, je vois un A310 d’Air Afrique qui semble abandonné sur le bureau voisin… Il est à mon agente, qui m’en fait cadeau! presque dans la même phrase où elle m’avait demandé si j’étais Asperger… Merci pour tout!
…D’ailleurs, je m’ennuie déjà de nos jasettes, intenses, profondes, légères, graves… de la joie qu’elle a mise à chercher avec moi, y compris pour un billet qui ne lui paiera aucun sou vaillant… Elle m’a dit que le client qui va à Winnipeg par le premier avion demain matin la fait vivre, mais qu’un client comme moi la nourrit et lui rappelle pourquoi elle aime tant ce métier. Je la crois.
Finalement, je me suis libéré une semaine de plus. Je me sens quand même un peu drôle de laisser mes élèves pour leurs concerts… Mais tous m’encouragent. Une s’est même acheté un guide; elle veut faire le chemin à son tour, l’an prochain!
En même temps, depuis ma décision, j’entends parler de gens qui meurent, pas loin, du cancer (en particulier) ou de toute autre cause… Dernière en date: l’épouse de mon ami bijoutier… Ça me fait repenser à mon moment de réalisation, au salon funéraire…
Pensées pour Marie-Laurence, pour Manon, pour Marie-Hélène et Suzanne, pour ma mère et ma grand-mère, pour Suzie et Eugénie, pour Manon, Valérie, Ariane, Anthony, Charles-William et Éliane (et aussi Geneviève, Francine et Diane), pour ma mère et ma grand-mère, mais particulièrement, ce soir, pour Régine et pour Patrick, Chloé, Elphin et Corentin.
English digest: I purchased my flight tickets.